Equipe d'Algérie

Menad : «Madjer et moi, nous n’étions pas d’accord sur le choix des joueurs et la méthode de travail»

«je considère Notre limogeage comme un manque de respect et de considération à notre égard»

Auteur : R. A. mercredi 29 janvier 2020 11:52

Après un recul qui a duré plus d’un an et demi, Djamel Menad sort de son mutisme et ouvre son cœur à El Heddaf TV. Lors de ce long entretien, l’ancien international et buteur de la JSK revient sur le limogeage du staff technique de l’EN, sa relation de travail avec l’ex-sélectionneur Rabah Madjer. Menad n’a pas hésité à donner son avis sur l’actuel coach des Verts et avoue le secret de la réussite de Djamel Belmadi à la tête de l’Equipe nationale. D’autres points liés à pas mal de questions sur l’actualité sportive ont été évoqués par Menad.

D’abord, merci de nous avoir accordé cet entretien…
C’est avec plaisir que j’ouvre mon cœur à El Heddaf TV.
Vous avez disparu de la scène sportive et vous n’accordez plus d’interview depuis votre limogeage de l’Equipe nationale en compagnie de Rabah Madjer et Meziane Ighil. Peut-on connaître les raisons de cette éclipse ?
J’ai pris la décision de prendre du recul à l’issue de notre limogeage de l’Equipe nationale. Notre limogeage m’a énormément affecté et je le considère cela comme un manque de respect et de considération à notre égard. En plus, l’environnement a beaucoup changé. Ça s’est détérioré et vous n’avez qu’à faire le constat du football national.  
Des regrets d’avoir fait partie du staff de l’EN notamment après les critiques parfois mal placées contre votre personne ?
Non, je ne regrette pas d’avoir accepté cette mission, mais nous étions visés et ciblés à la fois. Mais ce sont les règles du foot moderne. Quand les résultats ne suivent pas, c’est tout à fait logique qu’on mette fin au contrat du staff technique. Nous étions atteints moralement même si nous avons accepté la décision du limogeage. Il faut avouer que notre limogeage m’a énormément affecté et je le considère comme un manque de respect et de considération à notre égard.
Vous ne voyez pas qu’il y a eu un dénigrement à votre égard de la part de certaines parties ?
Ceux qui pensent que notre staff est loin du football moderne se trompent. Personnellement, je suis attentivement ce qui se passe dans le monde et au niveau des autres clubs d’Europe. J’ai 20 ans de carrière comme entraineur et j’ai suivi des stages de recyclage et des séminaires et je ne me suis jamais retiré du milieu footballistique. Je me documente et je suis très bronché. Je suis contre la façon dont le staff a été limogé.
Certains ont remis en cause les entrainements et les exercices proposés aux joueurs notamment ceux qui évoluent en Europe…
Quel que soit le niveau du championnat où évolue le joueur, on ne peut pas consacrer un micro cycle complet de préparation surtout que la durée de nos stages ne dépassait pas cinq jours. Les rumeurs existent et continuent d’exister. On ne va pas tout lui apprendre ou le préparer physiquement. Il y a un dispositif qui sera mis en place pour entretenir la forme du joueur. Tactiquement, on doit étudier le jeu de l’adversaire surtout lorsqu’il est costaud et c’est vrai que Madjer ne consacrait pas beaucoup de temps à la vidéo. Il ne faut pas comparer le travail qui se fait au niveau des clubs à celui accompli au niveau de l’Equipe nationale. Les gens se trompent en pensant que le volume horaire et le travail physique sont appropriés. Je cite l’exemple du championnat d’Angleterre où deux à trois journées sont programmées dans la semaine. Le plus important, c’est l’entretien de la forme des joueurs et la récupération.
Quelle a été votre relation avec les joueurs de l’EN notamment Mahrez, Feghouli et les autres qui vous respectent énormément ?
Croyez-moi, il y a toujours eu un respect mutuel entre les joueurs et les membres du staff technique. Il n’y a jamais eu de dépassement, ça se passait dans une excellente ambiance. Ils sont des professionnels qui respectent leur entourage et ne manquent de respect à personne. Maintenant, on ne peut pas arrêter la rumeur et empêcher les gens de nous dénigrer.  
Vous ne pensez-pas que le fait d’évoquer cette histoire du joueur local a perturbé le groupe et a créé des clans au sein de l’EN ?
Personnellement, je n’ai jamais ressenti cette division au sein du groupe. Madjer a tracé un programme de travail et des matchs amicaux. Nous étions le seul staff technique à avoir disputé le plus de matchs tests et nous voulions surtout associer le joueur local. Je l’ai toujours dire, nous ne pouvions pas construire une Equipe nationale composée 100% de joueurs locaux.
Des regrets d’avoir opté pour ce choix ?
On ne peut pas dire que nous avons fauté car on meublait le programme de l’EN. Lorsqu’il n’y a pas de date FIFA, on programme un stage pour ceux qui évoluent dans le championnat national. Ils sont tous des Algériens et il n’y a pas de différences entre les joueurs.
Ne pas convoquer Feghouli et Mbolhi a ouvert les portes aux critiques…
L’EN était en phase de reconstruction et nous étions en train de bâtir une équipe forte pour l’avenir. Nous avons testé toutes les variantes et on a fait appel à tous les Algériens. On nous disait qu’il faut toute une procédure pour faire venir un émigré. Seulement, le dernier mot revenait à Madjer, c’est lui qui décidait.
Ensuite, il y a eu la venue de Djamel Belmadi et son staff qui a métamorphosé l’EN et a réussi une excellent boulot…
C’est la réalité et nul ne peut dire le contraire. Djamel Belmadi a accompli un travail que nous n’avons pas réalisé. D’abord, Belmadi a su trouver la paire centrale et l’équilibre mais surtout trouver la solution dans la transition. Ce dernier était souvent notre problème lorsqu’on perd le ballon car le travail défensif doit commencer par l’attaquant, avant d’arriver aux défenseurs. Belmadi a réussi à impliquer certains attaquants dans le jeu défensif. Aussi, il a su transmettre son discours aux joueurs notamment certains cadres.
Le sélectionneur national a réussi surtout à maîtriser son groupe et a fait comprendre aux joueurs que nul n’était indispensable…
Effectivement. Le secret de la réussite est la rigueur. La discipline et le discours de Belmadi ont créé cette osmose.
Cela vous rappelle certainement l’époque de 1990, non ?
Exactement, nous étions comblés et notre football a connu ses beaux jours. Nous sommes sortis d’une élimination amère en Coupe du monde. Ce n’était pas facile de reconstruire une nouvelle EN et ce n’était pas évident de gagner la Coupe d’Afrique 1990 même à domicile. Mais le défunt Abdelhamid Kermali a su apporter le changement et à relever le défi. Il a fait appel à des jeunes talents encadrés par Madjer, Megharia, Osmani et moi ainsi que certains autres joueurs expérimentés. Il y a eu un excellent travail et une bonne communication. Vous savez, le grand travail se fait en dehors du terrain. Les joueurs sont professionnels et mûrs tactiquement mais l’entraineur doit impérativement trouver la complémentarité et pouvoir transmettre le message aux joueurs.
Qu’en était-il des contacts avec la JSK, à l’issue de votre limogeage de l’EN ?
Merci de m’avoir offert cette occasion de répondre sur ce point bien précis et je veux apporter les éclaircissements qui s’imposent. Lorsque Mellal et les membres du bureau de la JSK sont venus me voir, nous étions déjà limogés mais nous n’avions pas reçu de notification. J’ai demandé de patienter un peu, le temps que ma situation administrative soit régularisée pour pourvoir ensuite m’engager avec la JSK. Il y avait une clause qui m’obligeait à restituer deux mois de salaires en cas de résiliation de contrat de ma part et inversement. J’avoue que la FAF a respecté le deal et nous a payé deux mensualités.
Il y a eu quelques problèmes et même une vive altercation avec Madjer…
C’est archi faux. Je suis en contact avec Majder. Il y a un respect mutuel entre nous mais nous n’étions pas d’accord sur le choix des joueurs et la méthode de travail. Il a son propre caractère et sa vision du football. Idem pour moi, mais je respectais ses choix même s’ils n’étaient pas bons. Je n’ai jamais hésité à lui faire part de mon avis concernant le travail au sein de l’EN.
Quel est le joueur qui vous a beaucoup plu lors de la dernière CAN ?
Il y a un élément qu’on évoque rarement. Benlamri a réussi un excellent tournoi.
Pourquoi vous ne l’avez pas convoqué en Equipe nationale ?
Je ne sais pas. Il n’avait pas brillé à notre époque. Il y a aussi Atal mais Mahrez reste Mahrez. D’ailleurs, j’étais confiant et j’avais le sentiment qu’il allait mettre le cuir dans les filets lors du match face au Nigeria. D’abord, j’ai vu sa position, celle du mur ainsi que celle du gardien et je n’ai pas hésité à miser sur un but. J’anticipe et j’ai le flair du joueur. Je connais assez le football.
Real ou Barcelone ?
J’adore le foot espagnol et anglais. J’ai un petit penchant au Barça mais je ne suis pas chauvin. J’aime regarder jouer Madrid.
Il y a une grande ressemblance entre vous et l’ancien coach barcelonais Velverde…
(Rire) Effectivement, on me le dit souvent. Je suis fier de ressembler à un tel grand entraineur. Barcelone, cette saison, ne convainc plus, notamment sur le plan effectif. Il y a des joueurs qui sont à l’âge de la retraite et d’autres qui ne méritent pas de porter le maillot barcelonais.
On revient à l’EN et les éliminatoire de la Coupe du monde 2022 au Qatar. Que pensez-vous du groupe de l’Algérie ?
Sans diminuer de la valeur des adversaires de l’Algérie, j’estime que c’est un groupe facile. Cela ne veut pas dire qu’on aura cet excès de confiance et la facilité dans le jeu. Attention au relâchement, il faudra mettre le paquet et prendre chaque adversaire très au sérieux.

Publié dans : madjer Benlamri Menad

Fil d'actualité



Sondage

Archive

Votre pronostic pour le match de l'Algérie face à la Tanzanie?

Retrouvez le meilleur de notre communauté

Dossiers

Liste
14:50 | 2018-04-20 Arsène Wenger à Arsenal en stats

Le Français en avait 46 quand il a pris les rênes d'Arsenal...

10:11 | 2017-08-04 PSG : Neymar, 10 dates-clés dans sa carrière

À 25 ans, l'étoile montante du foot possède déjà une carrière bien remplie. La preuve en 10 instants charnières du désormais plus cher joueur de l'histoire.

14:21 | 2017-03-25 Leicester City : Claudio Ranieri, la gloire puis la chute en 10 dates

En un an demi sur le banc de Leicester, Claudio Ranieri a tout connu.

09:56 | 2017-01-01 Les 10 matches qui nous ont scotchés en 2016

Les 10 matches qui nous ont scotchés en 2016

Edition PDF

N° 5499 27/10/2022

Archive

Année
  • 2022
  • 2021
  • 2020
  • 2019
  • 2018
  • 2017
  • 2016
  • 2015
  • 2014
  • 2013
  • 2012
  • 2011
  • 2010
  • 2009
Mois
Jour
Voir