Mostefa : ««Notre parcours au Brésil est l'œuvre de Vahid, on voulait tous le rendre fier de nous»»

Il faisait partie de cette bande d’Algériens qui ont fait vibrer la ville de Curitiba, au Brésil, un certain 26 juin 2014. Mehdi Mostefa, l’un des artisans de cette qualification historique des Verts  aux huitièmes de finale de la Coupe du monde, revient sur cet exploit inédit dans les annales du football algérien, et nous parle du Mondial des sélections arabes en Russie. Mehdi regrette de constater le travail accompli par Vahid Halilhodzic détruit en un laps de temps très réduit. Il nous livre son avis sur le limogeage de Madjer et souhaite sans langue de bois le retour de Vahid pour le bien de la sélection nationale. Entretien !

Mehdi comment vous vivez ce Mondial-2018 ?
Bien sûr, avec un pincement au cœur et avec beaucoup de bons souvenirs au Brésil. Après, voir l’Algérie absente de cette Coupe du monde me fait mal en tant que supporteur numéro 1 des Verts. Mais bon, on se régale à regarder de grands matchs.
4 ans jour pour jour, après l’exploit de Curitiba, vous ressentez quoi sincèrement ?
C’était un match formidable, très tactique où on a pu rivaliser avec la Russie de Capello. Mais avant cette finale du groupe contre les Russes, il faut parler aussi de notre match contre la Corée et là je veux ouvrir une parenthèse et dire que tout ce que nous avons réalisé au Brésil est l’œuvre de Vahid. Il faut arrêter de mentir au peuple, personne ne pouvait intervenir pour faire l’équipe ou imposer des changements au coach Vahid. Qu’on se mette bien d’accord, tout le monde est encore vivant pour y témoigner, on n’osait même pas lui parler technique alors… C’est pour cela que maintenant, quand on évoque ces souvenirs, on ressent une énorme fierté d’avoir participé à écrire l’histoire du football algérien.
Comment analysez-vous le parcours du Maroc et de la Tunisie comparativement à celui de l’Algérie en 2014 ?
Je dirais qu’ils n’ont pas été ridicules. Après, parfois ils ont essayé de produire du jeu, ils se sont battus sur le terrain. Mais bon, c’est notre caractéristique de tout donner sur le terrain. Après, je pense que la Tunisie et le Maroc n’ont pas pris beaucoup de risques, comme nous l’avions fait en Coupe du monde au Brésil. Il ne faut pas oublier que nous étions aussi dans un groupe compliqué avec la Russie, la Belgique et la Corée du Sud. C’était de très bonnes équipes. Donc voilà, c’est dommage de voir la Tunisie et le Maroc sortir dès le premier tour. Nous sommes, sans aucune hypocrisie, fiers d’avoir pu réaliser ce que les autres n’ont pas pu faire. C'est-à-dire atteindre les huitièmes de finale.
Halilhodzic pense que la différence entre l’Algérie et les autres représentants arabes tous battus cette année en Russie est une question de niveau, qu’est-ce qu’il veut dire par là ?
Il sait de quoi il parle. C’est vrai que nous avons joué avec le cœur au Brésil mais Vahid parle surtout des qualités intrinsèques des joueurs algériens. On avait beaucoup de talents aussi dans cette équipe on avait des joueurs capables de faire la différence. On était 11 gladiateurs, sans oublier ceux qui étaient sur le banc et qui étaient capables de jaillir à tout moment pour faire la différence. Après, il y avait la rigueur tactique ! C’est celle de Vahid, tout était calculé  au moindre détail. Il purifiait tout, il ne laissait rien au hasard, il ne s’adaptait pas uniquement pas à l’adversaire mais on passait des heures sur le terrain à chercher à déjouer l’adversaire. Tout était important pour lui. On savait que si on se loupait, Vahid ne louperait pas.   
A ce point, vous aviez peur de lui ou quoi ?!
Non, ce n’est pas parce qu’on avait peur de lui, au contraire, on voulait le rendre fier. On était comme ses enfants. D’ailleurs, il nous considérait comme tels. Il était très dur avec nous, comme un père peut l’être aussi avec ses enfants. C’est ce qui faisait notre force, je pense.
Son retour est évoqué au même titre que d’autres coachs pressentis, vous le voyez bien revenir en Algérie ?
Ce n’est pas étonnant pour moi qu’il soit fortement pressenti. C’est vrai que Vahid était sévère avec tout le monde, mais c’est coach qui sait ce qu’il voulait. C’était un marché passé avec la FAF. A l’arrivée, il a réussi, ça a marché puisqu’il a réalisé des résultats, ça tout le monde le sait. Après, la réussite ne vient pas comme ça. Il a fait évoluer la sélection sur et en dehors du terrain. Il a même contribué par ses idées à la construction du centre de Sidi Moussa. Donc si l’Algérie peut récupérer un sélectionneur, un homme comme Vahid, elle a tout intérêt à le faire. Maintenant, je ne sais pas si Halilhodzic acceptera. C’est mon avis,  c’est lui qu’il faut pour des joueurs comme les nôtres. Tout le monde le sait ça.
Après la défaite de la Tunisie contre la Belgique 5 à 2, certains avancent que finalement l’Algérie avait raison de fermer…
C’est clair, avec Halilhodzic tout était calculé. Ouvrir le jeu face à des attaquants belges, avec tous les talents devant, aurait été une erreur difficile à assumer car si on prend une raclée comme celle prise par la Tunisie, on aurait peut-être perdu notre mental pour revenir en force contre la Corée et la Russie, et même l’Allemagne.
Après une saison en Grèce, Mehdi va-t-il raccrocher ou bien tenter une expérience en Algérie ?
Je ne sais pas encore, je n’ai plus 25 ans mais je vais n’écarte aucune option. Je vais tout regarder. Après, jouer en Algérie ne me gêne pas du tout, au contraire. Pour moi, si je vis en France, mon seul et unique pays, c’est l’Algérie.
Avant de clore, un mot pour Thierry Forger qui s’est engagé avec l’USM Alger ?
C’est un entraîneur que j’ai connu à Nîmes et je crois qu’il va apporter beaucoup d’organisation dans cette équipe et son sens tactique qu’il a pu développer lors de ses passages en France. Il a aussi pas mal d’expérience.

 

Articles Connexes :