Nostalgie

Hamdani : «des terroristes m’avaient volé ma voiture !»

«Avec les moyens dont dispose le Mouloudia, ce n’est pas normal que le club ne remporte pas la coupe d’Afrique.»

Auteur : Hamza Rahmouni samedi 14 décembre 2019 12:36

Fayçal Hamdani, un nom dont les jeunes s’en souviennent à l’USMA depuis 1997, mais avant ça, il était chez le voisin et frère ennemi, le Mouloudia. Dans l’entretien qui suit, le natif de Boufarik raconte son passage chez le Doyen, le retour au WAB puis l’USMA, le NAHD et enfin l’Equipe nationale et le triste incident qui s’est produit à Annaba.
Alors Fayçal Hamdani, que faites-vous dans la vie actuellement ?
Je suis toujours dans le milieu du football. Je suis entraîneur en ma qualité d’ancien joueur, j’ai pu profiter de l’expérience que j’ai acquise sur les terrains.
Beaucoup ne savent pas, mais vous avez joué au Mouloudia d’Alger au début des années 1990…
Effectivement, beaucoup, notamment les jeunes, ne savent pas que j’ai porté les couleurs du Mouloudia d’Alger pendant trois saisons. J’ai vécu de bons moments dans ce grand club.
Qui a été derrière les contacts avec le Mouloudia ?
Je vais peut-être vous surprendre en vous disant qu’il s’agit d’un supporter du Mouloudia qui a pour nom Abdellah. J’étais au WA Boufarik et il m’a proposé de venir au Mouloudia, j’ai vite dit oui par rapport à la grandeur de ce club. Le défunt Kermali venait de quitter le club et c’est Mustapha Aksouh, je pense, qui avait pris les commandes de la barre technique.
On dit que vous n’avez pas beaucoup joué dans votre poste de défenseur central…
Au départ, on m’a mis sur le couloir droit de la défense, puis j’ai joué comme défenseur central aussi.
Durant votre passage au Mouloudia, ce club avait de bons joueurs, mais ne jouait pas les premiers rôles et ne remportait pas de titres, pourquoi ?
C’est un véritable paradoxe. A notre époque, on était une des meilleures équipes du championnat. Je me souviens, il y avait moi, Lazizi, Slatni, Maza, Benali, Mecheri et d’autres. Sur le plan de l’effectif, il y avait beaucoup de bons joueurs, mais peut-être qu’à cette époque-là, les dirigeants ne visaient pas les titres.
Il y avait peut-être des problèmes au club…
Au Mouloudia, il y a toujours des problèmes. Il y a toujours des histoires à raconter et je pense que cela est tout à fait logique vu la grandeur de ce club et la pression qu’il y a. Le Mouloudia, ce n’est pas facile.
Comme maintenant…
Ecoutez ! Avec les moyens dont dispose le Mouloudia, ces dernières années, il doit impérativement remporter une Ligue des champions. Le Mouloudia possède tous les moyens, ce n’est pas normal qu’on échoue.
C’est un club réputé pour la pression des supporters et de son entourage…
Oui, la pression existe au Mouloudia. A notre époque, les supporters venaient toujours à l’entraînement, mais on ne nous a jamais insultés. Je ne me souviens pas que les supporters nous aient insultés, par contre, ils demandaient des explications à chaque échec et ils exigeaient de redresser la barre. Maintenant, les données ont changé. C’est devenu une pression négative sur le club, les supporters s’en prennent directement aux joueurs, ce n’est pas bien, ça n’arrange pas le club, à mon avis.
Pourquoi vous avez quitté le Mouloudia ?
J’ai décidé de quitter le club parce qu’il y avait une promesse qui n’a pas été tenue par les dirigeants. Ceux qui étaient à l’époque s’en souviennent parfaitement. C’était un problème financier, tout simplement.
Vous êtes revenu donc au WA Boufarik…
Oui au WA Boufarik, mais j’ai failli jouer à l’ASO Chlef, j’étais à deux doigts de signer là-bas.
Pourquoi ?
Tout simplement, c’est que les dirigeants du Mouloudia ont refusé de me libérer. Et moi, dans ma même tête, le MCA c’était fini pour moi. Donc, il y avait une règle qu’à cause du service militaire, il y avait la possibilité d’être libéré à condition qu’il y ait une distance de 100 km. J’ai donc décidé d’aller à Chlef, avant que le défunt Mohamed Djouad n’intervienne pour que j’obtienne ma lettre de libération. J’ai donc décidé de revenir à Boufarik.
A Boufarik, vous êtes revenu dans les moments difficiles que traversait le pays. Cette ville était considérée comme dangereuse…
A Boufarik, c’était très chaud. C’était difficile car il y avait les militaires, d’un côté, et les terroristes, de l’autre. On les voyait en plein centre-ville. Je me souviens qu’une fois, un groupe avait décidé d’enlever ma voiture. Si ma mémoire est bonne, je pense que j’avais une Golf et on me l’a subtilisé dans la rue, avant qu’un terroriste parmi eux n’intervienne en ma faveur en leur disant qu’il me connaissait et que j’étais un sportif. La vie était dure, mais Dieu merci, on a surpassé ces moments difficiles.
Puis vous avez rejoint l’USMA en 1996…
Effectivement, j’ai rejoint l’USMA en 1996 juste après le titre de champion. Aksouh m’avait parlé puis Khouni lors d’un stage de l’EN, m’en avait parlé. J’ai discuté par la suite avec Allik et j’ai signé à l’USMA.
Pour votre première saison à l’USMA, vous avez remporté une coupe d’Algérie. Vous avez été chanceux…
Chanceux oui, parce qu’une coupe d’Algérie c’est vraiment spécial. On avait gagné la coupe face au CAB au 5-Juillet. Mais en demi-finale et comme par hasard, j’avais affronté le WA Boufarik à Tizi-Ouzou. C’était vraiment spécial et difficile pour moi.
Pourquoi difficile ?
Je n’avais pas quitté le WAB en bons termes. Des gens de la ville étaient venus me voir pour me demander de ne pas jouer le match. J’ai carrément refusé car j’étais un joueur de l’USMA et il fallait se donner à fond pour ce club. J’ai joué et j’ai gagné.
Peut-on qualifier la finale de championnat de 1998 face à l’USM El Harrach comme un mauvais souvenir pour vous et pour la génération de l’USMA à l’époque ?
(Il marque un temps d’arrêt.) Incontestablement, c’est l’un de mes plus mauvais souvenirs. C’est un match à oublier car c’était une journée cauchemardesque pour nous. On a mené 2-0 et après, on s’est retrouvé menés 3-2. Un mauvais souvenir, oui car on a privé l’USMA d’un titre. Nous les joueurs, on avait crié victoire avant la fin du match. De l’autre côté, l’USMH y a cru jusqu’au bout. Les joueurs avaient une grosse volonté et ils nous ont battus. Je me souviens que j’avais quitté le terrain à sept minutes de la fin pour cause de blessure. J’ai suivi le pénalty raté par Zeghdoud Mounir à partir du banc de touche. Ça reste un triste souvenir, mais personnellement, j’ai beaucoup appris de ce match. On acquiert de l’expérience à travers ce genre de match.
USMA - Primeiro de Agosto…
Là vous êtes en train de me citer les mauvais souvenir (rire). C’en était un aussi. On était tout proches de remporter la Ligue des champions d’Afrique. Dans ce match, on a été tout simplement malchanceux. On commence le match, on domine puis il y a l’expulsion de Nacer Zekri. Juste après, Dziri Billel marque un joli but. Même si nous étions en infériorité numérique, on dominait les débats. Puis, il manquait un but pour atteindre la finale. On n’a pas pu le marquer.
Des joueurs de l’USMA ont critiqué sévèrement Younès Ifticene, à l’époque…
Non, il n’a aucune responsabilité. Il ne faut pas attaquer les gens pour rien.
Djamel Menad l’avait critiqué à la télévision après le match…
Peut-être que c’est son avis qu’il faut respecter. Mais honnêtement, il n’y avait pas de responsabilité du coach. C’était nous les joueurs. On s’est donné à fond, mais on n’a pas été chanceux, c’est tout.
Vous pensez que c’est un grand gâchis pour l’USMA ?
Tout à fait, j’estime que c’est un grand gâchis pour l’USMA. On avait battu le futur champion, à savoir le RAJA, chez lui à Casablanca (0-2). En plus, le RAJA avait comploté avec les Sud-Africains (Orlando Pirates) pour se qualifier. Je pense que ce sera difficile pour l’USMA de gagner une coupe d’Afrique après avoir échoué en 1997. On avait une excellente équipe, c’est dommage !
Beaucoup de votre génération comme Zeghdoud ou Dziri disent que le fameux MCA-USMA en demi-finale de 1999 reste le meilleur match…
Ah, oui. C’est le meilleur match. Une journée inoubliable. Il y avait deux grandes équipes. Le Mouloudia était champion d’Algérie. Je me souviens que je n’avais pas joué pendant deux mois à cause d’une blessure. On m’a remis sur pied spécialement pour ce match. Il y a eu un beau match, du spectacle, des buts et de l’ambiance surtout. Je pense que rarement le stade du 5-Juillet avait fait le plein comme ce jour-là. Je garde aussi en mémoire le match de 1997 lorsqu’on les a battus 3-1 au 5-Juillet.  Par la suite, on a battu la JSK en finale de coupe (1999), quatre jours plus tard, c’était aussi un moment très fort. Il y a aussi les souvenirs de la coupe de 2001.
Avec le fameux match à Skikda en demi-finale ?
(Rire.) Oui, un autre mauvais souvenir. Le match fût arrêté après de graves incidents, on menait au score, après, le match a été rejoué à Blida et on a gagné 3-0. On a vécu l’enfer à Skikda. On est sorti difficilement du stade. Je me souviens qu’on a quitté le stade dans des gros camions de la police.
Pourquoi vous avez quitté l’USMA ensuite en 2002 ?
J’en suis parti car je n’avais pas beaucoup apprécié le changement de mentalité à l’intérieur du club. Des choses ont changé brutalement et moi j’ai des principes. J’avais de bonnes relations avec Allik qui m’avait ajouté 200 millions pour que je reste, mais j’avais préféré changer d’air.
Ensuite au NAHD, ça n’a pas marché, pourquoi ?
Il y avait Rachid Cheradi comme entraîneur. Il avait son équipe. Je n’ai pas beaucoup joué. J’ai pris la décision de quitter le club au mercato, au milieu de la saison. Et là, il y a un truc qui m’a marqué.
Lequel ?
Meziane Ighil qui était le président du NAHD a refusé de me libérer. J’avais négocié avec lui la libération. Il a refusé de prendre un chèque. Il a demandé 150 millions en espèces. Je ne comprends pas pourquoi on ose parler d’espèces dans de telles transactions. Je vous laisse le soin de deviner la raison.
En étant jeune, vous avez décidé de ne plus revenir en Equipe nationale…
Oui, c’était en 1998 pour le compte des éliminatoires de la CAN 2000. Je pense que c’était face à l’Ouganda à Annaba. Je me suis blessé sur le terrain et on m’a jeté comme un chat dans la rue. On m’a laissé à l’hôpital livré à moi-même. Je n’ai trouvé à mes côtés que les frères Slatni qui ont été là pour moi et je les en remercie. On n’a pas pris soin de moi et même lorsque j’étais entré à Alger, je n’ai trouvé personne à mon accueil à l’aéroport. On m’a complètement délaissé et ce n’est pas correct.
Vous progressez dans votre carrière d’entraîneur ?
Oui ça va. J’étais entraîneur des moins de 17 ans de l’Equipe nationale avec Saâdi. On avait fait d’excellents résultats au tournoi de l’UNAF avant que Charef ne nous écarte pour des raisons que j’ignore. Mais bon, il a son équipe et c’est logique qu’il la ramène avec lui.

Publié dans : Zeghdoud Hamdani Cheradi

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