MCA : Benothmane : «Dieu merci, j’ai été touché superficiellement par un couteau de boucher au niveau de la cuisse»

Aligné en pointe de l’attaque, Mansour Benothmane n’avait pas idée de ce qu’il allait vivre après une victoire historique en terre bordjienne. Le joueur est encore sous le choc après avoir frôlé la mort.
Les stigmates de cet enfer vécu au stade de Bordj Bou-Arréridj sont toujours là...
Je n’ai pas dormi de toute la nuit. J’ai perdu le sommeil. Je repasse dans ma tête en boucle ce qui s’est passé. Je n’arrive pas à croire qu’on a pu s’en sortir de cet enfer sans déplorer le moindre mort. Hamdoullah, on a pu rejoindre notre domicile même si le choc psychologique sera présent pour un bon moment. On ne peut pas effacer ces séquelles d’un revers de la main.  
Racontez-nous ce qui s’est passé au juste à la fin de la rencontre ?
Au coup de sifflet final, on voulait tellement fêter cette belle victoire avec nos supporters qui ont fait le déplacement. On voulait ce moment de partage, surtout que cela faisait longtemps que le Mouloudia ne s’est pas imposé à Bordj. Mais rapidement la situation à dégénéré. Il y avait certains joueurs du CABBA qui s”en sont pris à nous. Ensuite, il y avait des stadiers et des supporters. A ce moment, j’ai eu la peur de ma vie. J’ai vu la mort. J’ai commencé à me défendre tout comme mes partenaires.
Vous avez vu des fans du CABBA munis d’armes blanches qui avaient manifestement l’intention de faire du mal ?
J’ai vu des supporters avec des pierres, des poteaux de corner et des couteaux de boucher. L’un d’eux a failli me toucher. D’ailleurs, j’ai été blessé superficiellement au niveau de la cuisse d’un coup de couteau. Mon agresseur m’a raté de justesse, sinon il m’aurait planté son couteau au niveau du ventre. J’ai reçu des coups au dos, aux jambes et aux mains. Maintenant, je ressens des douleurs partout.
Comment avez-vous pu vous extirper de cette arène de combat ?
Il me restait qu’une seule solution, c’était d’enjamber le grillage pour rejoindre les supporters du Mouloudia. Il y avait aussi Demmou, Hachoud, Souibaah et Mebarakou qui ont aussi opté pour cette solution en trouvant refuge auprès des Chnaoua. Et la réaction des supporters dépassait tout entendement.
C'est-à-dire…
Et bien, les fans nous ont demandé de rester cachés et les supporters ont joué un rôle de bouclier humain en prenant toutes sortes de projectiles sur leur dos. Au péril de leur vie, ils nous ont protégés. Ils m’ont dit «Edji fina ou machi fikoum». Je n’ai jamais vu cela ni vécu cela. Je serai éternellement redevable aux supporters du Mouloudia. Pour eux, je me sacrifierai pour les rendre heureux. Par la suite, je suis resté presque une heure et demie avant de pouvoir regagner les vestiaires grâce à l’aide de certains supporters là encore.
Dans les vestiaires, on vous a vu fondre en larmes…
J’étais en larmes car j’étais inquiet pour Hachoud. En le voyant ensanglanté, je ne pouvais contenir mes émotions.     
On imagine que votre famille et vos proches étaient très inquiets pour vous…
Après avoir déposé plainte au commissariat, on est rentrés vers 4h30 du matin à Alger. Il y avait mon père qui m’attendait. Il était très inquiet pour moi. Mais je l’ai très vite rassuré sur mon état de santé, même si j’avais mal partout.
Vous êtes toujours sous le choc…
De quel droit on s’attaque aux gens sous prétexte qu’on a perdu un match ? On est tous des Algériens et des musulmans, et on a tous une famille et des proches qui s’inquiètent pour nous. Personnellement, je n’ai plus envie de jouer surtout en déplacement si la sécurité n’est pas assurée. On est sortis indemnes cette fois-ci par la Grâce de Dieu, mais la prochaine fois, il y aura des morts.
Est-ce que vous serez prêt à jouer vendredi face à la JSS ?
Pas du tout. Personnellement, j’ai des hématomes partout sans compter la blessure au couteau au niveau de la cuisse. Nous avons des circonstances atténuantes. La Ligue nationale doit reporter ce match contre Saoura. On déplore plusieurs blessés qui sont incapables de jouer à l’instar de notre capitaine, Hachoud. On espère que nos instances de football se monteront compréhensibles après ce qu’on a vécu ce samedi. Je tiens encore à remercier nos supporters qui ont fait preuve d’un courage incommensurable. C’est grâce à eux que j’ai pu revenir vivant chez moi.     
 

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