MCA : Aouedj : «À Bologhine, il y a une ambiance de folie, comme en Italie»

On imagine que vous êtes toujours sous le choc après le décès d’Ebossé puisque vous étiez amis…
Oui, c’est vrai. Je suis toujours sous le choc après le décès de mon ami Albert Ebossé. C’était un pote à moi, on a joué ensemble à la JS Kabylie. Je n’arrive toujours pas à croire qu’il a perdu la vie à la suite d’un jet de projectile. C’est une tragédie qui a sali l’image de l’Algérie. C’est un étranger qui est venu chez nous pour travailler, mais nous allons le rendre à sa famille dans un cercueil. C’est vraiment grave.
Comment avez-vous appris cette triste nouvelle ?
J’avais pris part au match du Mouloudia face à l’ASO Chlef à Bologhine. En quittant le stade, j’étais sur le chemin de mon domicile lorsque ma famille m’a appelé pour m’informer de cette triste nouvelle. J’étais sous le choc et je n’avais pas cru mes oreilles. Par la suite, je suis rentré chez moi et j’ai vu sur El Heddaf TV qu’Ebossé était décédé à la suite d’un jet de projectile au stade du 1er-Novembre de Tizi-Ouzou.
Quelle a été votre première réaction ?
J’étais choqué. Je ne m’attendais pas à ce qu’Ebossé ait une fin comme celle-ci. C’était un ami. J’étais indigné et je n’ai pas trouvé d’explications à cela. Ebossé était aimé par tout le monde.  
En tant que joueur, vous sentez-vous en sécurité dans nos stades ?
Écoutez, la violence a pris des proportions effrayantes dans nos stades. On voit presque toujours des scènes de brutalité qui ont terni l’image du pays. Je me demande quand nous allons devenir comme l’Europe, où des familles entières partent au stade pour assister au spectacle. Elles rejoignent les tribunes cinq minutes seulement avant le coup d’envoi de la rencontre, c’est vraiment quelque chose d’exceptionnel. J’espère que nous allons évoluer dans le bon sens comme en Europe. En tout cas ce qui s’est passé au 1er-Novembre de Tizi-Ouzou peut se reproduire dans n’importe quel stade.
Qui est responsable, à votre  avis ?
On l’est tous, il ne faut pas fuir nos responsabilités. Je pense que le moment est venu pour prendre des mesures sévères et strictes afin d’éradiquer la violence dans nos stades.
Quel souvenir gardez-vous d’Ebossé ?
Sincèrement, je garde de très beaux souvenirs d’Ebossé. Ma maison n’était pas loin de la sienne. On se rencontrait presque tous les jours. C’était un frère pour moi. En plus de ça je n’ai jamais entendu de sa bouche quelque chose de mauvais. Il était d’ailleurs aimé par tout le monde. C’était un type très gentil.
Après cet accident, la LFP a décidé une trêve qui pourrait durer longtemps. Pensez-vous que cela va arranger les affaires du Mouloudia ?
On a réussi à battre l’ASO Chlef avec l’art et la manière. C’était un bon succès pour nous, notamment sur le plan psychologique, puisque ça va nous permettre d’oublier la première défaite de championnat face au Mouloudia d’El Eulma. On était prêts à affronter le NA Hussein Dey et à remporter ce match car on est sur une courbe ascendante. Dommage qu’il y ait eu cet accident grave qui a coûté la vie à notre frère et ami, Albert Ebossé. Par respect au défunt et à sa famille, je pense que c’est une bonne décision. Même nous, les joueurs, nous avons perdu l’envie de la compétition. Néanmoins, on va continuer à travailler durant cette trêve pour bien préparer la reprise.
Revenons à vous si vous le permettez. Vous avez promis de marquer contre l’ASO et vous l’avez fait. Quel est votre sentiment ?
Je ne vous cache pas que j’ai toujours voulu marquer contre l’ASO. Je ne peux pas oublier que les Chélifiens ont fait descendre mon équipe de cœur, le MCO, en D2. J’étais très content après avoir inscrit ce but suite à une belle passe de Sylla.
Vous avez même été derrière une passe lumineuse pour Sylla qui a inscrit le troisième but…
Le but que j’ai marqué et qui a permis à mon équipe de reprendre l’avantage m’a fait beaucoup de bien, notamment sur le plan moral. J’étais très content. Par la suite on a trouvé des facilités à arriver à la surface chélifienne. J’ai levé la tête et j’ai vu Sylla demander la balle en profondeur. Je n’ai pas hésité un seul instant à la lui transmettre. Il a été intelligent et a marqué son premier but sous les couleurs du Mouloudia. C’était même une très belle réalisation.
Un but en Supercoupe face à l’USM Alger puis un autre devant l’ASO. Vous attendiez-vous à de tels débuts ?
Pas du tout. Au début j’avais un peu peur de la pression du Mouloudia. J’en ai beaucoup entendu parler, notamment à Bologhine. Par la suite je me suis intégré et j’ai constaté que c’était tout le contraire. Les supporters m’ont beaucoup soutenu à l’instar de tous mes coéquipiers. Je remercie les inconditionnels du club.
Avez-vous regretté d’avoir opté pour le Mouloudia ?
Non, jamais. Au contraire, je pense que j’ai bien fait de choisir le Mouloudia qui est un grand club. Je suis content d’être ici et je m’y sens très à l’aise. J’ai trouvé un bon entraîneur. Charef fait de l’excellent travail et, croyez-moi, il m’a beaucoup aidé. Avec lui je suis persuadé que nous allons faire un parcours honorable et surtout réaliser de très bons résultats.
Avez-vous senti une différence entre le MCA et la JSK ?
Non, ce sont les deux clubs les plus prestigieux du pays et les plus titrés. Peut-être qu’à la JSK, je ne pouvais pas montrer mon vrai visage, car je jouais souvent comme meneur de jeu. Maintenant, au Mouloudia, Charef m’aligne dans mon vrai poste, là où je suis beaucoup plus à l’aise. Je me suis bien retrouvé et je me plais. Cela va me permettre de bien m’exprimer sur le terrain.
Vous promettez encore d’autres buts aux supporters ?
Ah ! oui. Je promets aux supporters du Mouloudia d’autres buts. Un joueur qui marque deux buts en trois matchs est un joueur qui est en pleine confiance et qui peut en marquer d’autres.
Vous n’avez pas senti de pression à Bologhine ?
Non, pas du tout. Comme je vous l’ai dit, j’avais beaucoup entendu parler de ça avant, mais une fois que j’ai découvert cette ambiance je m’y suis beaucoup plu. À Bologhine, c’est une ambiance de folie qui règne dans les gradins. Nos supporters ont beaucoup encouragé l’équipe au point où je me suis senti en Italie (rire). D’ailleurs, j’ai appris tous les chants du club ce jour-là.
L’attaquant de l’USMA Youcef Belaïli vous a donné RDV à la 11e journée à l’occasion du grand derby algérois. Que pouvez-vous nous dire à ce sujet ?
Permettez-moi de vous dire que je suis très content pour mon ami et frère Youcef Belaïli qui a inscrit un très joli but face à la JSK. Je le félicite mais je lui donne quand même, moi aussi, rendez-vous à la 11e journée. Lui, il sait déjà que je suis sa bête noire sur Playstation et je vais confirmer cela sur le terrain lors du derby MCA – USMA.
 

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