MCA - USMA J-5 : Betrouni-Chalabi, deux buteurs au talent inouï

Même si la rivalité entre le MCA et l’USMA date du premier sacre remporté par l’USMA aux dépends du voisin en 1963, les matchs entre les deux clubs ont connu un virage décisif vers la fin des années 1960. Précisément dès 1968 avec une nouvelle génération de joueurs, comme les Betrouni, Kaoua, Mekideche et Tahir, côté mouloudéen, alors que pour les Rouge et Noir, il y a eu l’arrivée des Aïssaoui, Abdouche et Chalabi et par la suite Attoui et les autres. Deux joueurs ont particulièrement brillé durant la fin des années 1960 et les années 1970 lors de ce derby algérois. Omar Betrouni et Kamel Chalabi. Deux attaquants qui ont fait des misères aux défenseurs des deux équipes. Omar Betrouni a marqué huit buts dans les filets usmistes et a même offert deux Coupes d’Algérie au Mouloudia aux dépens de l’USMA. Kamel Chalabi, pour sa part, a tout le temps été un poison pour la défense vert et rouge, malgré l’arrivée du puissant Wahab Zenir. Chalabi a offert deux précieuses victoires aux Rouge et Noir, face au Doyen, qui avait réussi à mettre fin à la suprématie du grand Chabab des Kalem, Lalmas et Abrouk. Les deux joueurs parlent du derby MCA-USMA et racontent leurs souvenirs.
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Betrouni : «A notre époque, on dominait l’USMA»

Vous êtes un des joueurs ayant marqué l’histoire du derby durant les années 1970. Vous avez quand même disputé votre premier derby en 1967, soit lors de l’accession du club…
C’est vrai, j’ai disputé mon premier derby face à l’USMA lors de la saison 67/68, notre dernière saison en deuxième division. J’avais à peine 18 ans et je me souviens parfaitement de ce match. On les a battus en aller-retour et sur le même score 3-1. Je me souviens du match retour lorsque j’ai inscrit deux buts et Hassan Tahir, un autre. Le stade était archicomble. Notre entraîneur à l’époque, Smail Khabatou, nous a bien préparés pour ce match.
Pourtant, l’USMA renfermait de grands joueurs à l’époque…
Exactement ! En face de nous, il y avait de grands joueurs comme Guittoun, Belbekri, Freddy Zemmour et d'autres. Il y avait aussi le grand Abderahmane Meziani et le gardien de but, El Okbi. Nous, on était tous jeunes.
Une anecdote de ce match ?
Oui, il y en a. Vous savez qu'à notre époque, il était très agréable d’aller au stade. L’ambiance était très bonne. Durant ce match, les deux galeries se taquinaient. Ceux de l’USMA nous appelaient “Chifoune”, mais les nôtres ont bien répondu par le mot “Siradj”, faisant allusion à la chita puisqu’à l’époque, le président d’honneur de l’USMA n’était autre que l’ancien président de la République, le défunt Ahmed Ben Bella alors que le Mouloudia était un club des zawaliya, un club du peuple.
Vous avez été encore une fois le bourreau de l’USMA en 1971 en finale de coupe au stade du 20-Août…
Effectivement, j’avais réussi à ouvrir le score dès l’entame de la partie. On les avait dominés, bien que ce soit l’USMA qui était le favori. Dans la presse, tout le monde était unanime à dire que l’USMA brandirait le trophée, mais, sur le terrain, c’était un autre match. On les a asphyxiés. Domination totale et le score aurait pu être encore plus lourd. Nos supporters étaient très contents ce jour-là, même nous les joueurs. Ce match reste un peu spécial dans l’histoire du club car ça a permis au club de remporter son premier titre officiel depuis l’indépendance du pays. C’était au 50e anniversaire de la création du club. Puis, ce titre a une saveur très particulière du fait que c’était face à notre voisin et traditionnel rival. La joie d’après-match était indescriptible.
Même en 1972 et notamment la seconde finale au stade du 5-Juillet en 1973, vous avez fait des misères à l’USMA…
Exactement. J’avais réussi un grand match au stade des Frères Brakni de Blida. On avait gagné 3-1 et j’ai marqué deux buts. Je me souviens bien que Tahir avait marqué le troisième. En 1973 lors de la finale au stade du 5-Juillet, on les avait dominés aussi. C’était un grand match, bien qu’on était menés au score. J’avais donné deux buts puis inscrit le dernier but pour le Mouloudia avant que Attoui réduise le score. Et on a fini par remporter notre deuxième coupe et face au même adversaire. On  prenait vraiment du plaisir dans cette confrontation.
Et vous avez aussi été le bourreau de l’USMA à deux autres reprises…
On dominait l’USMA durant les années 1970. On avait une grande équipe. Même l’USMA avait une grande équipe, mais nous, c’était exceptionnel. On avait une équipe qui a remporté la Ligue des champions. Les joueurs de l’USMA nous ont dit une fois qu’ils étaient gonflés à bloc pour nous battre, mais, une fois sur le terrain, ils ont été terrassés, déconcentrés et même ils ont eu peur de nous, car c’était la grande équipe en face.
Comment voyez-vous le match de cette année ?
Sincèrement, je pense que ce sera un match difficile. Les deux équipes n’affichent pas une très bonne forme. J’espère que le Mouloudia va gagner. Je sais que le spectacle sera dans les gradins et non pas sur le terrain. J’en suis persuadé.
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chalabi : «Le Mouloudia était notre bête noire»

Côté USMA, vous êtes un des joueurs ayant marqué beaucoup de buts face au Mouloudia…
Oui, les supporters du Mouloudia s’en souviendront longtemps (rire). C’était la belle époque. J’ai eu les plus beaux moments de ma carrière durant cette période, notamment lors des années 1970 et les matchs face au Mouloudia. C’était des moments inoubliables pour nous tous.
Mais vous aviez quand même marqué beaucoup de buts au moment où le Mouloudia dominait les débats…
C’est vrai, le Mouloudia dominait les débats durant les années 1970 et même 1980. J’avais eu plus de chance de marquer contre eux. Je pense que j’ai marqué quatre buts.
Oui, c’est cela quatre buts…
Oui, je m'en souviens parfaitement, notamment à deux reprises où j’avais offert la victoire à l’USMA aux dépens du Mouloudia alors qu’en face c’était la grande équipe. Je suis content d’avoir donné de la joie à nos supporters.
C’était particulier de marquer face au Mouloudia ?
Oui bien sûr que c’était particulier et vice-versa. Le derby MCA-USMA est un match pas comme les autres. Il y avait une grande rivalité, mais qui n’a rien à voir avec la situation actuelle. A notre époque, il y avait un charme dans ce genre de confrontation. Les supporters des deux équipes avaient de bonnes relations. C’était comme une famille. Nous les joueurs aussi. On se rencontrait en dehors du terrain on était comme des frères. Sauf que, le jour du match, on s’évitait car chacun voulait gagner. Il y avait aussi dans les gradins une belle ambiance.
Vous avez offert la victoire à l’USMA face au Mouloudia en 1971 avant de perdre la finale de la coupe, quelques semaines après…
Effectivement, j’avais donné la victoire à l’USMA ce jour-là. On avait gagné 2-1. J’avais délivré une passe de but au défunt Meziani avant que je  marque le second but. C’était une joie immense d’avoir battu le Mouloudia, mais notre déception  était grosse lorsqu’on a perdu les deux finales contre les voisins en 1971 et 1973.
Beaucoup disent que c’était votre bête noire…
Exactement.  Le Mouloudia était notre bête noire. On dominait parfois les débats mais le Mouloudia gagnait. Il y a des matchs où on ne méritait pas de perdre. Le Mouloudia était notre bête noire. Aussi, il faut dire que le Mouloudia avait une grande équipe. Durant les années 1970, c’était la meilleure équipe d’Algérie. Celui qui dira le contraire ne connaît rien au football.
Mais à un moment donné, il faut dire que l’USMA avait aussi une grande équipe mais n’avait pas réussi face au Mouloudia…
J’ai oublié peut-être de vous dire que le Mouloudia était aussi soutenu par des milliers de supporters. C’est le club le plus populaire d’Algérie depuis les années 1960. Durant la période des années 1970, le Mouloudia était, à chaque match, poussé par une foule immense. Ça faisait la différence. C’est un atout très important pour les Mouloudéens, alors que, nous, on n’avait pas beaucoup de monde derrière nous. Les Mouloudéens étaient très à l’aise sur le terrain et jouaient à fond leur chance et c’est pour cette raison qu’ils ont dominé les débats. D’ailleurs, on les dominait mais, au final, ils gagnaient grâce à leur bonne équipe mais aussi grâce aux supporters.
Que pensez-vous du derby de mardi prochain ?
J’espère qu’on assistera à un grand match et dans la fraternité. J’espère que le fair-play sera au rendez-vous et qu’il y aura du spectacle sur le terrain comme sur les gradins.
 

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