JSK - Oukaci rompt le silence : «L’erreur que j’ai faite ? C’est de sortir de chez moi à 23 heures»

Quelques semaines après avoir été exclu définitivement de l’équipe pour les raisons que tout le monde connaît, le milieu de terrain, Juba Oukaci, a été récemment contacté par les dirigeants de la JSK qui lui ont demandé de revenir s’entraîner avec l’équipe réserve. Une décision qui a fait renaître l’espoir chez le jeune joueur, qui depuis sa mise à l’écart traverse une très sale période. Et c’est pour la première fois depuis son affaire avec Benyoucef que le natif de Freha accepte d’accorder une interview filmée. Et il a choisi El Heddaf TV pour parler à cœur ouvert et présenter ses excuses à toute la famille de la JSK tout en lançant un message fort en émotion dans lequel il souhaite qu’on lui pardonne et qu’on lui permette de revenir aux entraînements. Il a aussi raconté tout ce qui s’est passé avec son ancien coéquipier et évoqué plusieurs autres sujets que nous allons découvrir tous ensemble.  

Tout d’abord, on vous remercie d’avoir accepté notre invitation et de nous accueillir dans ce très bel endroit, à Yakouren…
C’est moi qui vous remercie de vous être déplacés jusqu’à mon village pour me donner l’occasion de m’exprimer. Je vous dis aussi saha Ramdankoum.

On sait tous qu’il y a plusieurs sujets sur lesquels vous souhaitez répondre notamment après ce qui s’est passé avec Lyès Benyoucef. Sincèrement, comment vous sentez-vous sur le plan psychologique puisqu’on sait tous que ce n’est pas facile de vivre ce que vous avez vécu ?
Croyez-moi, ce n’est pas facile de se retrouver dans une telle situation. J’ai vécu des moments très difficiles et je ne souhaite à personne d’être dans le même cas. Je dis après tout, Dieu merci, je suis de retour à la maison, auprès de mes proches, c’est le plus important.

Ce n’est pas facile de surmonter une telle épreuve. Y a-t-il des personnes qui vous sont proches qui vous aident à retrouver une vie normale ?
Sincèrement, je n’ai pas été lâché. Dès mon retour, je me suis retrouvé entouré de mes proches et de mes amis. Ces derniers ont joué un très grand rôle pour que je retrouve rapidement le sourire. Ça n’a pas été facile, je l’avoue, mais je ne manque pas l’occasion de remercier ma famille surtout ma mère qui m’a énormément soutenu. Je tiens aussi à dire que j’avais un moral en acier car je n’avais pas le droit de m’enfoncer davantage

Quel comportement vos proches ont-ils eu avec vous ?
Au fond, ils étaient inquiets car ils savaient que c’était une épreuve difficile à surmonter. Ils me disaient que j’étais encore jeune et que j’avais tout l’avenir devant moi pour revenir rapidement et pourquoi pas, mieux que j’étais.

Quelle a été leur réaction lorsqu’ils ont appris que vous aviez été arrêté par la police en possession de stupéfiants ?
Je n’étais pas présent mais d’après ce qu’on m’a raconté, lorsqu’elle en a été informée, ma mère a failli s’évanouir. Elle ne voulait pas y croire, elle pensait que c’était une blague. Mon frère avait été le premier à l’informer, elle lui répétait la même chose : «Non, c’est faux, impossible. Je connais bien mon fils !» Mais dès que l’information a été rapportée par les médias, à ce moment-là elle s’est rendu compte qu’elle ne rêvait pas et que j’étais bel et bien dans une sale situation.

La page a été tournée, mais on souhaite vraiment savoir ce qui s’est passé ce jour-là ?
C’est un malheur qui m’est tombé dessus. J’ai fauté, je l’avoue, et je regrette énormément ce que j’ai fait. J’étais tranquille chez moi, entouré de mes proches, je ne sais pas qu’elle mouche m’a piqué, pour sortir au milieu de le nuit. Il était 23 heures, je ne devais pas sortir à une heure aussi tardive. Voilà l’erreur que j’ai faite.

Vous avez fauté, tout le monde le sait, mais on dit que vous n’êtes qu’une victime dans cette histoire. Qu’avez-vous à dire pour vous défendre ?
Il y a des gens qui ne savent pas ce qui s’est réellement passé et qui essayent de salir mon image. Dans cette histoire, je ne suis qu’une victime, ni plus ni moins. Je ne suis pas ce genre de personne. Tout le monde sait que Benyoucef avait des problèmes avec cette fille. Et lorsqu’elle a débarqué à l’hôtel, c’était trop tard. En ce qui me concerne, j’étais vraiment au mauvais endroit au mauvais moment. Si j’avais su que ça allait finir comme ça, je serais resté chez moi.

Qui vous a demandé de rallier la capitale ? Avez-vous discuté avec Benyoucef avant et après l’arrestation ?
Au début, Benyoucef m’avait appelé pour le rejoindre. Et comme j’étais fatigué, sachant que l’entraîneur nous avait accordé quatre jours de repos, je ne voulais pas sortir. Mais Lyès insistait, je ne voulais pas le recaler, donc j’ai décidé de rallier la capitale. Et ce qui n’est vraiment pas normal, c’est le fait que je sois sorti de chez moi alors qu’il était 23 heures. Et une fois que nous avons été interpellés, Bahbouh, qui ne semblait pas trop inquiet, ne faisait que me rassurer en me disant que je n’avais rien à voir avec cette histoire et que la fille le ciblait lui seulement.

Depuis cette histoire, continuez-vous à parler à Benyoucef ou à le rencontrer ?
Non, je n’ai aucun contact avec Benyoucef, j’ai coupé toute relation avec lui. Depuis cette affaire, je ne quitte pratiquement pas mon quartier. Je m’entraîne le soir pour garder la forme et je rentre directement chez moi. Si je sors, c’est pour voir mes proches sans trop m’éloigner. J’évite tout désormais.

Après cette arrestation et le fait d’avoir été présenté devant le procureur, vous avez été exclu définitivement par la JSK. Deux mauvaises nouvelles en un laps de temps. Comment vous avez réagi ?
Dès que je me rappelle tout ce qui s’est passé, je tremble de nouveau. Impossible de ressentir ce que j’ai ressenti car j’étais seul à le vivre. Lorsque nous avons été arrêtés, la direction de la JSK n’était pas au courant et le président Chérif Mellal était en France. Et dès qu’il a appris la nouvelle, il a pris la décision de nous renvoyer définitivement. D’un côté, il ne savait pas ce qui s’était réellement passé et c’est pour cela que j’ai insisté pour le rencontrer et tout lui raconter.

Lorsque vous avez discuté avec les dirigeants, avez-vous eu l’impression qu’ils vous ont compris ?

Oui, par la suite, ils ont compris que je n’y étais pour rien. D’ailleurs, je me suis rendu au siège du club, accompagné de ma famille, pour discuter avec le président Mellal. J’ai tenu à leur expliquer, en détail, ce qui s’était passé sans rien oublier. Je me suis défendu car je savais que peut-être, je n’aurais pas une autre occasion de m’exprimer devant eux.

Nous avons appris que vous avez été autorisé à revenir aux entraînements mais avec la réserve. Pouvez-vous nous le confirmer ?
Oui, j’ai dernièrement rappelé le président pour me renseigner sur mon avenir. Au début, il m’avait accordé quelques jours de repos le temps que la situation se calme, mais une semaine plus tard, j’ai voulu savoir si je serai autorisé à revenir ou pas. Je suis jeune et je devais prendre des précautions. Je suis un enfant de l’équipe, je ne vous le cache pas, je ne souhaite pas partir. J’ai vécu des moments inoubliables avec ce club, l’idée de partir ne m’effleure même pas l’esprit. D’ailleurs, je vais encore présenter mes excuses à tout le monde. Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour être pardonné.

N’avez-vous pas un message à faire passer que ce soit aux supportes, aux membres du staff technique et au président ?
Si, je souhaite m’adresser aux supporters qui ne connaissent pas la vérité et qui m’ont condamné alors que je suis clean. Je leur présente mes excuses, je ne suis pas ce genre de joueur, je n’ai jamais pris cette drogue ni autre chose et les gens qui me connaissent peuvent en témoigner. C’est mon premier dérapage et ce sera le dernier, nous sommes en mois de Ramadan, je profite de l’occasion pour demander qu’on me pardonne. El moussamah karim, comme on dit. Je souhaite aussi ajouter quelque chose…

Allez-y ?
Je présente mes excuses aussi à l’entraîneur Franck Dumas qui m’a beaucoup aidé depuis son arrivée. C’est grâce à ses conseils que j’ai beaucoup progressé. Je remercie également les dirigeants qui m’ont soutenu. Mille pardons.

Êtes-vous prêt à reprendre avec la réserve ?
Oui, je suis prêt, je ne demande que ça. J’en ai marre de rester chez moi alors que mes coéquipiers s’entraînent tous les jours. Les entraînements et l’ambiance de la JSK me manquent énormément.

Vous avez l’air abattu …
Oui, je le suis vraiment car ce n’est pas facile, du jour au lendemain, tu te retrouves loin de ton club et peut-être même envoyé définitivement. Je suis solide moralement mais cela ne suffit pas. Je suis toujours sous pression, on dirait un rêve. Je suis devenu plus mature, je saurai où mettre les pieds à l’avenir. J’avais peut-être besoin d’être secoué pour que je me réveille.

Sur les réseaux sociaux, plusieurs supporters étaient contre votre retour. Quelle a été votre réaction en lisant tous les commentaires ?
Je ne sais pas si vous allez me croire mais je suis resté très longtemps sans surfer sur le net. J’ai évité au maximum les réseaux sociaux pour ne pas lire ce que les supporters disaient. Même mes amis, lorsqu’ils voulaient m’en parler, je refusais. Je leur donne raison, ils supportent cette équipe et souhaitent que tous les joueurs soient au top pour défendre à fond ce maillot. C’est ma première erreur, je jure que je ne referai plus jamais ce genre de bêtise.

Si on évoquait vos débuts avec la JSK, quel est l’entraîneur qui vous a donné la chance de briller ?
Avant de répondre, je souhaite éclaircir un point important, les gens pensent que je suis quelqu’un d’arrogant, qui évite de parler mais en vérité, c’est complètement faux. Et pour répondre à votre question, je remercie énormément Mourad Rahmouni et Fawzi Moussouni lesquels ont joué un grand rôle dans mes débuts.

Vous avez réalisé un début de saison remarquable puisque vous avez réussi à arracher une place de titulaire. Cette performance est due à quoi, selon vous ?
Avant le début de la compétition, j’avais pris la décision de tout donner pour m’imposer et prouver que je suis un joueur qui mérite de défendre le maillot de la JSK. Mais les dirigeants m’avaient fait savoir que j’allais être prêté pour me permettre d’avoir plus de matchs dans les jambes avant de me récupérer la saison prochaine, plus en forme. Mais comme j’étais sûr de moi, j’ai refusé cette proposition. Je leur ai fait savoir que je souhaitais rester, avoir ma chance et prouver sur le terrain que je suis quelqu’un qui peut servir l’équipe et qui peut apporter un plus. Durant cette période, Franck Dumas m’a beaucoup aidé, il croyait en mes capacités, je n’oublierai jamais son soutien.

Vous avez une équipe composée de plusieurs jeunes qui, à quatre journées de la fin de la saison, occupe la troisième place. Sincèrement, en début de saison, avez-vous pensé à pouvoir jouer le titre ?
Ce n’est une vérité pour personne, personne ne croyait en nous. Avec un groupe jeune, je ne crois pas qu’il existait des personnes qui misaient sur nous. Nous avons un groupe composé de plusieurs jeunes joueurs, qui renferment beaucoup de qualités. Nous avons aussi un staff technique très compétent qui connaît bien son travail. Le résultat est là, Dieu merci.

Vous n’êtes plus à la JSK mais vous avez participé aux résultats enregistrés jusqu’aux défaites essuyées face à l’OM et au DRBT. Sincèrement, le titre, vous y croyez ?
Oui, on peut décrocher le titre. L’équipe pratique un très beau football et nous avons un effectif composé de très bons joueurs. Personnellement, j’y crois vraiment. Je souhaite créer la surprise et offrir aux supporters ce trophée qui fuit le club depuis plusieurs années.

Suivez-vous l’actualité de l’équipe depuis votre mise à l’écart ?
Oui, je suis au courant de tout ce qui se passe, je parle tout le temps avec les joueurs, qui d’ailleurs sont venus me voir. Je cherche même à connaître les horaires de l’entraînement. La JSK, c’est tout pour moi.

Le fait que vous ne soyez pas fixé sur votre avenir ne vous perturbe-t-il pas?
Comme je viens de le dire, je suis un amoureux de la JSK et je ne souhaite pas quitter le club par la petite porte. J’ai beaucoup de souvenirs dans cette équipe et je ne veux pas partir. Je ferai mon possible pour revenir et prouver que ce n’était qu’une erreur de jeunesse.

Même si on évoque vos rendements, ils ne sont plus les mêmes, vous avez beaucoup régressé. Cela est-il dû aux mauvaises fréquentations ou aux blessures ?
J’ai bien commencé la saison puisque je jouais régulièrement. Mais au fil des rencontres, je ne faisais que régresser. Je dirais que cela est dû à la mauvaise fréquentation puisque j’ai même perdu ma concentration. J’ai aussi été victime de plusieurs blessures à commencer par la fracture au nez en Coupe d’Algérie face à Ghriss. Par la suite, l’entraîneur a décidé de m’aligner d’entrée face à l’ESS mais encore une fois, j’ai contracté une blessure au pied. J’ai été éloigné des terrains pendant trois semaines, j’ai même raté le déplacement en France. C’est une année pleine de rebondissement pour moi. J’espère que la saison prochaine sera bien meilleure.

Nous sommes en plein mois de Ramadan, que fait Juba de ses journées ?
Depuis que je suis loin des terrains, je passe mon temps à la maison. Je me réveille très tard la journée puisque je veille la nuit. Dès que je sors, j’aime prendre de l’air en accompagnant mes amis à des endroits tels que Yakouren. Je me sens très à l’aise dans cette belle forêt. En soirée, je joue au Domino et aux cartes avec mes proches, on prend des thés et des cafés avant d’aller dormir.

Quelles sont vos habitudes ? Êtes-vous gourmant ?
Oui, je suis quelqu’un de très gourmand, je dois chaque jour acheter de la Zlabiya et du Kalb ellouz. S’ils ne sont pas sur la table, je ne me sens pas bien.

Vous êtes gourmand, on l’a compris. Mais quel est votre plat préféré ?
J’aime beaucoup les plats à base de viande. Je suis aussi fan des gratins que ma mère cuisine.

Avant de conclure, avez-vous un message à adresser à Lyès Benyoucef ?
C’est un fils de bonne famille, il a pris le mauvais chemin, que Dieu soit avec lui. J’espère qu’il rebondira rapidement. Il ne doit pas baisser les bras.

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