Belmadi «J’ai opéré ces changements pour montrer au groupe que la concurrence existe»

En dépit de la fatigue qui se voyait sur son visage, le sélectionneur national, Djamel Belmadi, a tout de même accepté de répondre aux questions des journalistes qui étaient à l’accueil de la sélection nationale hier tôt dans la matinée à l’aéroport international d’Alger, de retour de son voyage au Bénin. Le technicien des Verts est revenu sur les raisons de cette défaite et expliquer pourquoi il a fait les cinq changements dans son onze titulaire : « C’est facile maintenant d’analyser le match une fois terminé, mais si on doit l’analyser de manière différente, il faut bien souligner qu’il y a eu deux matchs programmés à trois jours d’intervalle, avec un long voyage en plus. Pourquoi on a un groupe de 23 joueurs si on ne peut pas faire joueurs d’autres joueurs ? Pourquoi un Ishak Belfodil qui marque contre Manchester City ne peut pas débuter le match ? On ne l’a pas encore vu jouer jusque-là. C’est quoi un groupe sinon ? Comment explique-t-on aux joueurs qu’il y a deux matchs rapprochés et qu’ils ne démarrent pas un seul des deux ? Je devais faire des changements pour montrer au groupe que la concurrence existe bel et bien. Par le passé, on savait des jours avant les matchs, les joueurs qui allaient débuter titulaires. Vous, en tant que journalistes, vous avez toujours reproché cela aux précédents coachs. Aujourd’hui quand je dis, je redistribue les cartes, il faut donc que je donne la chance à d’autres joueurs de jouer et montrer ce qu’ils valent. »

«Mes choix futurs seront dictés par les performances des joueurs»
Et d’enchaîner : « J’espère vraiment que cette défaite sera un mal pour un bien pour nous. On a donné la chance aux joueurs, des internationaux, des joueurs qui jouent dans de très grands clubs, de très grands championnats. Après, ils vous donnent satisfaction ou pas. Les cartes ont été redistribuées. Chacun aura la possibilité de montrer ses qualités ou pas et après, mes choix futurs seront dictés par leurs performances, c’est tout. »

«On a péché dans l’impact physique»
« Je le redis, en 1re mi-temps, on est passés à côté de notre sujet. Dans l’envie, l’agressivité, on n’y était pas. Tous les ingrédients qui te permettent de gagner un match, surtout en Afrique. On a vraiment péché dans l’impact physique et on n’a pas su être ambitieux. On encaisse aussi un but de manière bizarre. On a défendu assez mal. C’est vraiment surprenant comment on se fait éliminer facilement. Une chose qui ne doit pas se faire à ce niveau-là. En 2e mi-temps, on rentre avec d’autres intentions. Je passe avec deux attaquants devant, qui sont Bounedjah et Belfodil. C’est un peu mieux. On prend le jeu à notre compte. On se crée des occasions, mais on ne réussit pas à les mettre au fond des filets. »

«Je me demande à quoi sert la CAF»
Une fois de plus, Belmadi a mis en exergue les conditions difficiles dans lesquelles son équipe a abordé cette rencontre face au Bénin : « Le folklore qu’il y avait autour du stade, l’atmosphère, c’était vraiment catastrophique. J’ai fait deux déplacements jusqu’ici et je ne sais pas à quoi sert la CAF. On a été très mal traités là-bas, même si on ne s’attendait pas à ce qu’ils nous ouvrent les bras, mais un minimum quand même. Quand le ballon sort et il ne revient jamais sur le terrain, ça c’est un problème. Il faut courir à chaque fois pour le ramener. On nous ferme les vestiaires la veille du match, on ne nous laisse pas rentrer sur le terrain avant le match, vraiment, c’est des éléments à prendre en compte. Mais bon, on n’a pas le choix, il faut être armé pour affronter cela. Toute cette guerre psychologique. Il faut montrer une solidité et une volonté de fer quand on joue à l’extérieur. »

«Je ne suis pas là pour vous dire si des joueurs ne doivent plus revenir en sélection»
A la question : est-ce que des joueurs vont sauter de votre prochaine liste après ce revers au Bénin ? Belmadi a répondu : « Je trouve la question assez dure quand même. Je ne suis pas là pour dire s’il y a des joueurs qui ne doivent plus revenir en Equipe nationale. Je suis là pour avoir des joueurs qui montrent un autre état d’esprit. Qu’ils sachent que maintenant, les places ne sont pas acquises de part leurs noms, la position qu’ils occupent ou leur statut. Je vous l’ai dit, je fais ce que je dis. Je suis plus dans cet état d’esprit. »

«C’est plus difficile d’affronter une équipe qui joue en infériorité numérique»
Les Verts ont joué en supériorité numérique durant 45’ mais cela ne leur a pas permis d’éviter la défaite au final : « On dit souvent qu’une équipe qui joue à dix, elle a d’autres atouts. D’autres éléments de motivation, justement parce qu’elle joue en infériorité numérique. Ça court plus, ça défend plus et généralement, c’est plus difficile quand tu affrontes une équipe qui joue à dix. Mais ça n’empêche de marquer et ramener au moins un nul de ce déplacement surtout au vu de la physionomie du match », a déclaré Belmadi.

«Le Togo revient dans la course, il va falloir réagir»
Enfin, l’ancien coach d’Al-Duhaïl a commenté la victoire du Togo en Gambie qui rend la qualification pour la phase finale de la prochaine CAN plus compliquée que prévu : « ça sera une course à trois. Le Togo a réussi à marquer dans les arrêts de jeu. Pas mal d’équipes le font. Même nous, on aurait pu égaliser dans le temps additionnel grâce à Ounas. On voit le Maroc qui fait match nul (2-2) aux Comores, lui qui l’avait emporté trois jours avant difficilement à domicile (1-0). Le Cameroun fait match nul au Malawi. C’est l’Afrique. Il faut se bagarrer. Il n’y a plus de petites équipes. On est avertis. Le Togo revient dans la course. Il va falloir réagir. On est toujours premiers de notre groupe, mais chaque match aura sa difficulté. »