Interview

Belaïli : «Oui, le MCA m’a proposé 600 millions par mois»

«L’offre de 1 million d’euros de l’USMA ? J’avais reçu des offres supérieures à celle-là»

Auteur : Hamza Berkaoui mardi 06 mars 2018 14:04

Après un long mutisme, Youcef Belaïli a choisi Le Buteur pour ouvrir son cœur et revenir notamment sur tout ce qui s’est passé lors du dernier mercato hivernal et cette histoire de son transfert vers le Mouloudia d’Alger. C’est à Tunis que l’ancien joueur de l’USMA nous a reçu et répondu à nos nombreuses questions avec la franchise qu’on lui connait. Une interview avec pas mal de révélations de celui qui veut faire table rase de son passé et retrouver la sélection nationale sous la houlette d’un Rabah Madjer, qui semble plutôt favorable à son retour.

Comment se déroulent vos débuts avec l’Espérance de Tunis ?

A vrai dire, je me suis rapidement intégré à l’équipe. J’ai joué sans pression. Les joueurs m’ont aidé ainsi que le président du club, qui m’estime beaucoup et connait parfaitement mes qualités.

Vous vous êtes déjà illustré en marquant un but face à l’Etoile du Sahel…

C’était mon premier match en tant que titulaire. El Hamdoulilah, j’ai réussi à marquer. Ce n’est qu’un début…

Après deux ans et demi, vous avez retrouvé une place de titulaire. Ça vous a fait quoi au juste ?

Je ne vous cache pas que j’attendais avec impatience ce moment. C’était un gros match en plus. J’étais bien et la victoire au bout m’a beaucoup aidé.

Ce fut plus compliqué face au Club Africain…

Oui, c’est vrai. Après, dans le football, des fois, tu gagnes et des fois, tu perds. J’espère pouvoir aider l’équipe à remporter le championnat en fin de saison.

Mais la Ligue des champions africaine demeure le principal objectif du club, n’est-ce pas ?

Oui, c’est vrai. Le club m’a ramené cet hiver pour cet objectif justement. Inch’Allah on ira loin dans cette prestigieuse compétition.

Beaucoup disaient qu’après deux ans sans compétition officielle, vous n’alliez pas retrouver votre niveau, mais vous avez prouvé le contraire…

El Hamdoulilah. C’est surtout grâce au travail. Je m’entraînais toujours durant ces deux ans où j’étais suspendu. Je jouais des matchs aussi. La technique est toujours là. Aussi, à Angers, j’ai beaucoup travaillé sur le plan physique, matin et soir. Cela m’a permis de retrouver mes capacités physiques.

En parlant d’Angers, votre transfert dans ce club fut une surprise l’été dernier. Racontez-nous comment s’est effectué le contact ?

A vrai dire, j’ai eu trois contacts de France. Le président d’Angers, Saïd Chabane, me voulait depuis que j’étais à l’USMA, déjà. Il voulait dans un premier temps m’avoir en prêt, mais j’avais refusé à l’époque. Après, il est revenu à la charge et j’ai accepté de relever le challenge. Néanmoins, j’ai attendu qu’on me donne l’occasion de jouer, mais ça ne s’est pas fait. Il s’est passé ensuite des choses que je n’ai pas aimées et j’ai, du coup, décidé de partir lors du mercato hivernal.

On croit savoir que Montpellier vous voulait aussi…

Oui, c’est vrai. Je suis allé là-bas aussi, mais à ce moment-là, j’étais blessé. C’est ce qui a fait que je n’ai pas signé pour ce club. Par la suite, je suis parti à Angers où j’ai signé mon contrat.

Après deux ans de suspension, ce n’était pas difficile pour vous de vous adapter à un club de Ligue 1 comme Angers, notamment sur le plan physique ?

Non, ce n’était pas si difficile que cela. Au bout de deux mois de travail, j’avais retrouvé ma forme physique. Au club, on était surpris. Les joueurs d’Angers disaient que j’étais très fort…

Après cette longue suspension, n’aviez-vous pas peur de perdre de vos qualités ?

Au contraire, je sens que j’ai progressé. D’ailleurs, même en France, ils étaient surpris de mes qualités techniques.

Et pourquoi vous n’avez pas joué avec l’équipe pro d’Angers, alors ?

Il faut que vous sachiez qu’au départ, quand je suis arrivé, j’étais blessé. Ils pensaient que j’allais prendre six mois pour retrouver mon niveau, alors qu’au final, deux mois seulement m’ont suffi. J’ai commencé à jouer avec la réserve du club et à marquer des buts. Je voulais du coup jouer avec l’équipe pro, mais on m’a demandé  de patienter. Moi, je n’ai pas accepté. J’étais resté plus de deux ans sans jouer dans le haut niveau, je ne pouvais pas attendre plus que ça. C’était donc soit je joue, soit je pars.

Vous avez parlé avec l’entraîneur ?

Oui. Il m’a dit : «Tu es un joueur de ballon, sauf que dans notre équipe, on a un style différent. Notre équipe mise sur le physique et joue plus défensivement…».

Peut-être qu’il ne voulait pas de vous depuis le début, non ?

C’est certainement ça. Il faut savoir que c’est le président qui m’a recruté, pas lui. Le coach avait ramené ses propres joueurs qu’il faisait jouer continuellement. J’étais la victime en quelque sorte.

Par la suite, vous avez été fortement sollicité par des clubs algériens. Vous étiez très proche de revenir au pays, c’est vrai ?

Au départ, le président d’Angers m’avait proposé d’aller en prêt en Ligue 2 française ou bien au Portugal, mais j’ai refusé. Il m’a dit alors : «Tu pars en prêt dans un club algérien». Mais là aussi, j’ai refusé, car je voulais partir définitivement. Je ne voulais plus revenir à Angers. On m’a dégoûté du football dans ce club. On m’a fait perdre mon temps. L’équipe enchainait les défaites, mais c’est toujours les mêmes joueurs qui jouaient. Là, j’ai compris comment fonctionnaient les choses dans ce club.

Le président Chabane a par la suite compliqué votre départ…

Au départ, il m’avait demandé de rendre l’argent qu’il m’avait donné, ce que j’ai fait. Il s’est ensuite complètement retourné contre moi. J’avais reçu pas mal d’offres, mais il refusait de me céder, me disant que c’était lui qui allait décider où je devais jouer…

Au final, il vous a cédé à l’Espérance de Tunis…

Au début, il voulait me garder à tout prix, mais j’étais déterminé à partir. Il voulait attendre le mercato estival, sans doute pour me vendre au prix fort. D’ailleurs, quand il a cédé mon contrat à l’Espérance, il a exigé d’avoir un bonus en cas de revente par la suite.

Le Mouloudia d’Alger vous voulait aussi. Comment ont débuté les négociations ?

C’est Kaci-Saïd qui m’avait appelé et expliqué qu’il me voulait au MCA. Il m’avait rassuré en me disant qu’il avait trouvé un accord avec le président d’Angers. Je lui ai dit qu’il avait ma parole. S’il arrivait à racheter mon contrat, je signais au MCA.

On croit savoir aussi que le MCA vous a offert un salaire mensuel de 600 millions de centimes…

Oui. Le MCA m’a estimé à ma juste valeur, je dois le reconnaitre. Kaci-Saïd connait bien le football et a voulu m’aider. Il voulait absolument me ramener. Il m’avait dit : «J’ai envie de te voir porter le maillot du MCA même si c’est pour un jour uniquement». Je lui ai donné mon OK, mais après, les deux clubs n’ont pas trouvé d’accord.

Parlons de cette photo où l’on vous voit avec le maillot du MCA. Ça a fait énormément de bruit…

A la base, c’était un maillot qui m’a été remis par Kaci-Saïd afin que je le donne à Chabane. Après, il faut savoir que j’avais invité chez moi Kaci-Saïd et c’est lui qui m’a dit : «Viens, on prend une photo souvenir avec le maillot du club». J’ai accepté, c’est tout. Mais à aucun moment, je n’avais signé de contrat avec le MCA.

Les supporters de l’USMA n’ont pas vraiment apprécié, ils se sont sentis trahis…

Ce n’était pas mon but. A la base, cette photo ne devait pas sortir sur les réseaux sociaux. Kaci-Saïd m’avait dit que ça allait être uniquement une photo souvenir. Quand je l’ai vu sur les réseaux sociaux, j’ai été très surpris. Permettez-moi d’ajouter quelque chose…

Oui, allez-y…

Les supporters de l’USMA, je les aime beaucoup. C’est des supporters qui aiment beaucoup leur équipe. Cependant, les dirigeants du club n’ont pas été à mes côtés. Je voulais signer à l’USMA, mais ce n’est pas de ma faute si ça ne s’est pas fait.

L’USMA vous a fait une offre colossale d’un million d’euros. Quelle a été votre réaction ?

Franchement, ça m’a fait plaisir. Ça prouve que le président Haddad connait bien ma valeur. Quand j’ai vu le président Chabane dans son bureau, il m’avait parlé de cette offre, mais après, moi, j’ai été clair. Je ne voulais pas être prêté, mais vendu.

Beaucoup vous voyaient de retour à l’USMA quand on connait l’amitié des deux présidents, Chabane et Haddad…

Rebouh était venu à Angers quelques semaines avant et avait dit à Chabane de me libérer au profit de l’USMA, l’été prochain. Chabane avait répondu que j’étais trop cher pour l’USMA. Moi, quand j’ai discuté ensuite avec Haddad, je lui ai bien montré que je n’étais pas bien à Angers. Je lui ai dit que s’il trouvait un accord avec Chabane, j’étais prêt à revenir en hiver à l’USMA.

Ça vous fait quoi de savoir qu’on était prêt à mettre un million d’euros pour vous avoir ?

Franchement, avant ma suspension, j’avais reçu des offres supérieures à un million d’euros.

A son retour au pays, Kaci-Saïd avait déclaré que vous aviez pleuré après que votre transfert au MCA a capoté. C’est vrai, ça ?

Je ne vous cache pas qu’à cette période, je n’étais pas bien du tout. Je me suis senti tel un prisonnier. J’ai pleuré car je voulais qu’on me laisse partir. C’était moi la victime dans tout ça. Je voulais à tout prix quitter Angers, c’est pourquoi j’ai pleuré et pas parce que je n’ai pas rejoint le MCA.

Sur les réseaux sociaux, il existe des comptes qui se font passer pour vous…

Oui, c’est malheureux. Ils colportent de fausses informations. C’est désolant, car ces comptes ne m’appartiennent pas.

Maintenant que vous avez opté pour l’ES Tunis, on imagine que vous espérez revenir en sélection…

Oui, bien sûr. C’est ça mon but.

Après les changements intervenus à la présidence de la FAF et au poste de sélectionneur, pensez-vous que cela va vous aider à revenir en sélection ?

Oui. Avant ma suspension, on ne m’avait pas aidé à m’imposer en sélection. On ne m’a pas donné ma chance. J’espère que les choses vont changer à présent.

Rabah Madjer vous a souvent défendu même lorsque vous étiez suspendu…

Oui, c’est vrai, ses paroles m’ont remonté le moral, je ne vous cache pas.

Les joueurs de l’EN ont apprécié vos qualités, n’est-ce pas ?

Oui, lorsque j’avais été convoqué pour les matchs amicaux face à Oman et le Qatar, des joueurs comme Ghoulam et Brahimi étaient surpris de mon niveau. Ghoulam m’avait d’ailleurs dit : «Tu as ta place avec nous à Naples».

Vous avez joué 10 minutes au bout de ces deux matchs…

Franchement, nous les joueurs locaux, nous n’étions pas du tout considérés en sélection. J’étais bien, mais on ne m’a pas donné ma chance. Avec 10 minutes seulement, tu ne peux rien faire.

A cette période, on a même dit que vous aviez refusé la sélection. C’est vrai ?

Non, c’est archifaux ! Jamais je n’ai refusé la sélection. Je me rappelle qu’ils m’avaient appelé à minuit pour me dire de rejoindre le stage tôt le lendemain, sauf que mon téléphone portable était éteint. Je n’avais même pas de visa pour effectuer le déplacement avec le groupe.

Vous répondez quoi aux gens qui disent que vous êtes une personne à problèmes et que vous n’êtes pas sérieux ?

Ça vient des gens qui ne me connaissent pas. Ils cherchent à ternir mon image. El Hamdoulilah, j’ai un fort caractère et j’ai surtout compté sur mes qualités. Je n’ai jamais baissé les bras. J’ai pu compter sur le Bon Dieu.

A ce propos, vous avez fait une Omra et c’est en étant là-bas que votre sanction a été réduite de quatre à deux ans…

Oui, en effet. J’avais fait des Douaâ durant cette Omra et, Dieu merci, dès le lendemain, on a réduit ma suspension. El Hamdoulilah.

Comment avez-vous vécu cette période de votre suspension ?

C’était très difficile, mais j’ai pu compter sur le soutien de ma famille et de mes amis.

De votre père surtout…

Oui, c’est vrai. Il a tout fait pour m’aider et c’est grâce à lui aussi que ma suspension a été réduite. Ma mère aussi m’a aidé.

Beaucoup disent que les malheurs de Youcef Belaïli, c’est à cause de son père. Vous répondez quoi ?

C’est faux ! Les décisions qui me concernent, c’est moi qui les prends. Lui, il m’a toujours soutenu.

Votre suspension a été réduite au niveau international, mais pas au niveau national néanmoins…

C’est dommage ! Mais, ce qui m’a le plus attristé, c’est que Haddadj (Ndlr : ex-président de la commission de discipline) ait ramené un avocat de France afin que ma suspension ne soit pas revue à la baisse. C’est malheureux. Ça m’a fait mal.

Votre conseil aux jeunes joueurs ?

Gardez confiance en vos qualités et n’abandonnez jamais.

Le président Zetchi avait déclaré après votre levée de suspension que les portes de l’EN vous étaient ouvertes désormais…

Cela m’a remonté davantage le moral. Zetchi m'estime beaucoup. Quand j’étais au MCO, il m’avait proposé de signer au Paradou, mais ça ne s’est pas fait. Inch’Allah, je vais le retrouver en sélection.

Répondez-nous franchement. Si Chabane vous avez libéré pour un club algérien. Lequel vous auriez choisi entre le MCA, le MCO et l’USMA ?

Au départ, je ne vous cache pas que lorsque je voulais revenir au pays, je voulais revenir surtout au MCO. Jouer six mois là-bas et voir. Vous savez que j’aime beaucoup ce club.

Justement, que pensez-vous de la saison que réalise actuellement le MCO ?

L’équipe réalise une grosse saison. J’ai vu que les supporters sont revenus dans les tribunes. J’espère que le MCO remportera le championnat. J’irai défiler avec les supporters si ça sera le cas.

Est-il vrai que vous étiez proche de la JSK ?

Je n’ai pas eu de contacts avec la JSK. L’ancien coach, Aït Djoudi m’aimait bien, c’est tout.

Vous avez eu des contacts à une certaine époque avec des clubs comme Malaga et Villarreal. Vous avez raté une carrière en Espagne…

J’étais sous contrat à ce moment-là avec l’EST, qui avait refusé de me libérer.

En Tunisie, vous pourriez opter pour un autre club que l’ES Tunis ?

Non, jamais. C’est le meilleur club de Tunisie.

Riyad Mahrez était proche de signer à Manchester City, mais ça ne s’est pas fait. Votre sentiment ?

Franchement, on voulait tous qu’il signe là-bas, mais dommage ! Il a beaucoup de qualités, mais faut croire qu’il n’a pas de chance, lui aussi.

Mahrez ou Salah ?

Mahrez bien sûr.

Qu’avez-vous à dire sur Ghoulam, qui a remporté le trophée du meilleur joueur algérien de l’année ?

C’est une consécration méritée pour lui.

On finit cette interview par cette question : quel est désormais l’objectif de Youcef Belaïli ?

Jouer aux côtés de Mahrez et Brahimi et remporter la CAN 2019 avec la sélection nationale.

 

Publié dans : Belaïli

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