Equipe d'Algérie

Bougherra brise le silence : «On n’a pas le droit de remettre en cause l’amour des joueurs pour le maillot»

«Voici toute la vérité sur ce qui s’est passé entre Slimani et Cadamuro»

Auteur : Moumen Ait Kaci Ali vendredi 24 février 2017 23:16

Madjid Bougherra sort de son mutisme  et se livre en exclusivité au Buteur pour rétablir  certaines vérités qu’il avait vécues de l’intérieur du groupe de l’EN, lors de la dernière CAN 2017. L’ancien capitaine d’équipe des Fennecs, apporte son témoignage sur cette Coupe d’Afrique des nations ratée des Verts au Gabon. 

 

D’abord en tant que membre du staff technique et avec du recul, quelle lecture faites-vous de cette dernière Coupe d’Afrique des Verts au Gabon ?
Tout le monde est unanime, joueurs, dirigeants et spécialistes, c’était un échec pour tout le monde. C’était très compliqué, je pense que tout le monde est passé à coté, c’était très difficile à expliquer à chaud car personnellement, j’ai très mal. 
Après plus d’un mois, quelles sont les raisons de cet échec, sachant que tous les moyens ont été mis pour au moins arriver en demi-finale ?
 Il ne faut pas se le cacher, depuis le match du Cameroun, on  ne sentait  pas bien cette équipe nationale. Elle traversait un moment de doute et un manque de confiance qui a eu raison de notre état d’esprit. Comme je l’ai toujours dit, cette équipe n’a pas connu trop d’échecs donc voilà, on n’a pas su gérer cette période délicate. Cela dit, je reste confiant pour l’avenir car cet échec  va nous apprendre à réagir lorsque ça va mal. 
Madjid, votre rôle se limitait à la coordination alors qu’on vous reproche de vous être immiscé dans le domaine technique ?
Je dois d’abord revenir sur mon arrivée dans le staff. En fait, je venais juste d’annoncer ma retraite de footballeur. Juste après, j’ai rencontré le président Raouraoua qui m’a sollicité et je n’ai pas hésité  à répondre par l’affirmative. Après pour mon rôle, je n’étais pas du tout dans le technique comme certains essayent de le faire croire,  j’étais là plutôt dans le relationnel.  C'est-à-dire être proche des joueurs, leur parler, et leur remonter le moral. J’étais comme 24e joueur pour essayer d’éviter les conflits collectifs ou un quelconque problème individuel. 
Votre mission n’était guère facile, sachant que 
vous ne pouviez pas échapper aux rumeurs ?  
J’avoue que c’était une  mission très difficile, c’est vraiment un boulot pas du tout facile parce que c’est être avec 23 joueurs au quotidien, leur parler, demander de l’énergie. Personnellement, je reste fier et solidaire avec cette équipe. Tout ce que j’ai entendu me concernant était totalement faux. Je n’ai jamais imposé un quelconque changement, je n’étais pas dans ce domaine. J’étais là en observation sur ce volet pour justement apprendre
Madjid c’était un dur boulot, surtout après un échec dans un match où on a pu assister par exemple à des altercations comme celle qui a éclaté entre Slimani et Cadamuro…
Ecoutez, ceux qui ont joué au football savent bien que lorsque les résultats ne suivent pas dans un tournoi comme ça, il y a toujours des tensions à l’entrainement. Tout le monde veut montrer qu’il mérite de jouer et qu’il peut ramener un plus lors du prochain match. Les joueurs étaient motivés, ils voulaient tous montrer au coach qu’ils avaient envie de jouer contre la Tunisie et gagner ce match. Après ce qui s’est passé entre Slimani et Cadamuro était vraiment involontaire. Les deux joueurs se sont bousculés après un tacle et juste après ils se sont reparlés après le repas du soir,  le plus normalement du monde. On a amplifié les choses alors qu’ils  avaient juste envie de bien faire. 
Les gars ont manqué de Grinta, ils ne se sont pas donnés à fond, c’est l’avis des supporteurs et des spécialistes, votre réaction ?
Non, je dirai que c’était plus une motivation individuelle que collective.  C’est ce qu’on a vu dans les matchs, on a senti que les joueurs se cherchaient sur le plan individuel or, en Afrique, il faut avoir l’esprit collectif pour pouvoir gagner.  Après, c’est tout à fait légitime que les supporteurs dressent un tel constat parce qu’ils savent très bien que nos joueurs sont capables de faire mieux. Personne ne comprend leur réaction sur le terrain, mais je crois qu’ils ont compris  que sans l’esprit d’équipe on ne peut rien faire. 
On avait aussi l’impression que des joueurs voulaient faire la décision seuls, on est tombés dans l’individualisme ?
C’est vrai chacun voulait essayer de sauver l’équipe. C’est une bonne intention, non ? Cette équipe a l’amour du pays, personne ne peut remettre en cause cela. On a manqué de maturité dans les moments difficiles   et cumulé les échecs aussi, on ne s’était pas qualifiés  à la Can2010. On a été éliminés au premier tour en 2013 mais on est  revenus. Je le dis encore une fois, on a péché collectivement. On n’a pas encore de leaders sur le terrain. 
Peut-on alors dire que Medjani et Feghouli ont manqué pour cette équipe   ?
Ecoutez, une équipe a besoin de leaders dans chaque compartiment. Que ce soit dans la gestion du groupe, sur le plan tactique ou relationnel il faut des joueurs d’expérience capables de relancer l’équipe. Sinon, à défaut de cela, il nous faut un coach à l’avenir avec   du charisme et beaucoup d’autorité. Il faut qu’il soit capable d’imposer une concurrence et plus de pression positive sur les joueurs afin qu’ils puissent jouer plus collectif. Je veux dire capable  d’imposer la discipline tactique. 
 Certains disent aussi que ces joueurs n’ont pas assez d’amour pour le maillot et ne se sentent pas Africains, avez-vous remarqué cela ?
Ecoutez, dire que joueurs manquent d’amour pour le maillot et qu’ils ne veulent pas venir, je trouve que c’est des mots forts qui peuvent blesser dans le football.  Quand ça va mal et que les résultats ne suivent pas, on va entendre toutes sortes de critiques, certaines sont cohérentes qui pueuvent faire avancer les choses et d’autres à l’inverse qui peuvent influer négativement l’Equipe nationale. Après, ça fait partie du métier. C’est là que le joueur avec son caractère doit faire le trie du bon et du mauvais et s’en servir pour progresser. Pour finir  il faut juste rappeler qu’en coupe du Monde  2014 et lors des éliminatoires on a bien vu que c’était ces mêmes joueurs qui avaient mouillé le maillot. Certes depuis 4 mois, on a vu certaines choses qui peuvent démontrer ce manque de grinta mais je dirai qu’on n’a pas su réagir dans l’échec collectivement. C’est un faux débat, ces mêmes joueurs ont aussi sorti le peuple dans la rue, ça il ne faut pas l’oublier. 
 Comment ont-ils vécu cela, sincèrement ?
Ils étaient déçus, d’ailleurs c’est pour cela qu’ils n’ont pas pu s’adresser à la presse. Ecoutez, il faut savoir pardonner aussi.  Ils n’avaient rien  à dire. Franchement, ils étaient abattus, ils n’ont même pas osé s’exprimer dans la presse.
Passons à vos projets, parlez-nous de votre avenir, on a appris que vous alliez intégrer le staff de Lekhwiya  avec Djamel Belmadi…
Moi, je suis en train de poursuivre ma formation. C’est pour cela que j’avais dit tout à l’heure que je ne suis pas encore prêt pour pouvoir m’immiscer dans le domaine technique de l’EN. Donc voilà, je vais faire le tour du Monde, pour apprendre et continuer mon apprentissage. Actuellement, je suis en stage avec Belmadi à Lekhwiya, prochainement, je me rendrai en Italie, pour un stage d’une semaine ensuite en France pour apprendre encore…
En Algérie, le lancement de votre académie est pour bientôt ?
Oui, Inch’allah, c’est toujours d’actualité. Normalement, d’ici un an on devrait passer à la concrétisation de ce projet. Je vous en dirais plus au moment opportun, Inch’Allah. Après, je ne cache pas aussi que je suis motivé d’être entraineur. Je me fixe un objectif, qui est un rêve, celui de devenir un jour entraineur national de mon pays. 
Un petit mot peut-être au peuple algérien qui veut voir son équipe nationale plus haut et le football algérien sortir de la crise ?
Il faut rester optimiste pour l’avenir en Algérie. On a connu plus difficiles comme situations, on a un pays avec des hommes, des valeurs et surtout de l’espoir. Cette sélection a donné beaucoup de joie au peuple. Je pense qu’on a un énorme potentiel sur place. Beaucoup de nations en Afrique nous envient ce groupe mais il faut savoir avancer et ne pas vivre sur ses échecs. Au contraire, ce qui est fait est fait maintenant, il faut oublier cette CAN, ça fait mal, c’est vrai, mais voyons loin, je suis sûr que dans peu de temps on sera une pépinière pour  de grands clubs européens. 

 

Publié dans : slimani Cadamuro madjid Bougherra Leekens.

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