Ounas : «Si Gourcuff me fait appel, je n’hésiterai pas à dire oui»

Le 11 novembre dernier, Adam Ounas fêtait ses 19 ans. Joueur des Girondins de Bordeaux, il est sans doute l’une des rares satisfactions bordelaises de cette première partie de saison. Très habille techniquement, le Franco-algérien fait depuis quelque temps parler de lui outre-mer et beaucoup d’observateurs, voient en lui un futur crack. Avec un pied gauche redoutable, ce joueur d’à peine 1m72, en est déjà à 2 buts inscrits en Ligue 1 en seulement 177 minutes jouées. Joint par nos soins, il a accepté de répondre à nos questions et surtout de nous faire part de son choix de sélection, lui qui, comme révélé par nos soins dernièrement, figure dans les tablettes de la Fédération algérienne de football. Christian Gourcuff, le sélectionneur national, qui connaît parfaitement le championnat français, le suit d’ailleurs attentivement. L’Algérie dans le cœur, Ounas nous a notamment révélé qu’il dira oui, si on lui faisait appel. La FAF est avertie et si elle ne veut pas éviter un scénario, Fekir bis, dans les prochaines semaines, elle doit rapidement s’activer pour le chiper et en faire un projet d’avenir pour les Verts. Il est important de souligner que le joueur évolue depuis peu avec les U20 de l’Equipe de France.

Actuellement premier non relégable, Bordeaux réalise un début de saison plus que compliqué. Votre commentaire ?
C’est vrai qu’on traverse depuis quelque temps une mauvaise passe, mais je pense que rien ne sert de s’inquiéter cependant. On va essayer de gagner des points avant la trêve et partir ainsi en vacances avec plus de sérénité. On va affronter respectivement, Guingamp, Angers et enfin Marseille et on sait qu’on ne devra pas se louper. Comme toutes les équipes de Ligue 1, on a eu des moments difficiles, mais désormais, on doit se ressaisir. Les joueurs se sont réunis et on s’est promis de se racheter. De mon côté, je me tiens prêt, et si le coach décide de me mettre titulaire ce dimanche, je ferai en sorte de tout faire pour marquer de nouveau.
Malgré un stade flambant neuf et des joueurs de qualité, Bordeaux peine à retrouver son lustre d’antan. Pourtant, vous n’êtes pas si mal contre les gros clubs, mais face aux petites équipes, c’est plus compliqué. Pourquoi selon vous ?
C’est vrai que face à Monaco, Lille, Lyon, le PSG et Saint-Etienne, on arrive à faire de très grands matchs. Cependant, je ne crois pas qu’il y a de petites équipes, surtout lorsqu’on voit ce que réalise un club comme Caen. On essaye de développer du beau jeu dans notre nouveau stade, mais je pense qu’il y a des moments où on n’est pas assez solidaires. Il y en a beaucoup qui lâchent sur le terrain. C’est ça, à mon avis qui nous fait perdre des matchs, surtout face aux clubs, qu’on qualifie de soi-disant «petits». Chacun à son opinion, mais le plus important maintenant est de gagner ce dimanche face à Guingamp. C’est une obligation.
Sur le plan personnel, votre carrière a connu un bond exceptionnel. Il y a deux mois à peine, vous étiez avec la réserve et personne, ou presque, ne vous connaissez. A présent, on parle beaucoup de vous. Est-ce que vous vous attendiez à ça ?
Je m’attendais un peu à ça, je ne vais pas vous mentir. A l’intersaison, on m’avait dit que j’allais monter en équipe première, mais sans doute pas à cette période de la saison. La blessure de Chantôme (Joueur de Bordeaux) avant le match de Lorient a poussé le coach à faire appel à moi. Par la suite, je suis rentré durant ce match et j’ai marqué, cela a convaincu le coach de me garder encore plus longtemps et me renouveler sa confiance. Face à Troyes ensuite, je marque l’unique but du match et voilà comment les choses se sont enchainées.
Malgré votre temps de jeu assez réduit, vous avez réussi quand même à marquer deux buts en L1…
C’est vrai que je n’ai pas eu beaucoup de temps de jeu, mais j’ai mis deux buts néanmoins. C’est un bon ratio, je pense, surtout pour un jeune qui débute comme moi. Sachez que lorsque je joue que ce soit avec la réserve ou l’équipe pro, soit je marque soit je donne des passes décisives. Je ne baisse jamais les bras et surtout je ne doute jamais de mes qualités. C’est ce qui m’a aidé à arriver là et qui fait ma force.
On sait que vous êtes un joueur très technique, dribbleur. Décrivez-nous plus concrètement votre style de jeu…
Mon exemple du moment, c’est Neymar, le joueur du Barça. Je pense qu’on a pratiquement le même style de jeu, mis à part que lui, il est droitier, et moi gaucher. Comme lui, j’aime prendre de la vitesse lors des attaques, dribbler, provoquer et créer des occasions de buts. J’ai aussi une bonne vision de jeu et je prends du plaisir aussi bien à marquer qu’à donner des passes décisives à mes partenaires.
Parlons à présent de vos origines. Vous êtes de parents algériens, c’est bien ça ?
Oui, exactement. Mes parents sont nés tous les deux à Mostaganem. Pour ma part, je me suis fait délivrer récemment la carte nationale algérienne et je suis en train de faire mon passeport algérien, que je devrais avoir d’ici un mois.
En Algérie, on commence à parler de vous et de vos qualités. Selon nos informations, la Fédération algérienne de football ainsi que le sélectionneur Gourcuff vont vous suivre de près. Déjà, est-ce que vous seriez prêt à intégrer la sélection algérienne, si jamais on vous fait appel ?
Oui, j’ai lu ça récemment, que Gourcuff visait quatre joueurs binationaux, dont moi. Je pense que si je reçois une convocation de l’équipe d’Algérie A, je n’hésiterai pas à dire oui. Il y a beaucoup de qualité dans ce groupe, avec les Brahimi et autres. Après, si c’est l’équipe Espoir ou bien les U23, je pense que je mettrai du temps pour réfléchir. Mon but, c’est l’équipe A, car j’aime viser haut.
Vous avez intégré dernièrement les U20 de l’Equipe de France. Vos débuts ont été étincelants avec un but et une passe décisive face à l’Angleterre…
Oui, c’est vrai. J’ai été convoqué le mois dernier et pour mes débuts, j’estime avoir fait bonne figure, en marquant un but et en offrant une passe décisive. Pour tout vous dire, j’ai joué ce match sans pression et j’ai été content de notre victoire au final. Ça été aussi une fierté d’avoir été sélectionné, car la France, c’est aussi mon pays.
Est-ce qu’il y a un contact de la part de la Fédération algérienne ou pas du tout ?
Pour l’instant, pas du tout.
Comme tous les Algériens qui vivent en France, est-ce que vous suivez les matchs de la sélection algérienne ?
Oui, évidemment. Il y a beaucoup de joueurs qui sont nés en France comme moi et qui jouent pour l’Algérie. Les Brahimi, Feghouli, Mahrez, Bentaleb et autres. Je pense que si je suis appelé, avec cette équipe, je m’entendrai bien avec ces joueurs-là, qui ont eu pratiquement le même parcours que moi.
Vous disiez tout à l’heure que vos parents sont nés à Mostaganem. On imagine qu’ils sont très liés à l’Algérie eux aussi, n’est-ce pas ?
Bien entendu. Mon père y va deux ou trois fois par an et ça lui arrive de rester longtemps là-bas.

On suppose alors qu’il vous encourage à choisir l’Algérie du coup…
Mon père m’a dit que c’était moi le joueur et que la décision me revenait exclusivement. Il m’a dit d’écouter mon cœur tout simplement. Si celui-ci penche plus pour la France, parce que c’est là où je suis né et j’ai grandi, il m’a dit qu’il comprendrait, mais si c’est l’Algérie, il en serait fier aussi, car cela fera plaisir à la famille et voudra dire que je n’oublie pas mes origines. Je pense qu’il sera très content si je joue pour l’Algérie. Ma sœur par contre, me dit de choisir l’Algérie.
A Bordeaux, il y a un autre joueur franco-algérien, en l’occurrence, Ilyes Hassani. Ça vous arrive de parler de l’Algérie tous les deux ?
Oui, effectivement. Il est venu de Toulouse l’été dernier. Ça nous arrive de parler bien sûr de l’Algérie et de la sélection. Je sais que lui aussi, est plus penché vers l’Algérie.
Vous êtes natif de Bordeaux, c’est bien ça ?
Non, non. Je suis originaire de Tours. Je suis arrivé à Bordeaux il y a trois ans.
Un dernier mot pour conclure cette interview ?
Je veux dire que pour l’heure, je suis entièrement concentré sur mon club et lorsque l’Algérie fera appel à mes services, je verrai avec leurs responsables. Mon objectif en ce moment est de vraiment percer avec Bordeaux et l’aider à s’en sortir de cette situation difficile

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