Nostalgie

Gento, l'homme aux six Coupes d'Europe

Ses coéquipiers Alfredo Di Stefano ou Ferenc Puskas sont en général plus connus des amateurs de football. Pourtant, ils n'ont pas un palmarès aussi étoffé que lui.

Auteur : mardi 02 décembre 2014 16:11

Lui, c'est Francisco Gento, l'un des meilleurs ailiers gauches de l'histoire du football, comme en atteste son palmarès époustouflant. Gento a remporté six Coupes d'Europe et 12 championnats d'Espagne. Dans chacune de ces deux compétitions, personne à ce jour n'a fait mieux.

Rien dans les origines de Gento ne laissait présager un avenir aussi radieux. Issu d'une famille modeste où le père est chauffeur, le gamin est obligé de quitter l'école dès l'âge de 14 ans pour aider les siens à survivre. Son talent balle au pied lui permet cependant d'attirer l'attention du Real Madrid, où ses premiers pas sont très décevants.


Catastrophique puis magnifique
Dans ses jeunes années, Paco Gento pratique le football et l'athlétisme. Sa vitesse de course fait de lui un athlète performant. Balle au pied, c'est en marquant neuf buts dans un match du championnat régional, à l'âge de 14 ans, qu'il se fait remarquer pour la première fois. Le Racing de Santander est le premier club à l'engager, mais l'expérience ne dure pas plus de quelques mois. C'est le Real Madrid qui prendra le relais. Dans la capitale, Gento a trouvé chaussure à son pied. Il portera le maillot merengue pendant 18 ans...

Pourtant, ses débuts à la Maison Blanche sont catastrophiques. On est en 1953. Gento possède une vitesse de course hors du commun, mais sur le plan technique, il semble beaucoup trop limité au goût des supporters madrilènes.

Le destin se charge alors de donner un coup de pouce à la carrière madrilène de Gento, avec l'arrivée du milieu offensif Héctor Rial. Aux côtés de l'Argentin, Gento apprend à dominer le ballon, à maîtriser ses courses et à peaufiner ses débordements. "Il m'a fallu beaucoup de persévérance et de sacrifices. J'ai énormément appris de mes coéquipiers. C'est comme ça que je m'en suis sorti", se souvient-il. Son pied gauche aussi puissant que précis lorsqu'il s'agit de centrer fera le reste. Gento vient ainsi compléter une attaque magique à laquelle sont associés les plus grands noms de tout un pan du football mondial : Raymond Kopa, Héctor Rial, Alfredo di Stefano et Ferenc Puskas.

Son style lui vaut le surnom de Galerna del Cantábrico (la galerne de la cantabrique), ses démarrages faisant penser à ce vent aussi soudain que violent propre à la région natale de Gento. Pour certains de ses adversaires, le principal problème n'est pas sa vitesse de course, au contraire : "Le pire avec Gento, ce n'est pas sa course, c'est la façon dont il arrive à s'arrêter", dira l'un d'entre eux.

"Je cours, je cours, je cours..."
Gento décrivait ainsi son action favorite : "Je cours, je cours, je cours sur l'aile et d'un seul coup, je centre en retrait". Voilà une façon comme une autre d'écrire son nom en lettres d'or dans les annales du football avec, en plus des records susmentionnés, un autre exploit unique à ce jour : Gento est le seul joueur à avoir disputé 15 Coupes d'Europe consécutives. Sur ces 15 participations, il a joué huit finales.

Entre 1956 et 1960, le Real Madrid remporte la Coupe d'Europe des Clubs Champions cinq fois d'affilée. Mais pour Gento, c'est probablement son sixième et dernier sacre dans l'épreuve suprême du football européen qui restera le plus beau. En 1966, l'équipe du Real Madrid a fait peau neuve. Les stars des années 1950 ont rapproché les crampons, à l'exception de Gento, devenu capitaine d'une nouvelle génération de joueurs espagnols surnommés les "yéyés", en référence à la nouvelle mode des années 1960. En finale de la Coupe d'Europe 1966, le Real Madrid affronte le Partizan de Belgrade au stade du Roi Baudouin à Bruxelles. Gento réalise un match d'anthologie et contribue largement à offrir le trophée aux Espagnols. Suite à ce triomphe, le Real devra patienter 32 avant de remettre la main sur le trophée.

Gento suscite une admiration unanime, jusque dans la presse catalane. "Paco Gento incarne la vieille garde, les temps glorieux, l'étincelle qui jaillissait des pieds de Rial ou de Di Stefano. Le Real Madrid de cette époque pratiquait un football d'une perfection jamais atteinte jusque-là. Avec les années, Gento a peut-être perdu un peu de ses facultés prodigieuses. Ses courses sont plus lentes, ses trajectoires plus prévisibles et ses coups de génie plus intermittents, mais sa présence sur le terrain reste une source de motivation et d'inspiration inégalée pour tous ses coéquipiers", peut-on lire dans le quotidien barcelonais La Vanguardia.

Sans Gento, ce n'est pas une finale
"La seule chose qui me manque, c'est la Coupe du Monde. Si j'avais réussi à la gagner, j'aurais tout gagné", affirma-t-il un jour. Avec 44 sélections, Gento a longtemps été le joueur le plus capé du football espagnol. Mais il est vrai qu'avec la Roja, avec qui il disputera les éditions 1962 et 1966 de la Coupe du Monde de la FIFA™, il n'obtiendra pas le succès escompté. Dans les qualifications pour le Championnat d'Europe des Nations 1964, Gento marque un but, mais c'est insuffisant pour faire partie de la liste du sélectionneur Carlos Lapetra pour la grand-messe du football européen, qui a lieu cette année-là en Espagne, vainqueur de l'épreuve.

En 1971, Gento raccroche les crampons et le Real clôt un chapitre de son histoire. "Une finale sans Paco Gento n'est pas une finale. Ou tout du moins, c'est une finale amputée", écrira un journaliste. Le mythique ailier gauche se convertit alors en entraîneur. Il officie sur les bancs de Castilla, Castellón, Palencia, Grenade et enfin à la tête des jeunes du Real Madrid. Sa réussite en tant que technicien sera modeste.

Gento devient ensuite ambassadeur du Real Madrid en Europe. À ce jour, le géant madrilène lui a rendu trois hommages, le premier en 1965, sous la forme d'une rencontre face à River Plate, à laquelle Gento prend part. En 1972, avec un match contre Os Belenenses et enfin le 5 décembre 2007 dans le cadre du Trophée Bernabéu. À cette occasion, le Real Madrid affronte le Partizan de Belgrade, dernière victime européenne de la Galerna del Cantábrico.

"On dit que je cours trop vite, plus vite que le ballon. Mais tout est question de volonté et de sacrifices. Il faut avoir énormément de motivation dans le football et vouloir être le meilleur." Ce conseil est celui du footballeur qui a remporté le plus grand nombre de championnats d'Espagne. Qui peut le contredire ?

                                                                              IN FIFA.com

Publié dans : real madrid Gento

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