C’est avec un très grand plaisir que nous avons rencontré l’un des meilleurs joueurs étrangers passés par la JSK. Sérieux, gentil avec d’énormes qualités, lui c’est l’ancien défenseur des Jaune et Vert, Idrissa Coulibaly. Le Malien, qui avait rejoint la JSK en janvier 2008, a porté le maillot du club durant trois ans, remportant au passage un championnat. S’étant marié à une Algérienne, Coulibaly se sent aujourd’hui algérien du moment qu’il vient souvent à Birkhadem rendre visite à ses beaux-parents. Profitant de sa présence, nous l’avons sollicité pour nous accorder cette interview dans laquelle l’ancien international de 32 ans est revenu sur plusieurs sujets que nous allons découvrir ensemble. Entretien !
On vous souhaite la bienvenue en Algérie, que devient Idrissa Coulibaly que nous n’avons plus revu depuis son départ de la JSK en janvier 2010 ?
Dieu merci, je me porte bien, l’Algérie est mon deuxième pays, ma femme est Algérienne et mes trois enfants aussi Algériens. Depuis mon départ de la JSK, j’ai joué pour plusieurs autres clubs. Autrement dit, je suis toujours en activité. Je n’ai pas encore mis fin à ma carrière. Lors de la saison 2018-2019, j’ai signé en Arabie Saoudite, à Al-Nahda plus exactement. Aujourd’hui, je suis sans club mais je vais bientôt me relancer, j’ai quelques touches, je vais prendre le temps qu’il faut pour me décider.
L’Algérie et la Kabylie vous manquent-elles, Idrissa ?
Oui, énormément, je me sens Algérien, croyez-moi. Ça fait longtemps que je ne suis pas venu. Certes, je suis en contact permanent avec les supporters de la JSK. Ils m’invitent souvent à venir mais dommage, je n’ai pas le temps. Cette fois, sans faute, j’en profiterai pour faire un tour en Kabylie qui me manque beaucoup. J’irai aussi rendre visite au club et aux nouveaux dirigeants. Franchement, les habitants de la ville ont toujours insisté à ce que je vienne. Je suis en contact avec plusieurs d’entre eux. J’ai gardé de très bons souvenirs depuis mon passage. C’est une fierté pour moi. Je voudrais ajouter quelque chose…
Allez-y…
Parfois, les supporters de la JSK m’appellent en direct des tribunes du stade, quelques minutes avant le début de la partie pour prendre de mes nouvelles. C’est vraiment touchant.
Parlez-nous de votre passage à la JSK, une équipe avec laquelle vous avez connu de très bons moments ?
Ce qui me manque vraiment, c’est le quotidien, le trajet de la maison au stade, les amis, les supporters. C’était vraiment une très belle époque. J’ai vécu trois ans inoubliables dans cette charmante ville de Tizi Ouzou. Je n’avais jamais eu de problèmes avec qui que ce soit.
Quelques mois seulement après votre départ, la JSK a remporté la Coupe d’Algérie en mai 2011, ne regrettez-vous pas votre départ à cette année-là ?
C’est rageant, j’ai toujours rêvé de rempoter la Coupe d’Algérie avec la JSK. Donc, je l’ai ratée d’un cheveu. Mais durant ma première année, j’ai quand même réussi à remporter le titre de championnat sous la houlette de Moussa Saïb. Ce qui est bizarre, c’est qu’en trois ans à la JSK, je n’ai pas eu la chance de jouer au stade du 5-Juillet. Durant toute cette période, il était fermé pour travaux. Et lorsqu’il a rouvert ses portes, j’étais parti. Quel dommage. J’ai aussi regretté autre chose.
Laquelle ?
Je n’oublierai jamais le match de demi-finale de la Coupe d’Algérie entre le CA Batna et la JSK. On avait joué 120 minutes, avant d’arriver aux tirs au but. Je me souviens, notre gardien Samir Hadjaoui avait réussi à arrêter un penalty mais l’arbitre avait demandé au tireur de le retirer. C’était je pense une occasion pour moi de jouer la finale mais ce n’était pas dans le mektoub. J’ai toujours rêvé de remporter la Coupe d’Algérie.
Parlez-nous de vos six premiers mois à la JSK puisque vous avez été chanceux de remporter le titre de championnat ?
Je tiens, tout d’abord, à saluer Moussa Saïb qui m’a beaucoup aidé. J’entretenais une relation spéciale avec tous les joueurs. Je présente aussi mes sincères condoléances à la famille Hemani, c’était un joueur exceptionnel avec beaucoup de talent. Il a toujours été gentil. Lorsque je suis arrivé, j’avais eu la chance de participer à la préparation hivernale qui s’est déroulée à Alger. Donc, je me suis donné à fond et j’ai même pris part à plusieurs matchs amicaux. Ce qui m’a permis de vite m’adapter.
Vous souvenez-vous de votre premier match amical sous le maillot de la JSK ?
Oui, je me rappelle très bien, j’avais même commis une faute qui a provoqué un penalty pour l’équipe adverse.
Tout à l’heure, vous avez parlé de la participation de la JSK à la Ligue des champions 2010. Selon vous, l’équipe était bien partie pour aller loin. Que s’est-il passé contre le TPM au Congo ?
Je l’ai toujours dit, nous avons raté la victoire au Congo. Même si nous étions menés au score, nous avons quand même réussi à égaliser sur un but de Nabil Yalaoui. On était bien en place mais tout a basculé en fin de match. Nous avons manqué de concentration en seconde période et nous avons payé cash nos erreurs. Nous avons encaissé des buts bêtes et sur une erreur d’Asselah, on croyait que le ballon n’avait pas franchi la ligne. Deux buts qui nous ont totalement découragés pour continuer à nous donner à fond. Malgré la défaite, nous étions très confiants pour le match retour. Au final, nous n’avons pas réussi à aller en finale.
Quel est l’entraîneur qui vous a le plus marqué ?
Tout a commencé avec Moussa Saïb. Grâce à sa confiance, j’ai pu m’imposer et gagner le cœur des supporters. C’est quelqu’un qui m’a mis en confiance. Par la suite, j’ai travaillé avec Geiger, Ifticen et Karouf.
Est-il vrai que vous avez rencontré votre future femme en Algérie ?
(Rires) Oui, c’est tout à fait ça. Je me suis marié à une Algérienne en 2015. J’ai remporté un titre avec la JSK et le cœur de ma femme. Aujourd’hui, j’ai trois enfants, deux filles et un garçon. Ma première fille s’appelle Rahma Haoua, elle a quatre ans, le deuxième c’est un garçon qui s’appelle Moussa Coulibaly, il a 17 mois. Dernièrement, une petite dernière vient de s’ajouter à la famille, elle a 20 jours et s’appelle Maria.
Après la JSK, vous avez connu d’autres clubs, donc d’autres défis. Racontez-nous un peu ?
En quittant la JSK, j’avais signé en Libye mais je ne pouvais pas rester trop longtemps à cause de la situation politique du pays. Par la suite, je suis rentré chez moi jusqu’à ce que la FIFA via une nouvelle loi permette aux joueurs ayant joué en Libye de devenir libres de tout engagement. Par la suite, j’avais reçu plusieurs offres de Tunisie avant d’opter pour l’Espérance. Un club qui avait l’habitude de jouer la Ligue des champions. Remporter ce trophée a toujours été un rêve. Une année plus tard, nous avons remporté la LDC et participé à la Coupe du monde des clubs. Je ne pouvais espérer mieux.
Justement, avez-vous joué avec Oussama Darragi ?
Oui, nous avons joué ensemble, il portait le numéro dix et c’était le chouchou des supporters. Il a marqué son nom en lettres d’or dans l’histoire du football tunisien. C’est un très bon joueur avec beaucoup de qualités. Vu son expérience, il pourra apporter un grand plus à l’équipe kabyle.
Suivez-vous l’actualité du championnat en général et de la JSK en particulier ?
Si, je ne rate absolument rien du tout. Je suis au courant de tout ce qui se passe. Je lis les journaux, je suis en contact permanent avec la JSK.
Que pensez-vous de la participation de la JSK à la Ligue des champions ?
Le parcours n’est pas négatif d’autant plus que l’équipe a été plus ou moins remaniée. Ce n’était pas facile de tenir tête aux ténors du football africain. Les actuels joueurs n’ont pas assez d’expérience. Il suffit juste qu’ils continuent de travailler. Ils peuvent se donner à fond en championnat vu qu’ils sont bien positionnés tout en préparant dès maintenant à réaliser un meilleur parcours la saison prochaine.
Comment qualifiez-vous votre relation avec l’ancien président, Mohand Chérif Hannachi ?
Je n’avais jamais eu de problèmes avec lui. Je le salue d’ailleurs et je salue ses frères ainsi que toute sa famille. Franchement, ils ont tous été présents pour moi. Hannachi est quelqu’un qui aime beaucoup la JSK. Et quand quelqu’un décide de partir et que lui s’y oppose, ça provoque une petite tension. C’est ce qui s’est arrivé avec moi. Il ne voulait pas que je parte mais nous avons quand même réussi à trouver un arrangement.
Puisque vous suivez le championnat, connaissez-vous quelques jours actuels de la JSK ?
Je connais le défenseur central Nabil Saâdou, un très bon joueur et un vrai capitaine. Il y a deux ans, je l’ai croisé dans un hôtel en Tunisie. Nous avons discuté un peu. C’est un fervent supporteur de la JSK.
L’autre joueur que vous connaissez aussi, c’est Belkalem qui, depuis quelques jours, s’entraine avec l’équipe pour garder sa forme. Que pensez-vous de lui ?
Je suis en contact avec lui, il a réalisé une belle carrière. Je sais qu’il s’entraine régulièrement avec la JSK depuis quelque temps. C’est une bonne chose pour lui avant de trouver un club. J’aimerais bien le voir encore une fois sous le maillot de la JSK. Cette année, l’équipe a connu quelques problèmes notamment sur le plan défensif. Un joueur comme Belkalem peut bien servir la JSK.
Avez-vous pensé à faire un tour à Tizi Ouzou et assister à une rencontre de la JSK, avant de rentrer chez vous ?
Croyez-moi, c’est dans le programme. C’est avec un grand plaisir. Je me rendrai à Tizi Ouzou pour voir les supporters, les joueurs et les membres de la direction. Ça me manque vraiment.
Nous avons, tout à l’heure, parlé de votre passage en Tunisie, comment expliquez-vous la tendance des joueurs algériens qui, depuis quelque temps, optent l’un après l’autre pour ce championnat ?
Quand on fait la comparaison entre les grands clubs des deux pays, on constate qu’il y a une très grande différence sur tous les nouveaux. Si on parle de l’Espérance, c’est un club digne d’Europe. Ils ont les infrastructures nécessaires pour pouvoir jouer au football. Ils ont leur propre stade d’entrainement et tout ce qui s’en suit. C’est un club très bien organisé, tout joueur en Afrique rêve de porter le maillot de l’Espérance, c’est une vérité.
Quel est votre plus beau souvenir à la JSK ?
Mon plus beau souvenir, le titre remporté en 2008. J’avais signé en janvier, quelques mois plus tard, j’ai gagné mon premier titre. J’ai aussi gagné le titre du meilleur joueur étranger décerné par El Heddaf.
Et le plus mauvais ?
Je n’ai toujours pas oublié le match contre le TP Mazembe. Nous avons perdu mais je me suis blessé. Je n’étais pas prêt à laisser mes coéquipiers du moment qu’on était tous déterminés à gagner. C’est le football, il faut accepter notre sort.
Il y avait aussi votre dernier match où vous avez versé des larmes, comment vous avez vécu ces instants ?
C’était une double déception, l’élimination en Ligue des champions suivie d’une défaite. Je ne pouvais pas me retenir sachant que c’était mon dernier match.
Vous avez toujours suivi la JSK, comment vous avez appris la mort d’Albert Ebossé ?
C’était un véritable choc pour moi. Quand j’ai appris la nouvelle, je n’y avais pas cru. Mais lorsque l’information a été confirmée, j’étais bouleversé. La JSK ne mérite pas ce genre de situation, c’est un très grand club en Algérie et en Afrique. C’était triste pour le football algérien en général. Je pense que les supporters doivent prendre conscience pour éviter ce genre de comportement et ne pas pénaliser leur équipe.
Quel est votre sentiment par rapport au nombre limité de licences attribuées aux joueurs étrangers en Algérie ainsi que la limite d’âge instaurée ?
Franchement, ce genre de loi est très sévère. Le championnat algérien est une vitrine pour le joueur étranger. Il faut que le championnat devienne comme avant. Pour participer aux compétitions africaines, les clubs algériens doivent avoir dans leur équipe au moins trois joueurs étrangers, comme c’est le cas des autres championnats.
S’il n’y avait pas eu cette loi, vous auriez accepté de revenir à la JSK ?
Oui, je n’aurais jamais dit non. C’est dans ce club que j’ai commencé à jouer dans le haut niveau et si c’était possible, j’aurais aussi fait tout mon possible pour finir ma carrière dans cette grande équipe. Ça aurait été la crise sur le gâteau.
Parlons de l’Equipe nationale algérienne, comment évaluez-vous son rendement durant la CAN ?
L’Equipe nationale algérienne, pour son premier match dans cette compétition, je savais qu’elle allait partir loin. En plus, avec l’arrivée de Belmadi, l’équipe a été métamorphosée, il a su trouver la meilleure formule pour que les Verts soient un véritable concurrent. Il a réussi son pari, je le félicite.
Connaissez-vous Belmadi apparemment…
Oui, je l’ai côtoyé au Qatar, il était mon entraîneur à Lekhwiya. C’est grâce à lui d’ailleurs que j’ai pu signer dans cette équipe. C’est un coach rigoureux. Il me rappelle Moussa Saïb. Ils ont la même mentalité. En l’engageant, c’est le meilleur choix que la Fédération algérienne ait fait. Plusieurs sélectionneurs sont passés par cette équipe algérienne mais personne n’a réussi ce que Belmadi a fait. Donc chapeau pour lui.
Quels sont les joueurs qui vous ont le plus séduit ?
Je dirais Youcef Atal, c’est un très grand joueur. Il y a aussi le défenseur central, Djamel Benlamri. Je dois aussi parler du milieu de terrain Bennacer qui lui aussi a été très bon. Pour preuve, il a rejoint directement l’AC Milan, après la Coupe d’Afrique des nations.
Un mot aux supporters ?
Je tiens à leur dire que je vais bientôt me rendre à Tizi Ouzou. Il faut aussi qu’ils soient derrière leur équipe. Ces derniers temps, j’ai remarqué qu’il y a un peu de tension. Ils doivent soutenir le président Mellal qui réalise un bon travail. C’est quelqu’un qui a réussi à redresser la situation. Il est vrai qu’on peut le critiquer mais les critiques doivent être constructives et non destructives. La JSK doit continuer à se donner à fond pour terminer la saison sur le podium et participer à la Coupe d’Afrique la saison prochaine.
Publié dans :
JSK
Coulibaly