Saïb : «Ce n’est pas Alcaraz qui décide, sinon pourquoi les joueurs écartés ont appelé Zetchi pour s’informer»

Moussa Saïb, l’ex-vedette de la JSK et de l’AJ Auxerre, revient sur la prestation des Verts contre le Cameroun qu’il juge mitigée. L’ancien joueur de Tottenham et Valence estime que l’Algérie n’a rien montré de consistant dans son jeu pourtant devant une équipe camerounaise loin d’être un foudre de guerre. Moussa nous a aussi parlé de la situation de son club de cœur et du chantier qui attend Hamid Sadmi avec la JSK. Entretien !

Moussa, vous avez certainement suivi le dernier match des Verts perdu contre le Cameroun à Yaoundé, un commentaire ?
Je dois dire que je suis très déçu de la prestation de l’Equipe nationale. Franchement, je me demande comment certains osent parler de bonne prestation. Personnellement, je n’ai pas vu une bonne Equipe nationale contre une équipe du Cameroun qui était à mon sens morte et sans âme. En tout cas, ce n’était pas le Cameroun  qu’on avait connu  à l’époque. On n’arrivait pas à développer un jeu contre une équipe assez prenable. Il n’y avait aucune pression de résultat ni rien du tout, les tribunes étaient vides et la pelouse était belle, donc c’est par rapport à cela que je peux dire que je n’ai pas reconnu notre équipe.
En plus des absents, Brahimi et Ghoulam, le coach a décidé de se passer de trois joueurs titulaires, Bentaleb, Mahrez et Slimani ; pensez-vous que cela a pesé dans le rendement global dans ce match ?
Ecoutez, ma position sur cette mise  à l’écart de Bentaleb, Slimani et Mahrez est claire, ce n’est pas l’entraîneur qui les a évincés. Je n’ai pas envie de trop y revenir mais c’est ma conviction. Malheureusement, le président est revenu à la case départ. Je veux dire que l’entraîneur n’y est pour rien. On lui propose ou impose des choix, à mon avis, en lui demandant d’enlever celui là ou de rappeler celui-ci. Par exemple, j’ai lu sur Le Buteur que Slimani avait appelé le président pour se renseigner sur les raisons de sa mise à l’écart, et là, j’ai envie de dire qu’il s’agit du domaine technique  lorsqu’on n’est pas convoqué, on appelle l’entraîneur pour s’expliquer et en connaître les raisons, on n’appelle pas le président. Cela veut tout dire, non ?
Qu’est-ce que ça veut dire ?
Cela veut dire que ce n’est pas le sélectionneur qui décide ! Il faut arrêter de nous faire croire qu’il s’agit d’un choix technique parce que pour moi, il est impossible pour un entraîneur de se passer de trois joueurs  au même moment, impossible ! Surtout en cette période où on a besoin de sérénité et  de reprendre confiance.
Qu’est-ce qu’il faut faire alors s’il s’agit par exemple d’un cas de discipline ?
Il faut les appeler, les recadrer et bien sûr les soumettre à un règlement intérieur, comme tout le monde fait. Maintenant, celui qui veut suivre la discipline imposée est le bienvenu, sinon, les portes sont grandes ouvertes, vous avez compris ?
Oui, bien sûr, on comprend mais si on vous dit par exemple on a envie de voir d’autres joueurs, les essayer...
(Il nous coupe)  Mais ce n’est pas possible ! Franchement, je ne sais pas qui a dit ça mais je vais lui répondre. En sélection on n’essaye pas, on ramène des joueurs aptes et prêts, ce n’est pas un club, voyons ! Tu as un choix  sur je ne sais  combien de licences  en Algérie et en Europe capables d’apporter un plus à la sélection et on vient nous parler d’essais ?!  Non, on ne peut pas tester des joueurs en Equipe nationale, je suis désolé.  Tu as une ossature, des joueurs confirmés qui sont à ta disposition et tu rappelles les meilleurs du moment avec bien entendu des joueurs confirmés qui peuvent être là même lorsqu’ils sont en difficulté avec leur club.
Revenons au match, le coach Alcaraz a prôné un système de 3/4/3 offensif, pensez-vous que c’est la bonne tactique pour un match comme celui du samedi ?
Je crois très sincèrement qu’on n’a pas mis les joueurs qu’il fallait pour ce système de jeu.  Par exemple, pour les deux milieux excentrés que sont Fares, à gauche, et Feghouli, à droite,  ils n’ont pas pu tenir leur rôle comme il se doit.  Feghouli   par exemple est bon offensivement mais il a été grillé dans ce rôle parce qu’il devait assurer tout le couloir défensivement aussi. C’est ce qui explique son rendement. A mon avis, on pouvait mettre un Benguit dans ce poste parce qu’il est plus vif et assure mieux derrière.
Feghouli avait, en conférence de presse d’avant-match, appelé les joueurs à mouiller le maillot et a évoqué des sujets brûlants, une réaction ?
Ecoutez, il est libre de parler mais si j’ai un conseil à lui donner, c’est de s’intéresser et de se concentrer sur ce qu’il peut faire sur le terrain. Guy Roux me le disait toujours, un joueur en exercice doit s’exprimer sur le terrain et éviter de se mettre sous pression. Feghouli est un joueur sélectionnable et le mieux est de te concentrer sur ton travail.
Il y a eu aussi l’entrée en jeu de Bennacer qu’on a découvert comme un bon relayeur...
Je le voyais dans un autre registre de jeu, c’est quelqu’un qui percute bien, et qui va vers l’avant.  Son entrée aura été très bonne mais sur les tâches défensives, je crois qu’il a encore du boulot à faire parce que s’il est encore appelé en milieu défensif, il doit aussi assumer la récupération donc, c’est à ce niveau qu’il doit améliorer ses qualités. Je crois qu’il sera encore performant derrière les attaquants ou l’avant  de pointe.
Et si on parlait de la JSK, un mot sur cette situation qui prévaut à la maison kabyle ?
Bon, indépendamment du départ de l’entraîneur,  je crois qu’il faut donner du temps à cette nouvelle direction qui vient juste de commencer. En tout cas, on n’a pas le choix, une nouvelle ère  commence, alors il ne faut pas trop les bousculer. C’est vrai qu’on a tendance à s’impatienter parce que l’amour du club nous pousse à vite revenir aux sacres et aux triomphes mais il ne faut pas se précipiter. Les résultats sont là avec cette dernière victoire qui fera beaucoup de bien à la maison, donc laissez les gens travailler.
Que pensez-vous de cette direction installée présidée par un ancien de la JSK,  Hamid Sadmi ?
 Je crois qu’il y a une volonté d’améliorer les choses. Les membres de la direction sont en train de chercher des partenaires, ça travaille beaucoup dans ce sens. Donc voilà, je ne sais pas où on en est avec les Italiens mais je crois que ce n’est qu’avec des projets comme ça que la JSK retrouvera sa santé.
Comment voyez-vous l’avenir de la JSK ?
Il y a un travail qui est en train de se faire sous la direction de Hamid Sadmi. Moi je dis qu’il faut accorder du temps à cette direction. Il faut au moins attendre la fin de la phase aller pour pouvoir faire un bon jugement sur ce qui se fait depuis l’installation de cette nouvelle direction.
Pour terminer, vous soutenez Sadmi, c’est bien cela ?
Ce n’est pas une question de le soutenir ou non, seulement, il ne faut pas oublier que Sadmi a  hérité d’une situation critique. Je ne suis pas en train de le protéger mais c’est la vérité, il faut le laisser travailler. Il faut les encourager par la sérénité.

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