Gourcuff : «J’ai quitté la Ligue 1 sans regret....Le foot est devenu un business»

«L’Algérie est superbe, les gens sont fantastiques et je regrette de ne pouvoir découvrir le pays complétement» 

Dans un entretien accordé au magazine pédagogique et pratique destiné aux éducateurs et aux entraîneurs de football intitulé «Vestiaires», le sélectionneur national, Christian Gourcuff, a livré quelques confidences, notamment en ce qui concerne sa philosophie de jeu, et a aussi parlé de son aventure avec la sélection algérienne, qu’il a prise en main en août 2014. Le technicien français a de nouveau évoqué sa relation avec les Algériens qui, dit-il, l’ont admirablement accueilli. «L’accueil des Algériens, et notamment ceux d’un certain âge, a été fantastique. Beaucoup de gentillesse, de simplicité, de respect aussi. Je ne m’attendais pas à des relations aussi riches. Après, il s’agit bien sûr d’un pays superbe. Et bien que j’évolue dans un cadre privilégié, je regrette de ne pouvoir le découvrir complétement.»

«Je n’ai qu’un seul objectif : la Coupe du monde 2018»
Pour ce qui est de ses objectifs et ses ambitions futurs, Gourcuff dira : «Je n’ai jamais eu de projet de carrière. Ma seule ambition est de connaître le maximum d’émotions et de plaisir au travers du jeu. Vivre sa passion est un privilège trop rare pour ne pas savoir l’apprécier.» Avant d’ajouter : «Je ne sais pas ce que me réserve l’avenir. Je ne vois rien, pas même à une échéance d’une année, même si je suis complétement engagé et investi avec l’Algérie. Un projet professionnel qui me plaît, avec un objectif : la Coupe du monde 2018.»

«Je suis un adepte du 4-4-2, mais vous n’arrivez pas en sélection avec les mêmes exigences d’un travail de club»  
Sur son schéma tactique, il dira : «Je demeure naturellement un adepte du 4-4-2. Cela dit, vous n’arrivez pas en sélection avec les mêmes exigences que lorsque vous travaillez depuis 20 ans sur les mêmes automatismes… Il est donc nécessaire d’avoir une présentation claire et concise du projet de jeu mais aussi beaucoup de souplesse dans son application. Le challenge en ce sens m’excitait beaucoup : comment, en quelques séances et causeries, imprégner un groupe d’une idée de jeu très différente de celle développée précédemment ? La qualité de la réponse des joueurs dépend aussi beaucoup du relationnel et de leur motivation à s’en imprégner : le plaisir est toujours le ressort de motivation le plus fort !»

«Le Brésil de 82, le Milan de Sacchi et le Barça de Guardiola m’ont beaucoup inspiré»
«J’ai été influencé par des équipes qui ont su me donner des émotions dans le jeu collectif développé, et le Brésil de 1982 en fait partie, comme celui de 1970. Je citerais aussi le FC Nantes de Suaudeau qui m’a inspiré par sa créativité, le Milan AC de Sacchi qui m’a beaucoup apporté dans la méthodologie de la zone, et bien sûr le Barça de Guardiola par la force de ses convictions. Mais une autre personne, moins connue, m’a permis de me questionner sur le jeu collectif. Il s’agit de Jean-Claude Trotel, prof de STAPS, et à une époque inspirateur du club amateur de Lamballe FC.»

«En sélection, le résultat est plus important que le beau jeu»
Fortement critiqué ces derniers temps, suite aux victoires sans conviction acquises par les Verts dernièrement, le coach national assure que l’essentiel n’est pas le beau jeu, si le résultat ne suit pas.  «Le poids du résultat est plus grand encore en sélection où chaque match est déterminant. Mais le débat du «beau» jeu n’a pas lieu d’être si l’on considère le résultat comme l’aboutissement d’un épanouissement collectif d’une équipe.»

«Je n’adhère pas à la philosophie de jeu de Bielsa»
Appelé à faire une comparaison entre les systèmes tactiques de deux entraîneurs, Marcelo Bielsa (ancien coach de l’OM) et Hubert Fournir (coach de l’OL), Gourcuff a répondu : «Bielsa a apporté un esprit «offensif» et dynamique du jeu, mais je ne partage pas du tout le marquage individuel comme stratégie collective. Je suis d’ailleurs étonné que dans l’analyse du jeu de l’OM la saison passée, les observateurs ne l’ont que très peu mentionné. Quant à l’OL, son 4-4-2 était en réalité un 4-3-3. L’organisation des phases de transitions traduit véritablement les organisations de jeu. Ce 4-4-2 en losange était très loin, par exemple, de celui de Bordeaux de Laurent Blanc.»  

«Le foot est devenu un business»
Qu’en est-il est des entraîneurs-bâtisseurs ? «Il en reste peu… Le foot est devenu un business, les dirigeants nomment les entraîneurs en fonction de leurs intérêts. Notre sport s’apparente désormais à un secteur économique parmi d’autres, qui suit les mêmes règles de management. Ceci dit, le retour sur «investissement» ne se fait que dans la persévérance de la recherche de la qualité, d’où l’ambiguïté du système.»

«Mon expérience au Qatar m’a beaucoup apporté et me sert à ce jour»
«Joueur, je suis parti jouer à La Chaux-de-Fonds, en Suisse, à une époque où les joueurs sortaient rarement de France, puis j’ai fait quelques semaines à Montréal, en fin de carrière, pour découvrir le continent nord-américain. Mon expérience d’entraîneur au Qatar (2002-2003, ndlr) m’a aussi apporté une faculté d’adaptation à une autre culture, qui m’a beaucoup servi pour la suite, tant humainement que professionnellement. Alors oui, j’ai toujours eu le goût de l’aventure. Mais le Breton est un grand voyageur, qui revient toujours sur ses terres à l’image des navigateurs !»

«J’aime suivre les matchs de la Liga ainsi que ceux du FC Porto où évolue Brahimi»
Questionné sur le championnat qu’il suit plus particulièrement, l’ancien coach des Merlus répondra : «C’est la Liga que j’ai le plus de plaisir à regarder actuellement, ainsi qu’une équipe comme le FC Porto où évolue Yacine Brahimi.»

«J’ai quitté la Ligue 1 sans regret»
Pour ce qui est de son départ de la Ligue 1, Gourcuff dit ne pas le regretter. «Je l’ai quittée sans regret. La vie professionnelle est faite d’expériences diverses qu’on ne décide pas complétement : mon histoire à Lorient s’est arrêtée brutalement et un nouveau challenge s’est présenté.»
 

Articles Connexes :

• Gourcuff vers l’Algérie, un chemin inéluctable ?
• Halilhodzic : «Je n’ai pas grand-chose à dire»
• Raouraoua a demandé à Gourcuff de ne rien dire
• Gourcuff rendra sa réponse finale prochainement