Leekens : «Wilmots n’a pas le profil pour être sélectionneur de l’Algérie»

Alors que certaines informations évoquaient la possibilité de voir l’actuel coach de la Belgique, Marc Wilmots, succéder à Christian Gourcuff à l’issue du prochain Euro, Georges Leekens, ancien coach national, qui connaît bien la personne, nous a expliqué dans une interview qu’il nous a accordée que l’ancien Bordelais n’avait pas forcément le profil pour driver une sélection comme l’Algérie. Leekens pense que Wilmots ne quittera pas son poste à la tête des Diables Rouges, du moins pas avant juillet 2018. Entretien.

Vous faites partie des anciens sélectionneurs de l’équipe d’Algérie. Quel commentaire faites-vous du départ de Christian Gourcuff ?
Je ne sais pas exactement pourquoi il est parti, mais c’est sûr que c’est dommage pour lui, mais aussi pour la sélection algérienne. On a vu que l’équipe avait beaucoup progressé avec lui.
 Gourcuff a expliqué sa décision par un désaccord survenu entre lui et le président Raouraoua sur le projet sportif déterminé auparavant, mais aussi par le climat de violence qui règne dans les stades algériens…
La violence ? Moi, personnellement, je n’ai jamais eu de problème en Algérie et je ne trouve pas que c’est une raison pour demander à partir, sachant qu’au sein de la sélection, la sécurité est bien présente. Il faut savoir que la violence est partout désormais, pas uniquement dans les stades. Il n’y a qu’à voir les attentats qui ont touché Bruxelles récemment. Maintenant, le sélectionneur est parti, il faudra pour la sélection algérienne penser à l’avenir et essayer de maintenir sa progression.
Il a parlé aussi de la pression des médias, qui, selon lui, peut être négative pour la sélection. Vous en pensez quoi ?
Ce que je peux dire, c’est que pour ma part, je n’ai jamais rencontré de soucis avec la presse en Algérie. J’ai vécu pire en Belgique. Les médias, il faut savoir les gérer, pas uniquement en Algérie, mais partout où la passion du football est grande. La presse n’est pas un ennemi et elle n’est pas là pour tuer sa sélection nationale. En tant que sélectionneur, il faut accepter les critiques. Ça aide à faire avancer les choses.
 La Fédération algérienne de football est à la recherche d’un nouveau coach. Doit-elle privilégier, selon-vous, un sélectionneur qui connaît parfaitement le football africain ?
Trouver un bon sélectionneur national n’est pas chose simple. Actuellement, il n’y en a pas beaucoup sur le marché. Tu peux avoir de grands noms, mais la sélection, c’est autre chose qu’un club. Il faut un entraîneur qui connaît le contexte du pays, qui peut s’adapter à l’ambiance qui y règne. Savoir aussi travailler avec les médias. Un peu comme moi (rires)…
 Un nom d’un entraineur que vous connaissez bien circule du côté de la FAF depuis quelque temps, en l’occurrence Marc Wilmots, votre compatriote. Pensez-vous qu’il a le profil pour entrainer la sélection algérienne ?
Je ne crois pas qu’il va quitter la Belgique. Marc a été mon adjoint pendant deux ans et je le connais bien. Je connais sa situation familiale et je suis quasiment certain qu’il ne va pas changer d’air actuellement. Aussi, je ne le vois pas prendre en main la sélection algérienne car je connais votre pays, votre culture.
 Mais pour quelle raison vous dites que vous ne le voyez pas à la tête de la sélection algérienne ?
Wilmots est un plus un coach fait pour une sélection comme l’Allemagne. Des fois, il y’a de très grands entraineurs, mais qui ne sont pas faits pour certains pays et je sais de quoi je parle. Marc, en plus, va rester longtemps avec la Belgique, surtout qu’il dispose de la meilleure équipe du monde actuellement. Avant que je parte, je lui ai laissé une équipe compétitive et très forte.

 Quand vous dites qu’il n’a pas le profil pour entrainer l’Algérie, est-ce qu’il n’est pas du genre à supporter la pression, c’est ça ?
Non, ce n’est pas ça. Il supporte bien la pression, mais comme je vous l’ai dit, c’est quelqu’un qui a plus le style allemand. Je connais sa situation privée, avec ses enfants qui partent toujours à l’école, donc, je ne crois pas qu’il va changer de pays aussi. Il va rester avec la Belgique, au moins, jusqu’au Mondial 2018.
 Vous êtes toujours en contact avec le président Raouraoua ?
Quand j’étais en Tunisie, oui, j’étais souvent en contact avec lui, mais maintenant, je ne pense pas trop lui téléphoner vu la situation actuelle (rires). On est restés de bons amis et il sait que s’il a besoin de conseil, il peut m’appeler à tout moment. C’est l’un des meilleurs présidents de fédérations algériens. Il a beaucoup apporté au football algérien.
 Et si on vous proposait de revenir à la tête de la sélection algérienne, est-ce que l’idée vous intéresserait ?
J’ai déjà refusé la sélection camerounaise il y a quelques semaines. Après, si le président a besoin de moi, il peut m’appeler. Je suis toujours là pour l’aider. Après, je pense qu’il a déjà un nom dans sa tête. Vous savez, moi, j’aime l’Algérie. J’ai toujours respecté les Algériens et je ne peux jamais dire du mal de ce pays.
 Avant de conclure cette interview, on aimerait avoir votre avis sur un joueur algérien qui évolue dans le championnat belge, à savoir Sofiane Hanni. Pensez-vous qu’il mériterait un plus grand club que le FC Malines ?
C’est sûr qu’il va partir du FC Malines. Il a joué face à nous le week-end dernier (NDLR : Leekens entraine cette saison le KSC Lokeren) et il nous a marqué un but. C’est un joueur très technique, et qui a beaucoup de classe. Cette saison, il a beaucoup progressé et il a un gros volume de jeu. Ce n’est pas un avant-centre, mais il marque beaucoup de buts. Je suis sûr qu’il va rejoindre un grand club.