Luis Fernandez : «Entrainer l’Algérie attire n’importe quel coach»

Champion d’Europe avec l’Equipe de France en tant que joueur en 84, Luis Fernandez, qui faisait partie de la légendaire équipe du trio magique des Bleus, Platini-Tigana-Gires, nous parle des chances de l’Algérie dans ce prochain match contre le Nigeria. Vainqueur de la Coupe d’Europe avec le PSG, Luis, qui a eu un bref passage à la tête de la sélection de la Guinée, nous livre son avis sur ce divorce prématuré entre la FAF et Rajevac. 
 Quelle commentaire faites-vous du premier match nul concédé par l’Algérie contre le Cameroun ?
Il est clair qu’après la contre-performance enregistrée lors de la première journée face au Cameroun, l’Algérie est dans l’obligation d’aller chercher une victoire au Nigeria. Vous n’avez pas d’autre choix. C’est vrai que les matchs de niveau-là sont souvent très difficiles mais je pense très sincèrement que l’Algérie a suffisamment d’arguments et de talents pour pouvoir renverser la situation. 
Mais vous savez bien que l’entraineur Rajevac est parti suite à un malaise dans le vestiaire, est-ce que cela pourrait peut-être responsabiliser les joueurs à aller chercher une victoire ?
Ecoutez, je ne sais pas, pouvez-vous me dire pourquoi il est parti, l’entraineur Rajevac ?
En fait les joueurs n’arrivaient plus à s’entendre avec leur coach, on a évoqué un problème de communication…
Pour être clair, dans un groupe, on a toujours droit de se poser des questions. Maintenant, si les joueurs sentent qu’il y a vraiment un problème de communication, ils sont en droit de le faire savoir au président. Je pense que sur le plan du jeu, j’ai déjà vu cette équipe algérienne contre le Lesotho et ça s’est très bien passé à mon avis. 
Et pourquoi alors, selon vous, ça n’a pas marché face au Cameroun ?
 Contre le Cameroun, je pense que Bentaleb a beaucoup manqué mais il y avait suffisamment d’arguments et de bons joueurs pour battre le Cameroun. Je pense que le fait d’avoir marqué assez rapidement, les joueurs algériens sont tombés dans un excès de confiance. Maintenant, vous avez aussi évoqué le problème de communication avec l’entraineur, cela est un grave problème. 
Certains, par exemple, reprochent au sélectionneur d’avoir aligné Boudebouz et laissé sur le banc Brahimi, est-ce une raison pour vous ?
Je ne peux pas m’immiscer dans les choix d’un sélectionneur mais bon pour ma part, lorsqu’on joue pour la sélection algérienne, on a toujours cette motivation et cette détermination de se surpasser. Les joueurs doivent comprendre qu’un sélectionneur est là pour dégager la meilleure équipe possible et à partir de là, ils doivent tous rester solidaires et concentrés. Seulement, je dois dire que ce n’est pas à cause du choix des joueurs ou des contestataires que l’Algérie a enregistré ce faux pas, il y a eu un excès de confiance de la part des Algériens. Pour ma part, je trouve qu’il y avait assez de bons joueurs algériens pour éviter ce nul concédé contre le Cameroun, ils n’ont juste pas su faire la différence en seconde mi-temps. 
Vous avez joué l’Algérie le mois de mars dernier, croyez-vous que cette équipe possède le mental d’aller chercher les trois points du Nigeria ?
Vous savez, les matchs ne se ressemblent pas. Lorsque j’étais coach de la Guinée, j’ai joué l’Algérie en amical. Là, c’était face au Cameroun et vous avez joué à Blida, donc c’est un contexte et une ambiance bien favorable aux Algériens. Il ne faut pas oublier que de par ses joueurs talentueux qui évoluent dans des grands clubs et la place qu’elle occupe dans le football africain et international, cette formation algérienne est devenue l’équipe à battre. Cette équipe algérienne n’est plus un outsider, vos joueurs doivent assumer leur statut de favori. Maintenant, il faut tourner la page du Cameroun et penser au match du Nigeria parce que vous avez une équipe assez forte pour pouvoir aller gagner là-bas. 
 Votre nom est aussi cité parmi les entraineurs susceptibles de coacher cette équipe algérienne, une réaction ?
Moi, j’ai toujours été un amoureux du football algérien et je crois que c’est ce qui laisse nourrir ce sentiment chez mes amis algériens. J’ai grandi avec des Algériens, et j’ai joué et croisé sur le terrain, on a presque la même mentalité. Maintenant, je peux vous affirmer que je n’ai reçu aucune proposition dans ce sens. 
Êtes-vous prêt à prendre cette équipe algérienne composée de joueurs à forte personnalité ?
Vous savez, j’occupe un poste à la radio et j’ai aussi des engagements qui me permettent de prendre une sélection. Donc, entrainer l’Algérie ou une autre équipe africaine ne me causera aucun problème. Je crois que si une proposition arrive, je regarderai, c’est certain. L’Algérie est une belle équipe à coacher. Les joueurs algériens ne sont pas difficiles à entrainer, au contraire, ils sont talentueux, ils ont pris de la dimension, c’est tout. Il faut savoir les préparer et les mettre dans les conditions adéquates sur le plan mental pour gagner des matchs et progresser. 
Un dernier mot au peuple algérien qui vous estime beaucoup ?
Je suis très fier, parce que j’ai toujours eu un attachement avec l’Algérie. J’ai eu la chance de connaître de grands joueurs algériens et, franchement, lorsque je suis venu avec la Guinée en Algérie, j’ai trouvé des gens très connaisseurs et assez attachants. J’espère qu’un jour qu’on se recroisera. 
 

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