Giresse se livre au Buteur : «Belmadi a remis de l’ordre dans son équipe mais l’Algérie ne sera pas l’unique favori pour la CAN»

Dans cet entretien accordé au Buteur, le sélectionneur de la Tunisie, futur adversaire des Verts le 26 mars prochain, en amical, estime que cette rencontre contre l’Algérie lui permettra de dégager à un pourcentage très élevé l’effectif appelé à défendre les chances des Aigles de Carthage en Égypte où aura lieu la prochaine Coupe d’Afrique des nations 2019. Alain Giresse nous parle des chances de l’Algérie dans cette CAN et nous livre aussi son avis sur le choix difficile des joueurs binationaux à trancher en faveur de leur pays d’origine. Entretien !

Tout d’abord coach, on voudrait savoir comment se déroule la préparation des prochains rendez-vous avec la Tunisie ?
Tout se passe bien, on est à quelques jours et on essaye de connaître un petit peu tout le monde, afin de pouvoir tirer un maximum d’informations, avant la prochaine Coupe d’Afrique des nations qu’on jouera en Juin.
Et si on évoquait un peu l’importance du match contre l’Algérie prévu dans quelques jours ?
Écoutez, le match de l’Algérie n’est pas forcément la priorité des priorités pour la Tunisie car avant cette rencontre, on doit affronter la Guinée. Après, bien sûr, pour bien préparer la CAN, il va falloir aussi faire en sorte de tirer un maximum d’informations de l’Algérie. Donc effectivement, ces deux matchs vont beaucoup nous servir pour la CAN.
Ce derby maghrébin revêt quand même une importance particulière, coach Giresse ?
Oui, mais attendez, ce n’est pas une finale de Coupe du monde quand même ! Ce n’est qu’un match amical. C’est vrai que pour deux équipes déjà qualifiées, cette rencontre nous permettra de voir nos joueurs face à un bon adversaire. Pour ma part, c’est aussi une occasion de les découvrir et d’effectuer une revue d’effectif.
Pour certains joueurs, ça pourrait être une dernière chance voire une aubaine à ne pas rater pour convaincre...
C’est clair, ce sera le cas aussi pour l’ensemble de l’effectif qu’on a convoqué pour ces deux prochains matchs. Ça doit être aussi le cas pour Belmadi qui devrait aussi voir des joueurs à l’œuvre, en perspective de la liste définitive pour la CAN, surtout qu’il s’agira du dernier match avant l’entame de la préparation de la CAN. Belmadi a peut-être une meilleure idée sur son groupe parce qu’il a déjà dirigé quelques matchs, ce n’est pas mon cas, car je vais les rencontrer et préparer mes joueurs pour la première fois avant de diriger ces deux matchs et les voir de près pour dégager une bonne idée.
L’Algérie est passée par des moments difficiles, vous ne croyez pas que l’arrivée de Belmadi a ramené une certaine identité dans le jeu des Verts ?
Certainement, Belmadi possède une bonne connaissance du football et du footballeur algérien, il a ramené de la sérénité et de la tranquillité dans son équipe. Parce que l’Algérie n’a jamais été un problème de joueurs, le talent et le potentiel existent dans cette sélection. Il y avait des problèmes de cohésion et de fonctionnement au niveau du jeu qui ont fait que l’Algérie n’avançait pas. Belmadi a trouvé l’équilibre qu’il faut pour faire avancer ses joueurs.
Comment expliquez-vous les difficultés rencontrées à convaincre des joueurs binationaux à jouer pour leur pays d’origine ?
Aujourd’hui, il faut se rendre compte qu’il s’agit de joueurs d’origine africaine qui ont grandi en France avec une formation, une éducation et une culture différente. Donc parfois le choix est sportif, et aussi émotionnel. Ce n’est pas simple aussi de les convaincre de jouer pour leur pays d’origine, sachant qu’ils ont certaines ambitions sportives.
C’est le cas de pas mal de joueurs tunisiens et aussi algériens, comme Fekir par exemple qui a choisi de jouer pour la France, pour faciliter aussi ses transferts, non ?
Je ne suis pas d’accord avec vous qu’on choisisse de jouer pour la France afin d’augmenter ses chances de jouer dans un top club. Après, c’est vrai, Nabil Fekir est champion du monde, il ne le serait jamais devenu par exemple s’il avait choisi de jouer avec l’Algérie, pareil pour Paul Pogba. Ce n’est pas rien, donc on ne peut pas leur reprocher grand-chose. Sadyou Mané est né au Sénégal et cela ne l’a pas empêché d’atterrir à Liverpool et devenir un top joueur. Il y en a plusieurs qui sont dans sa situation, donc qu’on soit né en Afrique, en Asie ou ne je sais où, les clubs ne sont intéressés que par le talent et la valeur du joueur.
Vous allez alors tenter de faire venir des binationaux tunisiens pour la CAN ?
Bien sûr, s’il y a des joueurs binationaux tunisiens qu’on peut ramener, on les sollicitera, après c’est à eux de décider et de choisir. On a le frère de Khedira qu’on veut ramener. Sami, son frère, a été champion du monde, donc s’il avait joué pour la Tunisie, il ne le serait jamais devenu (rires).
La prochaine CAN se jouera en Égypte. Un mot sur ce choix, peut-être ?
Je pense que c’est une bonne chose, car il faut savoir que tout ce qu’il faut pour préparer les matchs durant la CAN existe en Égypte, chose qui est compliquée dans certains pays d’Afrique. Je pense surtout qu’on n’aura pas des soucis d’infrastructures, comme les terrains répliques, les moyens de récupération et l’hébergement.  
Pour finir, pensez-vous que l’Algérie sera un favori pour cette CAN ?
Elle ne sera pas la seule équipe favorite pour la CAN, après on considère que compte tenu des joueurs qu’elle possède et le travail réalisé par Belmadi qui est en train de remettre de l’ordre dans son équipe, on peut dire qu’elle sera bien évidemment favorite. Vous savez, lorsqu’on regarde la Ligue des champions, on s’aperçoit qu’il y a quand mêmes des Algériens qui jouent à ce grand niveau. Par contre, je ne vois pas de joueurs tunisiens évoluer à ce niveau (rires). C’est quand même révélateur comme signes de pouvoir compter sur des joueurs de cette classe. Des joueurs comme ça représentent une locomotive dans un groupe. C’est un atout non négligeable. Je voudrais faire un petit clin d’œil si vous permettez.
Oui, allez-y, bien sûr ?
Ce match Algérie-Tunisie se jouera au 5-Juillet ?
Pas sûr, coach Giresse, il devrait être programmé à Blida…
Ah d’accord ! Parce que ça me ferait plaisir de revenir dans ce grand stade où j’avais eu l’honneur de jouer contre une grande équipe algérienne lors des années 80 avec Bordeaux. Voilà, ça me ferait un grand plaisir de revenir jouer ce match sur ce terrain.
 

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