Leris : «A présent, je me sens prêt à répondre à l’appel de Belmadi»
«J’ai entamé la procédure nécessaire pour avoir mon passeport algérien»
«Il faut respecter cette équipe d’Algérie. Ce n’est pas donné de jouer dans cette sélection»
«Maintenant que j’enchaine les matchs en Serie A, je me sens apte à donner un plus pour l’EN»
«Je suis originaire de Mostaganem et j’espère bientôt visiter l’Algérie»
Mehdi Lerris, milieu de terrain franco-algérien, annonce son choix en exclusivité au Buteur, de représenter l’Algérie sur le plan international. Le sociétaire de la Sampdoria, qui est passé par la Juventus de Turin, Chievo Vérone et Brescia, s’impose comme un élément important de son équipe cette année. Titulaire à part entière depuis l’entame de la saison, Mehdi livre ses impressions sur son début de saison et ses intentions de renforcer bientôt la sélection nationale. Un rêve que Lerris caresse depuis très jeune. Entretien !
Tout d’abord Mehdi, rappelez-nous un peu votre itinéraire de footballeur ?
J’ai commencé au Stade Montois, une ville qui n’est pas très loin de Bordeaux. Je suis resté au sein de cette équipe jusqu’à l’âge de 15 ans avant d’être admis dans l’équipe de l’Aquitaine avec qui je suis parti à Clairefontaine, où j’avais disputé la Coupe de France. Il se trouve que j’ai été assez bon et j’ai tapé dans l’œil d’un agent et directeur sportif italien qui m’a proposé un stage d’une semaine au Chievo Vérone. Ça s’est très bien passé, mais malheureusement pour les deux premières je n’ai pas pu jouer à cause d’un règlement qui interdisait aux jeunes joueurs étrangers de jouer avant de dépasser l’âge de 16 ans.
Une étape importante dans votre formation en Italie, n’est-ce pas ?
Oui, c’était un peu dur pour moi car je m’entrainais sérieusement et durement mais je ne pouvais pas jouer les matchs. Du coup, c’était compliqué comme situation. Après, j’ai commencé à jouer à l’âge de 17 ans et c’est ainsi que j’ai été repéré par la Juventus où j’avais joué à la «Primavera» chez les jeunes avec de bonnes prestations qui m’ont permis d’aller en prêt au Chievo Vérone où j’avais joué pendant deux ans avec l’équipe première. En fin de saison, on m’avait proposé un contrat de 5 ans à la Sampdoria où je suis très à l’aise.
Vous êtes arrivé très jeune à la Sampdoria, parlez-nous de vos débuts ?
Les deux premières saisons étaient celles de l’apprentissage où j’avais fait beaucoup d’apparitions mais peu de matchs comme titulaire. Je suis alors parti en prêt à Brescia pour chercher du temps de jeu. Ça s’est très bien passé. On a accompli une bonne saison mais on a raté l’accession de peu après la défaite en demi-finale des play-offs perdue contre Monza. Pour cette année, je suis revenu à la Sampdoria, avec la ferme intention de passer un palier et Dieu merci, dès les premiers matchs d’intersaisons, j’ai eu chance de jouer car le coach me faisait confiance.
Votre passage à la Juventus était aussi une étape importante avec une Coupe d’Italie remportée, c’est bien cela ?
Exactement ! J’ai remporté une Coupe d’Italie avec la Juventus mais malheureusement je n’ai pas eu la chance de rentrer en jeu. Je suis resté sur le banc mais c’est quand même un titre pour moi étant donné que j’ai eu ma médaille (rires).
Parlons de cette saison. Vous réalisez un très bon début de saison en Serie A sur le plan individuel…
Au niveau des résultats collectifs, on peut dire que c’est compliqué, après un départ aussi difficile. Concernant mes prestations personnelles, je suis content de mon début. J’ai joué beaucoup de matchs comme titulaire. Je viens de délivrer ma première passe décisive, et ça aurait pu être deux si on ne m’avait pas refusé une autre. Sinon, je suis content de mon temps de jeu qui va me permettre encore de progresser et être utile à mon club. J’espère que je vais avoir plus de chances de marquer et donner d’autres passes, Inch’Allah.
Lors de notre dernière discussion, vous estimiez que tant que vous n’avez pas de temps de jeu, vous n’étiez pas en droit de réclamer une place en sélection, maintenant, vous pouvez annoncer votre choix ?
Ecoutez, je vais être très sincère. Lors des dernières discussions qu’on a eues, j’estimais que je n’avais pas assez de temps de jeu pour réclamer une place en équipe nationale d’Algérie. Il faut respecter cette équipe algérienne, ce n’est pas facile de jouer en équipe d’Algérie. Je pense que pour postuler à une place dans ce groupe pétri de qualités, il faut au moins être prêt et enchainer un maximum de matchs avec son club.
Que représente pour vous le fait de jouer pour son pays d’origine ?
C’est d’abord, une grande responsabilité. A l’époque quand j’étais jeune, je ne me voyais pas rivaliser avec cette équipe championne d’Afrique qui écrasait tout sur son chemin. Maintenant que j’enchaine les matchs en Serie A, je me sens en mesure d’apporter plus de concurrence et je sais que je peux donner quelque chose pour l’Equipe nationale.
Un choix que vous avez eu en tête depuis quand ?
Depuis tout jeune, il ne faut pas se mentir, je suis né en France, donc je suis aussi Français, mais comme je possède cette opportunité de jouer pour l’une des deux sélections, je fonce la tête baissée pour mon pays d’origine. Je ne vous cache pas que le faitde penser à représenter l’Algérie est aussi une fierté car j’ai ma mère qui est Algérienne et qui sera toujours fière de voir son fils jouer pour son pays.
Vous suivez bien cette équipe algérienne, parlez-nous des joueurs que vous connaissez ?
Je suis très ami avec Fares, que j’ai côtoyé lorsque je jouais à Vérone. J’étais au Chievo et lui était à Hellas mais on se voyait souvent, je le connais très bien. On parlait souvent de l’équipe d’Algérie, et j’ai eu la chance aussi de jouer contre pas mal de joueurs algériens ici en Italie et ils m’ont tous bien parlé de l’Equipe nationale.
Vous avez croisé des joueurs algériens en Serie A, avez-vous évoqué avec eux votre probable arrivée en équipe d’Algérie ?
Oui, en plus de Fares, j’ai joué notamment contre Ghoulam et récemment j’ai croisé aussi Bennacer sur le terrain, avec qui j’avais échangé le maillot en fin de match. Ce sont des personnalités très aimables avec une grande humilité.
Parlons un peu de cette élimination de la Coupe du monde…
C’est vraiment triste ! L’Algérie est une grande nation du continent et sa présence aurait certainement relevé le niveau de l’Afrique dans ce Mondial 2022 au Qatar. Mais bon, c’est le Mektoub, il faut travailler sur les autres Coupe du monde qui arrivent, Inch’Allah. Il faut aussi penser aux deux prochaines CAN où il y aura de bons challenges à relever, Inch’Allah.
Certains hésitent à choisir l’Algérie et estiment que ça peut leur jouer un mauvais tour dans leur carrière, qu’en pensez-vous ?
Alors pas du tout ! Les exemples dans cette équipe d’Algérie et même ailleurs dans des sélections en Afrique sont nombreux. Chacun est libre de faire son choix, mais jouer pour l’Equipe nationale est quelque chose de grandiose. En plus de l’aspect sportif, jouer pour l’Equipe nationale, c’est véhiculer l’amour du maillot, les valeurs et les principes qui sont, à mon avis, des choses très importantes dans la vie.
Oui, comme Mahrez et Bennacer par exemple avec Manchester City et le Milan AC ?
Voilà, c’est exactement cela. Après, comme je viens de le dire, c’est la fierté, d’appartenir à une équipe nationale de son pays. A mon avis, ça n’affecte en aucun cas le plan d’une carrière d’un joueur au contraire.
Avez-vous déjà visité l’Algérie ?
Oui, je suis allé avec ma famille. Malheureusement, je suis parti très jeune en Italie, donc je n’avais pas trop la chance d’y retourner. J’ai une grande famille à Mostaganem, des tantes, des oncles, des cousins et plusieurs personnes là-bas. J’espère pouvoir leur rendre visite bientôt Inch’Allah.
Avez-vous commencé la procédure de demande de passeport algérien ?
Oui, j’ai déjà commencé, j’essaye de faire les choses rapidement, Inch’Allah, pour être prêt à une éventuelle convocation du sélectionneur national, Djamel Belmadi.
La Fédération algérienne de football vous a-t-elle contacté ?
Pour le moment, non. J’ai entendu parler comme tout le monde que le coach Belmadi suivait tous les Algériens capables et désireux de renforcer l’Equipe nationale mais depuis qu’on m’avait sollicité pour rejoindre une sélection jeune, il y a de cela trois ans, on ne m’a jamais rappelé. Je précise que je ne pouvais pas répondre favorablement à cet appel de la sélection jeune, car on m’avait convoqué hors date FIFA et à cette époque, j’évoluais en équipe première de Chievo Vérone en Serie A, donc c’était impossible qu’on me libère pour ce stage.
Cela vous fait quoi de voir les Algériens vous suivre sur les réseaux sociaux, notamment depuis votre bon match contre le Milan AC ?
A vrai dire, l’engouement n’a jamais cessé. Je recevais de messages et j’en reçois encore, depuis que j’avais signé à la Juventus. Ça me fait vraiment plaisir. C’est beau d’avoir des compatriotes comme les nôtres qui suivent avec beaucoup d’attention les performances des joueurs algériens.
Pour terminer, êtes-vous prêt à répondre dès demain à l’appel de Belmadi ?
Pour ma part, j’ai déjà entamé la procédure. Comme je ne suis pas concerné par le changement de nationalité sportive étant donné que je n’ai fait que quelques présélections, je tâcherai de faire mes papiers rapidement pour obtenir mon passeport, après, cela dépendra des choix du coach. S’il décide de me faire appel, je viendrai avec plaisir, sinon à moi de travailler plus pour le convaincre. A moi de jouer un maximum de matchs et enchainer les performances en Serie A, et attendre l’appel du coach Belmadi. S’il me convoque, je serai fier et honoré bien entendu.
Entretien réalisé par Moumen Ait Kaci Ali
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