Equipe d'Algérie

Le tableau noir de Gourcuff sur le foot algérien

«J'ai découvert un environnement violent dans les stades» «Il y a une absence de formation dans les clubs»

Auteur : In L’Equipe mardi 05 avril 2016 20:31

Malgré l'insistance de ses joueurs, Christian Gourcuff aura fini par aller au bout de son envie. Dans l'idée de quitter son poste de sélectionneur de l'Algérie depuis novembre, l'entraîneur français a obtenu, dimanche, la résiliation à l'amiable de son contrat. Déjà dans le viseur de Lille cet hiver, l'entraîneur breton pourrait vite rebondir en L1. À Nantes, où Waldemar Kita l'apprécie, ou encore à Rennes, où il compte de nombreux partisans.

Pour quelles raisons avez-vous quitté votre poste de sélectionneur de l'Algérie ?
Quand j'y suis allé, c'était pour m'occuper de l'équipe nationale, qui était la priorité, mais aussi impulser une politique technique globale pour aider au développement du football algérien. Ce que j'avais fait à Lorient, j'avais pour ambition de le définir au niveau d'une Fédération. J'ai habité à Alger la première année. Avec l'équipe nationale, ça c'est globalement bien passé. À l'exception, c'est vrai, de la CAN. Pour des raisons diverses, on n'a pas réussi à la gagner et c'était une déception En parallèle, j'ai donc mené un travail sur la formation en général et celle spécifique des cadres qui est restée dans les tiroirs. Tout ce volet sur la formation ne s'est jamais mis en place. Il y avait des paramètres qui ne permettaient pas de le mettre en place sur le plan technique et politique. Au niveau des clubs, c'est très compliqué. J'ai découvert un environnement violent dans les stades ou encore l'absence de formation dans les clubs. On faisait également des réunions avec les entraîneurs de D1, mais quinze jours plus tard la moitié n'était plus en poste. Cela ne permettait pas de structurer, d'organiser quelque chose. Ce volet de ma mission est donc vite tombé à l'eau.

On a aussi beaucoup parlé de vos relations compliquées avec la presse algérienne…
Il y a eu une dégradation dans l'environnement de l'équipe nationale. Ce n'est pas un problème de pression. Mais à un moment donné, je ne cherche ni la gloire ni l'argent et je ne suis pas imperméable à la bêtise. Il y a eu des trucs complètement aberrants au niveau médiatique. La presse et le vice, ça donne compose un drôle de cocktail même si ce n'est pas spécifique à l'Algérie. De manière générale, je ne me retrouvais pas du tout dans ce contexte, je me sentais en décalage. À l'automne dernier, il y a eu une forme de rupture, J'en ai tiré les conséquences car je n'allais pas rester à Alger pour ne rien faire. J'ai donc quitté mon domicile et je ne me rendais en Algérie que pour les rassemblements. C'était donc un peu un travail à mi-temps qui ne pouvait pas me satisfaire.

Lors des deux derniers rassemblements, on a pourtant senti qu'une nouvelle dynamique s'impulsait..
La sélection a récemment franchi un cap. C'est une équipe qui a du talent et qui est très attachante. Sur le plan relationnel et dans l'application à l'entraînement, c'était un régal. Malheureusement, je n'avais que trois entraînements lors de chaque rassemblement. Pour moi qui ai vécu ce métier au quotidien pendant vingt-cinq ans, c'est peu. L'objectif, c'était la Coupe du monde 2018. C'est dans deux ans, j'aurai soixante-trois ans et ça me paraissait trop loin pour surmonter toutes les frustrations quotidiennes, même si les relations humaines étaient riches car beaucoup de gens sont sensibles au football dans ce pays. En Algérie, il y a un tel contraste entre cette richesse humaine vécue au quotidien et la violence rencontrée dans le football... Le football algérien est pris en otage.

La grande majorité de vos joueurs regrette votre départ
Mon départ a constitué un crève-cœur. Il y avait une sensibilité partagée au niveau humain et sportif avec eux. De ce côté, oui, c'est un gâchis. Reste qu'on ne peut pas faire abstraction de tout un environnement. Les rassemblements, c'était toujours sympa et enrichissant. Mais comme je l'ai dit aux joueurs, eux, après les stages, retrouvaient leur quotidien en club. Moi, à soixante et un ans, je n'ai plus de temps à perdre, je n'ai plus de temps à attendre.
Concernant votre avenir justement, on évoque l'intérêt de plusieurs clubs de L1...
Déjà, je suis libre, ce qui n'est jamais arrivé dans ma carrière. Et il est clair que je quitte la Fédération algérienne pour être actif. Maintenant, il y a des gens qui travaillent dans les clubs et il faut les respecter. Pendant longtemps, j'étais tellement attaché à Lorient que tout le monde s’imaginait que je ne partirai jamais de là-bas. Mais les liens ont été coupés (sourire).

Quel type de challenge privilégierez-vous ?
Je ne fonctionne qu'à l'affectif et à la passion. Je peux me retrouver en L 2 si j'y trouve un challenge intéressant Sauf que j'ai soixante et un ans et ce que j'ai fait à Lorient, évidemment, je ne le referai plus. C'est le temps qui me manque. Et si je quitte l'Algérie, c'est aussi lié à ma frustration dans mon implication. J'ai besoin d'être à 100 %, pas à 30 %. Je ne me fixe pas de limite. Je veux juste un environnement qui me convienne, car je pense que pour être bon il faut être heureux. J'ai eu la chance dans ma carrière de pouvoir toujours partir quand je n'étais pas bien. Là encore, je le fais. Ça peut être contre mes intérêts car cette équipe d'Algérie peut faire quelque chose de grand à la Coupe du monde dans deux ans. Mais, de toute manière, plus que d'un palmarès, j'ai besoin de me sentir bien au quotidien. Pour moi, c'est ça qui compte.
 

 

Publié dans : Christian Gourcuff Waldemar Kita.

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