Equipe d'Algérie

Aliou Cissé: «17 ans d’attente c’est long, nous devons gagner pour notre peuple»

«L’état d’esprit a beaucoup changé, car le talent ne suffit pas»

Auteur : Synthèse de H. R. vendredi 19 juillet 2019 12:20

Le sélectionneur du Sénégal, Aliou Cissé, s’est présenté hier en conférence de presse avant la finale de la Coupe d’Afrique des nations 2019, face à l’Algérie. Présent sur la pelouse lors de la première finale de CAN perdue des Lions en 2002 en tant que joueur, le technicien âgé de 43 ans espère offrir  au Sénégal le premier trophée continental dans son histoire : «17 ans d’attente, c’est long,  il y a eu cinq ou six CAN. Beaucoup de nos garçons avaient peut-être cinq  ou six ans. Arriver à ce niveau de la compétition nécessite beaucoup de travail. Après beaucoup de déception, désillusion et de larmes, nous voulons plus que d’arriver simplement à une finale. Cette génération est déterminée, elle est prête pour le défi et ils ont le talent. Nous espérons en tout cas faire un grand match, et gagner cette finale pour notre peuple.»

 «Je refuse ce débat d’entraineur local ou expatrié, car le football est universel»
Questionné sur la montée en puissance des sélectionneurs locaux lors de cette CAN, l’enfant du pays de Ziguinchor est fier de hisser le Sénégal jusqu’en finale, à l’instar de l’Algérien Djamel Belmadi avec les Fennecs : «Que ce soit pour Djamel ou moi, c’est une fierté. C’est un travail qu’on a entamé depuis cinq ans avec cette génération.  Aujourd’hui, nous sommes unis et fiers de cela. Depuis la demi-finale, on s’est projetés rapidement vers cette finale. Moi, je ne suis pas trop dans ce débat d’entraineur local ou expatrié, car le football est universel. Il y a des entraineurs expatriés qui sont sur le continent  et qui ont fait du très bon boulot. Pour Djamel ou moi, nous sommes issus du cru, tout en portant les couleurs de nos pays en tant que joueurs. Aujourd’hui, nos Fédérations nous ont donné la possibilité d’entrainer nos équipes nationales, et nous sommes très fiers de cela.»    

 «La défaite face à l’Algérie nous a beaucoup servi»
Battu par l’Algérie lors de la deuxième journée de cette Coupe d’Afrique des nations (1-0), Aliou Cissé estime que ce revers face aux Fennecs les a beaucoup servi pour atteindre cette finale : «Crainte, phobie… c’est beaucoup dire, on reste dans le cadre du football. C’est un faux pas contre l’Algérie, qui nous a permis de se remobiliser et de faire notre autocritique. L’Algérie est une grande équipe,  mais nous avons aussi des arguments à faire valoir. Après cette défaite, nous avons enchainé des matchs compliqués et difficiles, mais aujourd’hui nous sommes en finale, déterminés à gagner tout simplement. On ne vient pas en victimes.»

 «Ce sont des micro-détails qui vont faire la différence»
«Une finale  souvent c’est fermé, il y a  beaucoup  d’émotions et de stress. Je crois que les détails seront importants.  L’Algérie a fait son parcours de son côté, le nôtre aussi. Si nous sommes là, c’est que ce sont deux grandes équipes. J’espère que la fête sera belle et que le football africain gagnera. J’espère que cette CAN aura un aura au niveau international, afin d’avoir plus de respect au football africain et à notre confédération. C’est notre devoir en tant que sélectionneurs de se battre pour cela, et je pense que de son côté Djamel est dans cet état d’esprit. Une finale c’est souvent très serrée, et ce sont des détails ou des micro-détails qui vont faire la différence.»

«L’absence de Koulibaly
est une grosse perte, il fait partie des meilleurs défenseurs  au monde»
Après avoir écopé d’un second carton jaune contre la Tunisie, le défenseur central Kalidou Koulibaly est suspendu pour cette grande finale. Le roc défensif du Napoli va laisser forcément un grand vide, selon les dires de son sélectionneur qui a tenu à encenser ses qualités : «C’est un garçon exceptionnel, pour moi, il fait partie des meilleurs défenseurs  au monde. Avant de le faire venir,  j’ai eu plusieurs discussions avec lui, afin de le convaincre de porter le maillot du Sénégal, en allant jouer une Coupe du monde et en disputant une finale d’une Coupe d’Afrique. Je l’ai dragué comme ça.  Aujourd’hui, je suis triste qu’il ne soit pas avec nous. C’est un bon patriote, même s’il n’est pas né au Sénégal. C’est un garçon qui a énormément de caractère, qui pense au collectif, et tout ce qu’il fait c’est pour aider la sélection  nationale à avancer. Ses intérêts personnels ne comptent pas, et perdre un garçon comme cela, est une grosse perte pour notre système défensif. Mais nous avons 23 joueurs, et on a des garçons  qui peuvent palier son absence, et on jouera aussi pour lui.»

 «La CAN est plus importante que le Ballon d’Or pour Mané»
Auteur d’une saison XXL avec Liverpool, Sadio Mané, vainqueur de la Ligue des champions, se positionne comme un prétendant crédible au Ballon d'Or. Néanmoins, Aliou Cissé affirme que son attaquant vedette n’est nullement focalisé sur cette récompense individuelle : «Sadio est concentré pour gagner la finale. C’est un garçon qui  a remporté la Ligue des champions, et il se trouve aujourd’hui en finale de la CAN. Il n’y a pas de débat. Le plus important pour Sadio, c’est de bien jouer cette finale, gagner cette CAN et ramener le trophée au pays qui attend cela depuis l’indépendance. Du coup, c’est nettement plus important qu’un Ballon d’Or.»     

«S’il faut aller aux tirs au but pour gagner, nous sommes prêts pour ça»
Malgré un secteur offensif assez garni, le Sénégal a manqué pas moins de trois penaltys depuis le début de la CAN. Pas de quoi inquiéter pour autant  le successeur d’Alain Giresse : «Je ne fais pas une fixation sur les tirs au but, pour la simple raison que de très grands joueurs ont échoué dans cet exercice dans le passé. C’est un exercice qu’on fait à l’entrainement souvent, et s’il faut aller aux tirs au but pour gagner, nous sommes prêts pour ça. Nous avons de très bons tireurs, qui vont venir tirer avec beaucoup de confiance.»   

 «Nous n’avons aucune pression qui nous tétanise»
Assez confiant dans son discours, celui qui a évolué en Premier League à l’instar de Djamel Belmadi, a évoqué de nouveau les retrouvailles face aux Verts : «Nous n’avons pas de discours spécial. Le deuxième match de poule était un faux pas pour nous, mais cette défaite nous a permis de se remobiliser et d’être encore plus forts par la suite. Maintenant, c’est une finale,  un match spécial. Nous n’allons pas faire de discours va-t-en guerre, nous restons dans le cadre du football. Nous sommes très sereins, très concentrés. Nous avons de très grands joueurs  et un collectif assez fort. Sur ce premier match, si vous le voyez avec beaucoup de lucidité, il n’y a pas beaucoup de différence entre l’Algérie et le Sénégal. Nous n’avons aucune pression qui nous tétanise.  Lorsqu’on se lève tous les jouers, nous sommes heureux  d’être là et de faire ce travail exceptionnel. Nous sommes conscients de la difficulté de la vie. Nous savons que nous sommes des privilégiés de ce monde, et faire un métier qui est notre passion est exceptionnel. Nous représentons un pays, un drapeau et des supporters. Le Sénégal n’a jamais été aussi proche de ce sacre, c’est une source de motivation pour nous. Nous allons préparer ce match de la même façon que le premier ou celui contre la Tanzanie, mais avec cette envie de tout faire pur gagner.»

 «L’état d’esprit a beaucoup changé, car le talent ne suffit pas»
Avant de finir, Aliou Cissé a loué l’état d’esprit et la détermination des coéquipiers de Sadio Mané de représenter dignement le football sénégalais : «Chaque joueur professionnel, qui est dans ce métier depuis plusieurs années, qui joue en Angleterre ou en France,  mais aussi qui ont joué trois CAN et une Coupe du monde, ne doit pas être tétanisé par l’enjeu. C’est une source de motivation, où le continent entier sera devant son écran. Le monde nous regarde et c’est un privilège. Pour un footballeur professionnel s’entrainer pour vivre cela. Cette adrénaline est positive au contraire.  Le Sénégal a toujours regorgé de talents, la génération actuelle de Kalilou Koulibaly n’est peut-être pas la meilleure que nous avons connue sur les dix dernières années. En 2017, on sort en quarts de finale, en 1018 on se qualifie en Coupe du monde après seize ans d’absence. En 2019, ils arrivent à hisser l’équipe en finale, donc il y a une progression. L’état d’esprit a beaucoup changé, car le talent ne suffit pas. Savoir pourquoi nous sommes là, que nous avons des droits mais aussi des devoirs. La mentalité en sélection diffère à celle de club. Vous avez le droit de rater un match ou deux en club, mais jamais en sélection.»

 

Publié dans : Belmadi mané Aliou Cissé Koulibaly

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