MOB : Sandjak : «Je sais comment faire valoir mes droits, je suis un grand garçon»

 Le MOB a réalisé un parcours magnifique en Coupe de la CAF, si on vous demande de récapituler cette aventure…
C’est compliqué, je suis venu au départ avec l’envie de réaliser un vrai projet. Je voulais construire quelque chose de costaud dans la région qui est la mienne, mais malheureusement, aujourd’hui on est tombés dans des guerres internes, des clans, ou je ne sais vraiment quel mot utilisé. Ce n’est pas mon domaine tout ça, je ne peux m’occuper de tout, mon travail c’est le terrain. 
Vous étiez confronté donc à une mission impossible…
Il faut que les gens sachent qu’on a vécu une misère noire. Je ne sais comment l’expliquer, mais je dirais qu’emmener une équipe pour représenter l’Algérie en Afrique et me retrouver dans des conditions comme celles vécues pendant plus de 5 mois défi toute logique sportive. Se retrouver dans des hôtels non payés, attendre 10 heures dans les aéroports et des joueurs qui mangent un petit sandwich pendant des heures d’attente, est vraiment incroyable, vraiment, on n’a trouvé personne.     
Comment avez-vous réussi à maintenir votre groupe motivé jusqu’au bout devant tous ces problèmes ?
J’ai eu la chance d’entraîner l’Equipe nationale, et je savais ce que représentait le drapeau, j’ai pu alors dans mon discours transférer cette fierté à mes joueurs en leur expliquant qu’ils allaient devenir des modèles d’abnégation en Algérie avec surtout peu de moyens et aussi des joueurs locaux. Hamdoulillah, on a relevé le défi, et je tiens à tirer chapeau à tout le groupe.  
On sent que c’est exceptionnel ce que vous avez vécu avec le MOB…
Ah oui, bien sûr ! Il fallait jouer sur les valeurs, comme j’avais des garçons qui étaient tous des locaux, j’ai ressenti qu’ils avaient envie d’écrire leur histoire et il fallait juste savoir les guider. Je n’exagère pas, au MOB j’avais des grands joueurs, on avait envie de partager des choses ensemble, on est devenus une grande famille, des frères, très costauds, c’est vraiment dommage de vivre une telle ingratitude, parce que sans rien du tout, ils sont arrivés à honorer l’Algérie.  
Vous parlez d’ingratitude, ça vous a touché de constater que l‘accueil n’était pas à la hauteur…
Bien sûr lorsque nous étions arrivés à l’aéroport d’Alger et que nous n’avons trouvé personne à nous attendre, mes joueurs étaient vexés. On s’est sentis lésés. Quand même, un petit peu de reconnaissance, il faut rappeler aux gens qu’on a éliminé le champion du Ghana, le FUS du Rabat, et  tout cela nous a vraiment touchés. 
Votre situation financière n’a pas changé mais vous avez toujours réussi  à les motiver ?
Absolument, les  joueurs n’ont rien perçu depuis des mois. Moi personnellement, je suis à 5 mois sans salaire. Je suis quelqu’un de droit, et je vais faire valoir mes droits dans un pays de droit. Pour revenir à votre question, je pense que les joueurs c’est comme à l’armée, lorsqu’ils ont un supérieur avec eux, qui sait les écouter et sait comment faire passer le message, il y a forcément du répondant.  
Et votre situation vis-à-vis du MOB ?
Je dois d’abord dire que les gens qui ont pris le club lors de la récente assemblée, 14 en tout, hier (mardi), ces gens-là je ne les ai pas vus depuis 6 mois. J’avais demandé l’aide de tout le monde, mais je n’ai jamais eu de réponse. Après, aujourd’hui je suis allé voir un médecin parce que j’avais fait 5 mois de folie. Je me suis investi à fond et là j’accuse le coup. Le docteur m’a prodigué un repos pour reprendre mes forces. J’ai laissé ma famille, mes enfants à Paris, d’accord, c’était des sacrifices mais là c’est ma santé qui a pris un coup. Je ne suis pas un gamin, comment ces gens-là arrivent du jour au lendemain à dépêcher un huissier pour contrôler les joueurs, pourquoi ils ne l’ont pas fait depuis 3 mois. 
Un mot sur cette assemblée tenue au MOB. 
 Je suis amèrement déçu qu’on me parle de reconstruction. Il fallait être là lorsque l’équipe avait besoin d’eux. C’est-à-dire lorsque les joueurs avaient besoin d’être motivés et percevoir leurs salaires. C’était aussi lorsque nous étions chassés des hôtels parce qu’ils n’étaient pas payés. C’était aussi lorsqu’un joueur dormait dans la rue dans une voiture parce qu’il n’a trouvé personne pour l’écouter. Cette assemblée, il fallait la faire il y a deux mois pour nous faire avancer. De toute façon, me concernant,  je suis un grand garçon, je sais comment chercher mon droit.     
Le MOB, c’est fini ?
Ecoutez, comme je viens de le dire, j’ai un arrêt de travail, je vais voir après comment ça va fonctionner ; a priori, je n’ai pas eu de nouvelles depuis la tenue de cette assemblée. Je viens d’apprendre qu’on n’arrive pas à me joindre alors que mon téléphone fonctionne normalement, la preuve vous êtes arrivé à me joindre. On a dit aussi que j’ai touché des euros, c’est un mensonge ! Les gens savent où je suis, et comment me joindre. Et puis lorsqu’on reste sans nouvelles depuis 6 jours, cela signifie qu’on n’a pas besoin de moi, moi je le comprends comme ça.
Adjali assure alors l’intérim… 
Je ne sais pas, il prend ses responsabilités, moi l’information que j’avais est qu’il était parti pour récupérer son dû. Après je ne sais pas ce qui s’est passé. Moi, il n’y a personne qui me remplace, je suis à Alger, je me repose, après chacun doit prendre ses responsabilités devant l’opinion publique et le football algérien. 
Un mot sur votre staff technique.
J’ai envie de tirer chapeau à mes adjoints Adjali et Benhaha qui ont été  à la hauteur. Ils ont fait un travail comme j’aime le faire. Donc, je pense qu’ils ont eu leur part de responsabilité et leur part de gloire. Ce que je ne digère pas c’est qu’à chaque fois on me colle à mon staff. Je ne connais pas celui de Menad, de Mouassa ou d’un autre mais le mien est tout le temps mis en avant, mais bon on me  l’a fait à la JSK, à l’Equipe nationale. Mais bon, je les remercie ils ont été à la hauteur. 
L’Algérie a mal démarré ces éliminatoires CM-2018,  la qualification est perdue, selon vous… 
C’est un honneur de constater que mon nom avait circulé pour prendre les règnes de l’EN. C’est mon pays c’est une fierté. Après, je pense que le choix de Leekens est très bon. Il va apporter son expérience, son calme et sa conception du football. Mais l’Equipe nationale ne traverse aucune crise, elle vit son parcours normalement. Il ne faut pas oublier que cette équipe a joué le huitième de finale de la Coupe du monde. Il faut arrêter les gars, on a joué le Cameroun, le Nigéria ça ne s’est pas très bien passé, mais dans le jeu on était là. Rien n’est perdu. 
On a appris que le président de la FAF vous a contacté pour prendre l’Equipe nationale espoirs ou l’équipe A’ en main, une confirmation ?
J’ai eu des échos de tout cela, je suis bien entendu très intéressé, bien sûr tout ce qui touche à l’Equipe nationale, à la formation au football local, m’intéresse beaucoup. Si je peux apporter un plus à la FAF et au football algérien, ça serait un honneur pour moi.
Il y a eu un contact…
Oui, des contacts informels mais cela remonte à bien longtemps. 
Vous avez connu des difficultés avec JSK, franchement, cette équipe vous fait rêver Nacer…
C’est clair, ce que j’ai vécu avec la JSK était vraiment le top, comparativement à ce que j’ai enduré avec le MOB. Sincèrement, la dernière fois que je suis entré au stade du 1er-Novembre, j’ai eu un pincement au cœur, j’ai senti que j’ai laissé une partie de moi là-bas. Quand tu rentres au 1er-Novembre, les murs, le terrain et les portes des vestiaires te parlent, c’est une grosse histoire du football qui est écrite là-bas. 
La JSK n’a pas le droit de se contenter du milieu du tableau.
Il faut qu’on cesse de lancer à chaque fois qu’on va terminer champion, laissez ce groupe grandir, lorsqu’on n’a pas les moyens de jouer le titre, on ne doit pas avoir honte de le dire. On doit avoir un discours qui marche avec ses moyens du bord.  
Et avec Hannachi ça se passe comment ?
Très bien, je l’ai salué, honnêtement j’étais très heureux de le voir, il est là et fidèle à son poste, toujours là avant un match. On peut dire ce qu’on veut derrière, mais Hannachi fait aussi partie des meubles du 1er-Novembre de Tizi-Ouzou. 
 

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