Berraf : «J’ai tiré la sonnette d’alarme, mais ma déclaration n’a pas été prise au sérieux»

Invité hier de l’émission « Week-End Foot », diffusée sur la chaîne El Heddaf TV, le président du Comité olympique algérien (COA), Mustapha Berraf, a commenté en détails la décision surprenante du Comité exécutif de la CAF d’attribuer l’organisation de la CAN 2017 au Gabon, plutôt que l’Algérie. L’homme fort du sport olympique algérien est revenu surtout sur la déclaration qu’il avait faite il y a quelques mois de cela où il assurait que l’Algérie n’aura pas les faveurs des pronostics pour abriter cette édition de 2017 et qui s’est vérifiée : « Je suis désolé d’avoir eu raison, mais je considère qu’il était de mon devoir d’alerter tout le monde sur ce qui se faisait. Je suis un ancien dans le domaine et j’avais eu des échos sur ce qui se tramait. Cette information que j’avais donnée aurait dû être prise avec plus de sérieux, à mon avis. Les autorités ont fait leur boulot, mais cela n’a pas été suffisant pour autant. »
«On n’a pas assuré au niveau du lobbying»
Et d’enchaîner : « Je pense que l’attribution de cette CAN 2017 s’est jouée sur certains détails importants. Je ne pourrai pas en dire davantage, mais j’estime qu’on n’a pas assuré au niveau du lobbying et du marketing pour s’assurer un maximum de voix favorables. On a négligé ces deux points, pour ne pas dire autre chose, qui demeurent très essentiels. On est vraiment déçus, mais je pense qu’il faut garder aussi l’esprit sportif. On doit se remettre en question et travailler. Les autorités et Mohamed Raouraoua ont fait leur boulot, mais ce n’est pas une finalité en soi. On a d’autres compétitions continentales à organiser dans les prochaines années. Il faut rester positif malgré tout. »
«Hayatou a mal pris ma déclaration, libre à lui de penser ce qu’il veut…»
Sur sa relation avec le président de la Confédération africaine de football, Issa Hayatou, qui s’est fortement dégradée après les propos qu’il a tenus sur l’intention de l’instance africaine à donner cette organisation de la CAN 2017 au Gabon, Berraf dira : « J’ai fait une déclaration qui ne lui a pas plu. A lui de considérer celle-ci inappropriée ou pas. Je pense que ce que j’ai dit fut basé sur des informations réelles et après, avec le temps, tout ça s’est vérifié. Au départ, on avait un lien d’amitié entre nous, mais il a mal pris les choses. Vous savez, c’est de mon devoir d’informer les gens de ce qui se passait. L’intérêt de l’Algérie est plus important que mon intérêt personnel, avec X ou Y. »
«Lors de sa dernière visite en Algérie, je suis allé le recevoir, mais il m’a dit de ne pas le saluer»
Sur les informations qui ont parlé d’une soi-disant altercation qui se serait produite entre lui et Hayatou, à l’occasion de sa dernière venue en Algérie au mois de février dernier, Berraf a expliqué : « A vrai dire, il m’a serré la main, mais il m’a dit de ne pas le saluer plus que ça. Il m’a dit qu’il était en colère contre moi en raison de ce que j’ai déclaré sur lui. Je lui ai répondu du coup que plus jamais je ne le saluerai. C’est tout. Par la suite, son vice-président a essayé d’arranger les choses, mais bon. Hayatou est quelqu’un qui est membre du CIO (Comité olympique international) et on est amenés à se rencontrer assez souvent. Il y a un respect réciproque et c’est tout. »
«Tahmi a sans doute eu des informations pour parler des coulisses»
A la question : Quel est votre commentaire par rapport à la déclaration du ministre des Sports, Mohamed Tahmi, qui a évoqué un jeu de coulisses, qui a été fatal à l’Algérie et avantagé le Gabon, dans l’organisation de cette CAN 2017 ? Il répond : « Le ministre Tahmi a sans doute eu des informations avant de faire une telle déclaration. Je ne peux commenter sa sortie médiatique, mais à sa place, j’aurai peut-être fait pareil. Vous savez, c’est difficile de faire plus qu’il a fait. L’Algérie a vraiment présenté le meilleur dossier, mais que voulez-vous… »
«Le Gabon a employé une stratégie plus secrète»
«A mon avis, le Gabon a employé une stratégie plus secrète que la nôtre. J’ai eu des informations selon lesquelles des responsables du gouvernement gabonais ont eu une discussion avec les responsables de la CAF lors des précédentes semaines. Peut-être que cela les a avantagés », a-t-il poursuivi.
«Si à la CAF on ne nous aime pas, on peut s’organiser avec nos voisins et jouer uniquement la Coupe maghrébine»
La CAF qui n’a pas pris le critère d’alternance géographique dans l’organisation des prochaines Coupe d’Afrique des nations a mis en furie Mustapha Berraf : «Peut-être qu’à la CAF, on ne nous aime pas. Grand bien leur fasse. La dernière fois qu’un pays nord africain a organisé la CAN, c’est la Tunisie en 2004. Maintenant, avec tout ce qui s’est passé dernièrement, on peut s’entendre avec nos voisins tunisiens, marocains, libyens, mauritaniens et même égyptiens pour organiser de nouveau la Coupe maghrébine et du coup, on laisse la CAN à ceux qui ne nous aiment pas. L’Algérie est plus grande que tout. »
«L’Algérie a éradiqué le terrorisme, comment elle ne pourra pas assurer la sécurité dans les stades et organiser un tournoi comme la CAN !»
Certains observateurs n’ont pas manqué de justifier la décision de la CAF par le manque de sécurité dans les stades algériens et la mort tragique du camerounais Ebossé au stade du 1er-Novembre. Berraf ne croit pas à cette thèse : « Arrêtez, il n’y a pas de relation entre cette décision et la violence qui règne dans nos stades. Une CAN, c’est une autre organisation et j’estime que l’Algérie dispose de tous les moyens qui lui permettront d’organiser n’importe quelle grande compétition. Notre gouvernement a éradiqué le terrorisme au pire de ses heures, comment il ne pourra pas assurer la sécurité dans les stades et organiser un tel tournoi comme la CAN ! Soyons sérieux ! »

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