Equipe d'Algérie

Deco : «Ronaldo a raison, le 4e but algérien était incroyable»

«L’Algérie doit continuer à bien jouer et marquer !» «L’élimination de l’Espagne, la plus grosse déception de cette Coupe du monde.»

Auteur : Mohamed Saad mercredi 25 juin 2014 22:17

C’est par un pur hasard que nous avons rencontré Deco qui coule une retraire dorée à Rio. Il était à l’hôtel Radisson de Barra da Tijuca, un quartier résidentiel de Rio. Lorsqu’on est allés le saluer, il semblait se dire que notre tête ne lui était pas étrangère. «On s’est connus à Dubaï ?», nous a-t-il interrogés. «Non, il y a un an, nous vous avions interviewés au stade de Fluminense», avons-nous corrigé (voir Le Buteur du 4 juillet 2013). Lorsque nous lui avons demandé de nous accorder encore cinq minutes de son temps, celui qui a été le maître à jouer de Porto, Barcelone, Chelsea et la sélection du Portugal a accepté avec un grand sourire. «Laissez-moi juste terminer de regarder la première mi-temps et je serai à vous», a-t-il promis. Avec deux de ses amis, Deco suivait avec passion dans le salon de l’hôtel le match Italie-Uruguay. C’est lui qui nous a rejoints dans la terrasse de l’hôtel où nous l’attentions avec la caméra d’El Heddaf TV.

Merci encore de nous accueillir à Rio.
Bonjour. C’est un plaisir.
Il y a un an lorsque vous nous avez reçus, l’Algérie n’était même pas qualifiée en Coupe du monde. Aujourd’hui, elle est là et elle fait bien les choses. Que pensez-vous du parcours de l’équipe d’Algérie ?
Elle fait très bien les choses. L’Algérie est en train de présenter un beau football. Comme vous l’avez dit, il y a une année, vous n’étiez même pas sûrs d’être là et aujourd’hui, vous êtes en train de jouer la Coupe du monde et avec beaucoup de qualité.
Avez-vous vu le match Algérie-Corée du Sud ?
Oui, oui. Très beau match avec beaucoup de buts.
Que pouvez-vous nous dire des joueurs algériens ?
Je retiendrai deux choses : vous avez une équipe solide qui sait jouer en bloc. Ça se voit qu’il y a un travail qui s’est fait. C’est toute l’équipe qui a bien joué face à la Corée.
Pensez-vous que jeudi face à la Russie, il faudrait continuer d’attaquer comme face à la Corée du Sud ou chercher le nul qui nous qualifiera au second tour ?
Face à la Corée du Sud, j’ai vu une équipe qui cherchait à jouer et à marquer des buts et ça a marché. Je ne vois pas pourquoi elle changera sa manière de jouer. Il faut jouer de la même manière et avec la même philosophie de jeu.
Ronaldo a qualifié le quatrième but algérien de but de PlayStation. Qu’en dites-vous ?
Et il n’a pas tort, c’était une action incroyable ponctuée par un très joli but. J’ai aimé.
Parlons un peu des autres équipes. Quelles ont été les surprises de ce Mondial, selon vous ?
La grande surprise pour moi, c’est le Costa Rica qui s’en sort admirablement bien d’un groupe très difficile. On parle du Chili, mais moi je savais à l’avance qu’elle possédait une grande équipe. Les candidats restent les mêmes, après cette première partie du tournoi.
L’Espagne en moins…
Pour moi, l’Espagne est la grosse déception de cette Coupe du monde. L’Angleterre un peu car elle n’a pas vraiment une grande sélection, mais l’Espagne éliminée au premier tour, c’est une sacrée surprise.
Et le Portugal ?
Le Portugal a eu la malchance de tomber sur une grande équipe d’Allemagne dès le premier match. La défaite 4 à 0 lui a fait du mal. Maintenant, il ne lui reste qu’à sauver l’honneur face au Ghana comme l’a fait l’Espagne.
On dit que le Brésil, votre pays, ne convainc pas, même s’il a gagné ses trois matchs. Etes-vous d’accord ?
Mais on est en Coupe du monde quand même ! Une Coupe du monde, c’est dur ! L’essentiel, c’est que le Brésil gagne et marque beaucoup de buts, malgré la grosse pression qui pèse sur les joueurs.
Que pensez-vous du parcours des équipes africaines ?
J’étais très déçu par les prestations du Cameroun. Ils avaient pourtant une très belle équipe. Je ne sais pas ce qui s’est passé dans cette équipe, mais ce n’est pas normal. On verra si les autres sélections africaines arriveront à se qualifier au prochain tour. (Ndlr : entretien réalisé avant l’élimination de la Côte d’Ivoire).
Quelle serait l’équipe que vous souhaiteriez voir gagner la Coupe du monde ?
Avant le début de la Coupe du monde, le Portugal. Aujourd’hui, je souhaite que ce soit le Brésil.
Quand vous étiez joueur de Porto, vous parlait-on de Madjer ?
On n'avait même pas à me parler de lui. Madjer était une idole à Porto. J'ai passé sept années à Porto et je sais à quel point l'histoire du club est importante là-bas. Madjer a fait partie de l'histoire parce qu'il avait d'immenses qualités, mais aussi parce que c'est un joueur élégant sur et en dehors des terrains. Il a toujours été différent des autres grâce à sa finesse.
Vous avez décidé de finir votre carrière au Brésil. Que faites-vous depuis que vous avez quitté Fluminense ?
J'ai mes affaires dont une fondation Deco dans ma ville natale de Sao Bernardo do Campo, dans l'Etat de Sao Paulo. Le reste de mon temps libre, je profite de la vie.
Vous avez joué dans les plus grands clubs européens comme Porto, Barcelone, Chelsea. Quel est le meilleur souvenir de votre carrière ?
Vous savez, lorsque j'ai quitté le Brésil pour aller en Europe, j'avais 17-18 ans. Je suis parti très jeune au Portugal où j'ai été très heureux à Porto. J'ai pu aussi réaliser un rêve d'enfant en jouant à Barcelone. Lorsque je suis parti à Chelsea, je commençais à sentir le poids des 15 années passées loin du Brésil. J'avais donc le mal du pays et j'ai décidé de rentrer parce que j'avais aussi quelques problèmes familiaux, à cause des enfants. Fluminense m'a ouvert ses portes et j'ai passé trois années exceptionnelles en gagnant deux championnats du Brésil et un championnat carioca. Pour être franc avec vous, je ne m'attendais pas du tout à revenir jouer chez moi dans mon pays. Revenir au Brésil et remporter le championnat du Brésil, qui n'est pas facile à gagner, a été une expérience incroyable, c'était inespéré. Finalement, chaque étape de ma vie de footballeur a été exceptionnelle pour moi. Je dirais mieux, chaque moment a été spectaculaire. Donc, quand je regarde le film de ma vie de footballeur, je me sens fier de ce que j'ai pu réaliser.
Même s'ils passent de longues années loin de leur pays, les Brésiliens tout comme les Algériens finissent toujours par rentrer à la maison pour y terminer leur carrière et y vivre. Comment expliquez-vous ce phénomène ?
Sincèrement, je ne sais pas comment expliquer cela. Pour parler de mon cas personnel, je dirais que le lien que j'ai avec mon pays, ma terre, ma famille est tellement fort que je ne me vois pas vivre loin du Brésil. Cela ne veut aucunement dire que j'ai été malheureux en Europe. J'ai par exemple un sentiment très spécial pour le Portugal, au point où depuis que je vis au Brésil, le Portugal me manque aussi. C'est difficile d'expliquer le mal du pays, mais ça doit avoir un rapport avec la famille, les amis, le lieu où on a grandi. Ça doit être ça oui et c'est pour cela qu'on a tous envie de retourner chez nous à un moment ou un autre de notre vie, malgré toutes les belles choses qu'il y a en Europe.
Vous avez connu de grands entraîneurs durant votre longue carrière, mais les joueurs qui ont connu Mourinho, comme Vitor Baia, disent qu'il est très spécial, qu'il a quelque chose que les autres n'ont pas. Quelle est la chose qui le différencie des autres entraîneurs ?
Durant ma carrière, j'ai effectivement connu de grands entraîneurs, comme Scolari, Rijkaard, Ancelotti à Chelsea, Fernando Santos que j'ai connu à Porto et qui est actuellement sélectionneur de la Grèce, Abel Braga qui a été mon entraîneur à Fluminense et Mourinho lui-même qui fait partie des meilleurs. Ce qui le différencie des autres ? Je crois qu'en plus de bien maîtriser l'aspect tactique, Mourinho possède un contrôle total sur ses joueurs. Il sait comment chacun de ses joueurs réagit à la pression d'un match et par conséquent, il sait tirer le maximum de chaque joueur.
Il est plus psychologue...
Absolument. Je crois que la différence entre lui et les autres est là. Vous avez sans doute remarqué qu'il a réalisé ses meilleurs résultats lors de sa deuxième saison dans chacun des clubs qu'il a entraînés. Il a besoin de bien connaître ses joueurs, avant de tirer le maximum d'eux.
Vous venez de citer Scolari parmi les entraîneurs qui vous ont marqué. Quand il était sélectionneur du Brésil, Scolari a déclaré que son seul grand regret, c'est de ne pas vous avoir convoqué pour la Seleçao, mais dès qu'il a pris en main le Portugal il a dit : «Je ne regrette plus mon choix maintenant que j'ai Deco en sélection portugaise.» Que vous fait une telle marque de respect ?
En plus d'être mon ancien entraîneur, Scolari est un ami. L'un des grands amis que je me suis fait dans le football. Ce fut une personne très importante dans ma carrière, j'ai beaucoup appris à ses côtés car Scolari possède une qualité rare dans le milieu du football de haut niveau : c'est quelqu'un de très honnête. Effectivement, en 2002, avant la Coupe du monde, j'étais sur le point de rejoindre la sélection brésilienne. A cette époque, je ne savais pas encore dans quelle sélection j'allais jouer. Je ne sais pas si c'est une coïncidence ou c'est tout simplement le destin, mais une fois que j'ai décidé de jouer pour le Portugal, Scolari a été installé à la tête de la Seleçao.
Et vous marquez un but à la sélection brésilienne avec le maillot du Portugal ! Qu’avez-vous ressenti à cet instant ?
Vous savez, le Portugal est le pays qui m'a tout donné dans le football et je ne pouvais pas être ingrat. Jouer pour la sélection portugaise a été une forme de gratitude envers ce pays. Mieux, je ne regrette pas mon choix d'opter pour le Portugal. C'est vrai que le Brésil est mon pays et c'est là que j'ai mes racines et mes repères, mais footballistiquement, je serai tout le temps reconnaissant envers le Portugal.
Vous ne m'avez pas dit ce que vous avez ressenti lorsque vous avez inscrit un but à la Seleçao, à l'occasion de votre première sélection avec le Portugal...
C'est vrai que ce fut un sentiment différent, presque bizarre. C'est clair que jouer contre le Brésil, ce n'est pas la même chose que jouer contre une autre sélection. C'était un moment spécial. Pour revenir à mon premier match avec la sélection portugaise contre le Brésil, j'avoue déjà que je ne m'attendais pas du tout à marquer et lorsque j'ai marqué, j'ai eu un sentiment mitigé. C'était un moment incroyable.
Messi a dit de vous : «Dans le vestiaire, Deco ne parle pas beaucoup, mais quand il le fait, tout le monde l'écoute.» Qu'est-ce que ça vous fait d'entendre de telles paroles de la part du meilleur joueur de la planète ?
Vous savez, chaque joueur a une manière propre à lui de réagir dans un vestiaire. Le plus important dans le foot, c'est de laisser une bonne image là où on va et c'est ce à quoi je me suis attelé tout au long de ma carrière. J'ai toujours eu de très bons rapports avec mes coéquipiers dans tous les clubs où j'ai joué. Je n'ai pas des relations d'amitié avec tout le monde, parce que j'ai joué avec beaucoup de joueurs, mais je peux dire que j'ai de bonnes relations avec tout le monde. Vous savez, dans une équipe de foot, la base, c'est le respect entre les joueurs. Tu n'es pas obligé de m'aimer, on n'est pas obligés d'être amis parce que c'est impossible quand chacun vient d'un pays différent avec une mentalité propre à lui. Par contre, le respect est obligatoire. Le respect de l'autre, c'est mon principe dans la vie. Comme je suis une personne réservée, je ne parle pas beaucoup dans un vestiaire, mais quand je parle, c'est pour dire un truc sérieux, pas des idioties.
Que disiez-vous de particulier pour impressionner à ce point vos coéquipiers ?
Rien de particulier, croyez-moi. Quand je voyais que le groupe avait besoin de réagir à un moment donné du match, je prenais la parole pour dire qu'on devait gagner, qu'on devait être conscients de l'importance des couleurs club qu'on défend, des choses dans le genre, des choses du football quoi. Ce que Messi voulait dire je crois est que je ne parlais pas pour parler, que je parlais pour dire des choses importantes.
Que pouvez-vous dire aux nombreux admirateurs de Deco en Algérie ?
Je les salue de tout mon cœur.
Merci Deco de nous avoir accordé ces quelques instants.
Merci à vous. J’embrasse tous les Algériens.
 

Publié dans : algerie chelsea ronaldo Deco Fluminense

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