Auteur :
Saïd Fellak
vendredi 08 avril 2016 20:18
Grand connaisseur du football africain, lui qui a drivé plusieurs sélections du continent noir et remporté une CAN avec le Cameroun en 1998, Claude Leroy a accepté de répondre à nos questions et nous livrer ses sentiments suite au récent départ de Christian Gourcuff de la tête de la sélection nationale. Nommé à la barre technique du Togo, le technicien français nous a révélé entre autres qu’il a eu récemment des approches pour driver les Verts. Entretien :
Vous aviez récemment évoqué le départ de Christian Gourcuff avant même que celui-ci soit officiel. Aviez-vous des informations précises ?
Oui, il m’avait dit qu’il voulait partir, mais je pense que la première personne à laquelle il avait annoncé ça, c’est le président de la Fédération algérienne de football. Le président a tout fait pour qu’il reste, mais quand il m’en a parlé (Gourcuff), j’ai senti qu’il était déterminé à partir.
Qu’est-ce qui l’a poussé réellement à partir ?
Je ne sais pas trop. Je crois qu’il avait des raisons personnelles. Aussi, sa collaboration avec la presse était devenue, je crois, assez difficile mais je n’ai pas plus d’informations à vous communiquer.
Récemment, dans une interview accordée au journal l’Equipe, Gourcuff avait expliqué qu’il était venu en Algérie pour un projet bien défini pour le développement du football national, sauf que, pour des raisons techniques et politiques, ça ne pouvait se faire. Est-ce suffisant pour un sélectionneur pour demander à partir ?
Mon métier n’est pas de juger le parcours de mes collègues. Me concernant, je suis toujours allé jusqu’au bout de mes contrats. Après, moi, je ne sais pas de quels projets ils ont parlé, lui et le président de la fédération. Raouraoua, c’est un président de grande envergure. J’avais discuté avec lui, il y a quelques années et il m’avait proposé de prendre la sélection, sauf que pour des raisons et d’autres, ça ne s’est pas fait.
Vous dites que Raouraoua vous a sollicité il y a quelques années. Qu’est-ce qui a fait que Leroy qui connaît parfaitement bien le football africain n’ait jamais drivé l’Algérie ?
C’est le hasard des choses. A chaque fois que j’ai été sollicité, soit j’étais sous contrat, soit je ne pouvais pas me libérer. Tout le monde sait que je suis très attaché à l’Algérie. Mon père a eu des positions très fortes pour l’Independence de l’Algérie fin des années 1950 .
Vous venez de prendre en main la sélection togolaise. Est-ce qu’avant de conclure cet accord avec sa Fédération, vous avez été de nouveau approché par le président de la FAF ?
Lui directement, non !
Donc, indirectement, il y a eu des contacts…
Oui, certaines personnes influentes m’ont contacté pour savoir quelles étaient mes intentions, mais à ce moment-là, j’avais donné mon accord pour driver la sélection du Togo. Moi, je ne suis pas quelqu’un qui fait dans la surenchère. Quand je donne ma parole, c’est bon.
Pour revenir à Gourcuff, ne pensez-vous pas que la FAF s’est trompée en ramenant un coach qui dit « vouloir travailler au quotidien » ?
Non, je ne pense pas. Gourcuff est un coach de qualité. Après, moi, j’estime que lorsqu’on travaille dans un pays émergent comme l’Algérie, on peut toujours s’occuper des U20, des U17, de la sélection des locaux. Il y a vraiment beaucoup de choses à faire. Mes derniers mois au Congo, je n’arrêtais pas. Entre l’Equipe olympique, l’équipe A’, superviser les jeunes et les matchs de la sélection A, je n’avais pas vraiment de temps libre. L’Algérie avec le potentiel qu’elle a actuellement peut prétendre à une place de demi-finaliste de Coupe du monde.
Beaucoup de noms circulent en ce moment dans les médias et au sein de l’entourage de la FAF pour remplacer Gourcuff. Est-ce qu’il est préférable pour la FAF, selon-vous, de prendre un coach de renommée mondiale mais qui ne connaît pas forcément bien le football africain ou l’inverse ?
Vous savez, j’ai dirigé des clubs en France, à l’étranger, en Afrique et des sélections nationales et je n’ai jamais vu trop de différence. Peut-être que le football en Afrique est plus compliqué qu’ailleurs, surtout en Algérie, où la passion autour du football est forte. Après, quand on est coach d’une sélection, il faut avoir le sang-froid et savoir gérer tout ça. Aussi, quand on est étranger, on doit pouvoir s’adapter au contexte du pays où on exerce. On ne doit pas comparer avec ce qu’on a chez nous. Le plus important est d’éviter qu’on s’immisce dans votre travail, c’est tout. Le reste, tout peut être géré.
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